Héritage politico-financier

Succession d’Omar Bongo : Ali Bongo s’offre une tribune de défense sur Canal+

Succession d’Omar Bongo : Ali Bongo s’offre une tribune de défense sur Canal+
Succession d’Omar Bongo : Ali Bongo s’offre une tribune de défense sur Canal+ © 2016 D.R./Info241

Maître Claude Dumont-Beghi, avocate d’Ali Bongo Ondimba était l’invitée de l’émission française Le Supplément, diffusée dimanche après-midi sur Canal+. L’avocate spécialiste des « successions difficiles » est venue à nouveau défendre son client englué dans la succession de l’héritage controversée d’Omar Bongo, perpétuant quelques amalgames et raccourcis.

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Maître Dumont-Beghi, l’avocate d’Ali Bongo a tout de même multiplié les amalgames entre le citoyen Ali Bongo dont elle est l’avocate et avec celui du chef de l’Etat donc de la République gabonaise. Une opération de communication conçue pour l’opinion internationale avec un pic sur la cible française. Cette dernière est bien trop frileuse après les récentes révélations sur les biens mal acquis de plusieurs chef d’Etat dont le père d’Ali Bongo qui se bat pour la liquidation de cet héritage aux contours françafricains et controversés.

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Confusions des genres et utilisations des arcanes du pouvoir pour une affaire privée

Le cœur des amalgames et des confusions récurrents de l’avocate du citoyen Ali Bongo sont perceptibles dans ce plan média raté. En effet, dans le reportage signé par la journaliste Valentine Oberti, l’avocate française Dumont-Beghi étale ses dossiers empilés en disant « ça c’est les dossiers que je remettrai demain au chef de l’Etat » et non à son client Ali Bongo. Des dossiers où l’on parle de centaines de millions d’euros, de fortune cachée dans les paradis fiscaux. Et d’une famille qui a bénéficié de 42 ans de pouvoir de leur père, héritage aux mauvaises odeurs provoquant des déchirures fratricides.

C’est bien le cas notamment au Gabon autour de l’héritage de l’ancien président Omar Bongo où s’affrontent 53 héritiers. La journaliste Valentine Oberti dans l’élaboration de son portrait et pour sa rencontre avec Claude Dumont-Beghi a dû se rendre en reportage à Libreville. Grand fût l’étonnement du téléspectateur de constater que l’interview du citoyen Ali Bongo, traitant d’une affaire privée à la présidence de la République gabonaise. Encore plus, avec les moyens et les arcanes républicains dont l’illustration est la présence de la presse présidentielle commise pour les affaires publiques de l’Etat gabonais, dans l’interview accordée à la journaliste de Canal+.

Tout au long du reportage et même sur le plateau de Canal +, Claude Dumont-Beghi qui dit avoir un lien très fort avec le Gabon auquel elle serait très attachée, d’où elle « souhaite participer en tant que juriste à son évolution », a ressassé s’exprimer en conformité avec le droit et en toute légalité. Toutefois, elle n’a pas manqué de confondre son client Ali Bongo d’avec le chef de l’Etat gabonais. Il s’agit bien d’une affaire du citoyen gabonais qui la rémunère pour ses prestations d’avocate afin de régler ses problèmes privés d’héritage. Et non du président de la République gabonaise, drôle de confusions de genres et d’amalgames dont Ali Bongo est devenu le maître et qui résume bien son mandat présidentiel.

Dans ce même reportage Mme Dumont-Beghi dont on apprend qu’elle s’était opposée à l’Etat gabonais dans l’affaire de la liquidation d’Air Gabon, revendique curieusement de faire désormais un travail nécessaire pour un Gabon moderne. Lequel ? En s’appuyant dit-elle sur les institutions et non sur le passé contestable et révolu. Est-t-elle devenue l’avocate de toute la nation gabonaise ? Pour l’heure non. Ou du moins sans le consentement du peuple gabonais qui revendique une seule chose : que justice soit faite au sujet des détournements massifs de l’argent du contribuable qui a permis l’enrichissement illicite de la famille Bongo Ondimba. Et ce, au détriment du développement de la nation toute entière. Et dont son client fait partie des plus notoires complices avec son aînée Pascaline Mfferi Bongo, d’un système qui a fait le lit du déclin d’un pays jadis envié et respecté.

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Poursuivant ses fulminantes et tronquées explications, Claude Dumont-Beghi dépeint en fine connaisseuse, les coutumes avilissantes d’Omar Bongo, qui pour elle « fonctionnait avec le cash et les gens venaient le voir il distribuait sa fortune. Omar Bongo, précise l’avocate française, redistribuait sa fortune, ce qu’il avait directement comme ça, partout, et tout le temps les gens venaient le voir pour avoir de son l’argent tout le temps. »

Et selon l’avocate française ce système serait « effectivement révolu parce qu’avec Ali Bongo, tout cela est terminé depuis fort longtemps. » Et qu’Ali Bongo aurait « un très bon projet pour le Gabon ». Connait-t-elle le bilan du septennat de surendettement publique de l’état gabonais présidé par son client ? Qu’en est-t-il de Delta Synergie alors pour la justicière du Gabon ? Pourquoi l’illuminé justicier Ali Bongo ne fait-t-il pas la lumière sur cette prise illégale d’intérêts exécutée au somme de l’Etat ?

L’opinion gabonaise n’est pas dupe pour autant. Car il faut rappeler que Canal+ appartient désormais au magna breton, Vincent Bolloré, qui n’est autre que le gestionnaire des ports et rades du Gabon (OPRAG), activités précédemment gérée durant de longues années par Ali Bongo en tant que président du Conseil d’Administration. Et c’est donc par connivence qu’un grand ami donc puisse utiliser sa force médiatique pour sauver d’un boulet son apparenté "soldat Ali", élu président de la République gabonaise, pas « comme on l’entend » pour reprendre l’affirmation du premier ministre français, Manuel Valls.

Au cours de ce plan média qui a des consonances de défense incisive, malheureusement dévalué et critiqué depuis hier soir sur les réseaux sociaux, la question de l’état civil, talon d’Achille d’Ali Bongo, candidat à la présidentiel gabonaise de 2016 est considérée par Ali Badou comme « une histoire folle » . Le journaliste de Canal+ s’est ainsi montré peu informé et très imprudent sur un des points les plus important du litige qui oppose Ali Bongo à sa sœur Onaïda Maïsha Bongo Ondimba. Mais également qui a des répercussions sur la prochaine élection présidentielle au Gabon. Car l’opposition gabonaise semble déterminée a en découdre. Et donc d’empêcher la participation d’Ali Bongo à cette échéance électorale de tous les risques.

On observe clairement que l’objectif escompté est de se démener à restaurer l’image entachée d’Ali Bongo dans ce reportage qui le présente comme un chantre des actions caritatives. Il aime sa jeunesse en lui offrant des dons empoisonnés. En plus, spoliés à la population gabonaise, qu’on découvre être une supercherie fomentée et dictée par son avocate. En vue de paraître comme un philanthrope exceptionnel, un homme qui s’est découvert être habité par une exigence républicaine. Tout en foulant au pied les dispositions constitutionnelles de son serment. A cet effet, ce reportage de Canal + a l’outrecuidance de montrer bien évidemment que la Franceafrique est bien toujours présente au Gabon. Et qu’elle brille de plus belle dans ce grenier des ressources naturelles avec l’ombre médiatique de l’acolyte d’Ali Bongo, le magna français Vincent Bolloré.

Le Canal + du françafricain Vincent Bolloré se met au service d’Ali Bongo

A titre de rappel, Bolloré Africa Logistics au Gabon c’est plus de 226 000 m2 d’entrepôts et d’espace de stockage, qui font de cette entreprise privée le leader dans le transit, le transport maritime des produits courants, du bois et des produits pétroliers avec en prime le monopole de la manutention portuaire. Depuis l’année dernière, Bollloré a pris le contrôle du puissant média Canal+. Le véritable journalisme d’investigation et l’impertinence marque de fabrique de cette chaîne sont désormais dans les tiroirs du passif. D’ailleurs, même le très saillant Yann Barthes, journaliste producteur, qui produit avec Bangumi, le très célèbre “Petit Journal” et l’émission Le Supplément a annoncé son départ à la rentrée prochaine.

Il faut souligner que l’année dernière Vincent Bolloré à peine arrivé à la tête de Canal avait censuré deux documentaires – un sur sa banque historique le Crédit Mutuel, l’autre sur la guéguerre médiatique Sarkozy-Hollande. Il avait débarqué les rédactions d’iTélé, du Grand Journal et des Guignols et banni les couvertures dérangeantes de Marianne des revues de presse d’I-Télé. Bolloré vient donc au secours d’un des soutiens qui lui garantit des contrats juteux, en effet Ali Bongo rêve de rempiler à la tête de la présidence de la République. Sans doute en utilisant les moyens de son média Canal Plus. Car la basse manœuvre médiatique est visible, avec la très regrettable absence d’une partie adverse, pour un sujet aussi sensible, aucun gabonais n’ai été interviewé dans ce reportage totalement partial.

La médiatique avocate maître Claude Dumont-Beghi artisane des défenses des successions impossibles est résolument engagée de se salir les mains dans l’affaire de la succession de l’héritage du défunt président Omar Bongo Ondimba, mort au pouvoir après 42 ans de règne sans alternance politique. Des années sombres où la pieuvre de Delta Synergie, holding familiale et françafricaine dirigée par Omar Bongo qui a permis son enrichissement illicite et celle de toute sa descendance. En se servant grassement de tous les pans de l’économie gabonaise. Et par ricochet des deniers publics du Trésor Public gabonais, pillés et dilapidés par la famille Bongo et tous leurs alliés.

Une richesse polluée par l’affaire des biens mal acquis. En violation de l’article 14 de la Constitution de la République gabonaise qui stipule que : « Les fonctions du Président de la République sont incompatibles avec l’exercice de toute autre fonction publique et activité à caractère lucratif. » Personne n’est ignorante de la manœuvre. Claude Dumont Beghi est venue porter un message aux Gabonais, mais aussi à la France dont les services de Justice ont tout de même décidé de saisir les biens d’Ali Bongo malgré la visite de l’avocate à l’Élysée pour plaider le sort de son client. L’opposition gabonaise doit faire son travail d’analyse nécessaire pour décortiquer la stratégie de communication d’Ali Bongo afin de la battre en brèche.

Avocate réputée, l’auteure de « L’affaire Wildenstein, Histoire d’une spoliation » tenterait ainsi de peser sur la vie politique nationale. Le camp des soutiens d’Ali Bongo devrait, sans nul doute, en faire un point d’appui lors de la campagne électorale rêvée, son client devant partiellement et de manière partisane être « blanchi » dans un livre à la commande. Claude Dumont Beghi publiera sa défense dans un livre intitulé « L’héritage Bongo ou la mutation du Gabon », l’ouvrage, publié aux éditions de l’Archipel, s’acharnera sans démonter les faits têtus de l’échec d’Ali Bongo, en ambitionnant faire scintiller sa mandature ombragée présidentielle. Tout en se focalisant sur la gestion du patrimoine mal acquis d’Omar Bongo Ondimba.

Incapable de défendre son bilan controversé à la tête de l’Etat gabonais, Ali Bongo souhaite s’appuyer sur son avocate afin de redorer son image tronquée et affaiblie par la crise morale, politique, sociale et économique pointée par le Médiateur de la République, Laure Olga Gondjout qui gangrène le Gabon depuis 2009. D’autres sons de cloche évoquent à travers ce livre, une courante immixtion francafricaine dans la vie publique gabonaise. Le livre partisan de Claude Dumont-Beghi a l’ambition d’être un outil de campagne électorale pour Ali Bongo. Car elle vante à chaque sortie publique, les mérites de ses réalisations du projet de société moribond à l’état des maquettes, de son client. Qui sept ans après tarde toujours à l’allumage.

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