L’avant-scrutin

Locales à Bongoville : Quand le PDG tente d’écarter malicieusement l’UDB sur tapis vert

Locales à Bongoville : Quand le PDG tente d’écarter malicieusement l’UDB sur tapis vert
Les deux têtes de liste PDG (gauche) et UDB désormais devant le tribunal administratif © 2025 D.R./Info241

Le torchon brûle entre les listes aux locales de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB) et du Parti démocratique gabonais (PDG) pour le contrôle de la ville de Bongoville (Haut-Ogooué). Des responsables locaux du PDG ont saisi ce 30 août le tribunal administratif de Franceville pour faire invalider la liste communale de l’UDB. Motif : la liste concurrente contiendrait deux cadres du PDG dont les démissions n’auraient pas été faites. Sauf que plusieurs questions se posent sur l’authenticité de cette saisine et ses conséquences sur le parti d’Oligui Nguema.

Moov Africa

L’UDB pourrait ne pas avoir de candidats pour la mairie de Bongoville, chère au régime Bongo déchu. C’est en tout cas le but de la saisine de la tête de file du PDG dans cette ville, qui a déposé un recours pour faire invalider les bâtisseurs dans cette partie du Haut-Ogooué. Randy Mbagui a, au nom de la liste PDG, introduit son recours en contestation des listes électorales communales visant l’UDB et une liste d’indépendants de cette circonscription.

L’attaque en règle du PDG

« Je soussigné, Monsieur Mbagui Randy, militant du PDG du département de Djouori-Agnili, en vertu de ma qualité d’électeur dans ladite commune, ai l’honneur de vous saisir d’un recours en contestation de la liste électorale communale de l’Union des démocrates bâtisseurs (UDB) et de la liste électorale communale des indépendants publiées le 28 août 2025 par le ministère de l’Intérieur, de la Sécurité et de la Centralisation », indique le plaignant dans sa requête adressée au président du tribunal.

L’entrée de l’hôtel de ville de Bongoville

Il appuie sa demande sur le fondement de la loi organique n°001/2025 portant Code électoral en République gabonaise en vigueur, qui stipule dans son article 87 que « Tout électeur concerné qui s’estime lésé ou qui a connaissance des faits ou actes de nature à constituer un cas d’inéligibilité ou d’incompatibilité peut contester une ou plusieurs candidatures devant la commission électorale compétente... ». Mais aussi sur l’article 82 alinéa 2 qui stipule : «  Tout membre adhérant à un parti politique légalement reconnu ne peut, sans démission préalable de celui-ci, dans un délai de quatre (4) mois au moins avant le scrutin, être investi par un autre parti politique ou se présenter comme candidat indépendant ou figurer sur une liste de candidats indépendants ».

Deux militantes UDB visées

Selon lui, la tête de liste UDB emmenée par Saturnin Odouma Kamboulou contient dans ses rangs le nom de « Madame Epali Rosalie, épouse Kouna, militante PDG, comité Marie-Louise Salomon, section Ontoula Philomène ». Mais aussi celui de Stévine Ndala Ntsia, épouse Nguima, militante du PDG, comité Apabaga Firmin. Deux membres du PDG qui auraient oublié de démissionner dans les formes de l’ancien parti au pouvoir et qui figureraient donc sur cette liste de l’UDB. Le recours pointe également la présence de Roger Nguia sur la liste indépendante de la candidate Nelly Bondo Ntsiguimga.

Les locaux de la mairie

Sauf que, selon plusieurs sources, le document de saisine serait un faux, car Randy Mbagui, pourtant cité comme au cœur de cette saisine, ne serait pas l’auteur de cette demande. Dans sa contre requête dont Info241 a obtenu copie, la tête de liste UDB Saturnin Odouma Kamboulou bat en brèche les arguments de son principal détracteur. Il martèle notamment que l’article 87 du Code électoral prévoit que « Tout électeur concerné  » peut contester une candidature, encore faut-il que cette contestation soit sérieusement étayée par des preuves actuelles et irréfutables.

L’argumentaire de la défense UDB

« Or, le requérant ne produit qu’une ancienne pièce dans un contexte où nous savons très bien qu’avant les évènements du 30 août 2023, certains médias en ligne étaient à la solde des hommes politiques (communiqué de sanction de 2019) et qu’il ne démontre en rien l’adhésion actuelle de la personne visée par le PDG  », indique Saturnin Odouma Kamboulou au président du tribunal administratif de Franceville pour défendre ses deux colistiers injustement considérés comme militants du PDG.

Plus grave, il indique que selon l’article 148 de l’ordonnance n°00026/2018 qui encadre strictement la saisine des juridictions administratives, « Une requête ne peut être recevable que si elle est signée et déposée par son auteur ou son représentant régulièrement mandaté ». Or, « M. Mbagui Randy n’a pas comparu au greffe. Sa signature est imitée et ne correspond pas à son paraphe habituel tel qu’établi sur son attestation de NIP. Aucun mandat spécial n’a été produit », contrebalance la tête de liste UDB.

Un recours jugé dilatoire

Saturnin Odouma Kamboulou n’a pas manqué de souligner le caractère dilatoire de ce recours porté par le PDG. « Ce recours vise manifestement à éliminer des concurrents politiques par voie judiciaire et non à garantir la sincérité du scrutin comme le veut notre Ve République. De plus, il s’agit d’une manœuvre électorale destinée à priver l’électorat d’une véritable diversité d’offres politiques, ce qui est contraire aux principes démocratiques consacrés par la Constitution gabonaise  », conclut-il dans sa contre-offensive.

Autant dire que les prochaines heures seront cruciales dans cette affaire qui oppose les deux principales formations politiques. L’une, revancharde, voudrait éliminer son adversaire sur tapis vert en passant par la case judiciaire. L’autre, l’UDB, veut rester en course malgré les coups bas de son adversaire. Les regards sont plus que jamais tournés vers le tribunal administratif de Franceville, qui devra trancher entre les prétentions des deux camps.

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.

Commenter l'article