Révision constitutionnelle

Monarchisation du Gabon, sous l’œil bienveillant de la communauté internationale ?

Monarchisation du Gabon, sous l’œil bienveillant de la communauté internationale ?
Monarchisation du Gabon, sous l’œil bienveillant de la communauté internationale ? © 2017 D.R./Info241

L’ambition d’Ali Bongo de modifier la Constitution alors que celui-ci a été réélu au terme d’une présidentielle toujours controversée, continue d’alimenter le débat politique au Gabon. Dans cette analyse parvenue à la rédaction d’Info241, l’opposant Roland Olouba Oyabi pointe ses craintes sur cette manœuvre politique à peine voilée, qualifiée de « monarchisation » annoncée du pays, sous le regard « bienveillant » de la communauté internationale. Lecture.

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Quand on veut clairement dénoncer la position ambiguë d’une certaine communauté internationale, on est traité de tous les noms de quolibets : traîtres, vendus, achetés. Or, il y a des situations qui ne peuvent laisser indifférent tout citoyen épris d’amour pour son pays. Le cas du Gabon avec le vol du vote des Gabonais le 31 août 2016 suivi d’une tuerie organisée plusieurs jours à l’avance, le projet de monarchisation de la constitution ayant pour corollaire le rituel visant à adouber Nouridine Bongo comme le prince héritier de son père.

Dans cette lutte pour la matérialisation de l’alternance au sommet de l’État exprimée par les Gabonais dans les urnes par un plébiscite de plus de 60% des suffrages en faveur de Jean Ping face à Ali Bongo, la diversité des axes de solutions ne devrait-elle pas être envisagée ? Un adage bien connu de chez nous ne dit-il pas : « on ne met pas tous les œufs dans un même panier » ?

Le calme des troupes quant à leur animosité vis-à-vis de la France ne pourrait être ad vitam aeternam car dans une situation de négociation où le partenaire en face ne joue pas franc jeu ; il est préférable de ne pas totalement déposer les armes.

Par ailleurs, l’histoire du soir obscure du 31 août nous fait garder à l’esprit que si le peuple déterminé à affronter Ali Bongo et ses troupes à mains nues n’avait pas reçu des recommandations de jouer balle à terre, la France aurait réglé la question du départ d’Ali Bongo sans aucune forme de négociation ni ménagement d’efforts.

Cet avis a toujours été partagé par Jean-Luc Mélenchon alors député européen et aujourd’hui leader de l’opposition au parlement français. Il a toujours interpellé son pays à exercer les pressions nécessaires pour le départ d’Ali Bongo du pouvoir sans oublier son collègue parlementaire allemand, Joe Linen, devenu l’Allemand le plus suivi par jeunesse gabonaise sur Twitter.

Il est préférable de montrer à Ali Bongo et à une partie de la communauté internationale qui le tolère, par un silence coupable, que les temps ont changé. Toutes les options devraient être de mise même les moins certaines pour chasser le braqueur du vote des Gabonais du pouvoir, Ali Bongo.

Je parle de cette communauté internationale qui contredit ses propres experts qui ont supervisé les élections via la MOE-UE, l’OIF, le NDI, l’UA dans sa manière de faire.

Ali Bongo et son gouvernement se pavanent dans certains pays membres de ces organisations sans s’en inquiéter prétextant d’être porteurs de la ’’souveraineté’’ et de la ’’légitimité’’ de leur peuple.

Je parle de cette communauté internationale qui ne prend toujours pas des mesures fermes pour s’arrimer aux votes de leur propre parlement.

Je parle à cette communauté internationale qui invite un putschiste au sommet de l’ONU sur le climat à New York avec salutations et des photos à l’appui pour feindre que ce dernier a forcé la poignée de main.

Je parle également de la même communauté internationale très bienveillante qui convoque quelqu’un qui n’a pas la souveraineté du peuple à Bonn pour la COP23 sommet de l’Organisation des Nations-Unies sur les changements climatiques. Il est reçu en "guest star" en sa qualité de coordonnateur CASHOSCC dans cette démocratie que son représentant à l’Hexagone fait passer pour très proche de celle pratiquée au Gabon à cause du nombre de mandats d’Angela Merkel, la Chancelière.

Cette comparaison très fallacieuse venant de la part de Flavien Enongoué, universitaire spécialiste des questions en sciences politiques, de surcroît ambassadeur plénipotentiaire d’un ’’pays’’, sur l’une des chaînes francophones les plus suivies, sinon la première au monde, TV5 MONDE au Journal d’Afrique, est d’une gravité déconcertante.

Le sommet de haut niveau Afrique-UE prévu pour le 29 au 30 de ce mois à Abidjan en Côte d’Ivoire permettra à cette même communauté internationale de s’accommoder à cet usurpateur qui leur rappelle toujours leur tolérance inconfortable.

Supporter un mandat de plus d’Ali Bongo jusqu’à terme ne garantira les intérêts d’aucune partie : le peuple souverain, les entreprises du CAC40 présentes au Gabon et encore moins la réélection d’Emmanuel Macron en France. Hollande, Sarkozy et Manuel Valls ont beaucoup à conter à leurs successeurs sur le cas Gabon au sujet de leur carrière politique abrégée.

C’est pour tout simplement dire que la présentation de Nouridine Bongo comme prince héritier aux Altogovéens dans ce nouveau « royaume gabonais » pourrait être le déclenchement d’un changement de régime aux conséquences néfastes pour cette communauté internationale bienveillante à l’égard du dictateur monarque du Gabon.

Par Roland OLOUBA OYABI
Commissaire National aux comptes et aux biens du Parti pour les 7 Merveilles du Peuple gabonais (7MP)

@info241.com
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