CEMAC : le Gabon réclame une dérogation pour faciliter le financement de son budget 2025
Depuis le mois d’octobre, le Gabon fait face à de nouvelles difficultés pour mobiliser des financements auprès des banques de la zone CEMAC. En effet, la Commission bancaire d’Afrique centrale (COBAC) a récemment durci les conditions d’emprunt pour certains pays de la région, imposant notamment un taux de risque de 100 % pour les titres publics gabonais. Cette mesure vise à réduire les risques pour les banques, mais complique l’accès aux financements pour le gouvernement gabonais.
Dans une lettre datée du 13 novembre 2024, le ministre gabonais de l’Économie, Mays Mouissi via celle de la Reforme des institutions, a demandé à la COBAC une dérogation temporaire pour assouplir ces nouvelles règles sur les emprunts d’État. Cette dérogation couvrirait la période allant de novembre 2024 à décembre 2025. Le Gabon espère ainsi lever des fonds sur le marché domestique afin de financer son budget de 2025, estimé à environ 4204,9 milliards FCFA, soit près de 6,7 milliards de dollars.
Le siège de la BVMAC au Cameroun où sont mis en vente les bons du trésor gabonais
Le durcissement des règles de la COBAC s’inscrit dans une volonté de garantir une meilleure gestion de la dette dans la région CEMAC, où plusieurs pays peinent à respecter les critères de convergence économique. Cette décision fait suite à une période marquée par des taux de pondération très bas pour les prêts bancaires garantis par les États, ce qui avait favorisé un endettement public important. Le Gabon, entre autres, a ainsi largement dépassé le seuil de 70 % de son produit intérieur brut (PIB), limite fixée par la CEMAC.
La lettre des autorités gabonaises
Selon les prévisions du FMI, la dette publique du Gabon atteindrait 73,1 % du PIB en 2024 et pourrait grimper jusqu’à 78,9 % en 2025 si la tendance actuelle se poursuit. Pour le gouvernement gabonais, la dérogation sollicitée est donc essentielle pour stabiliser sa dette, tout en continuant à financer ses projets pour le développement du pays.
À l’heure actuelle, le durcissement des règles de la COBAC a entraîné une baisse des financements disponibles pour le Gabon sur le marché bancaire. Cette situation complique la mise en œuvre du budget 2024 et pourrait affecter gravement les prévisions budgétaires pour 2025. Dans sa lettre, le ministre Mays Mouissi souligne qu’une exemption temporaire des règles de pondération des risques permettrait de surmonter ces difficultés à court terme.
En plus du Gabon, d’autres pays de la CEMAC sont également concernés par cette révision des taux de risque, mais dans une moindre mesure. Par exemple, le taux est de 90 % pour le Cameroun et le Tchad, et de 80 % pour le Congo. Le Gabon espère que la COBAC tiendra compte de ses efforts pour maîtriser sa dette et soutiendra ses démarches visant à renforcer sa capacité de financement interne.
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