Le monarque Ali Bongo et son régime prêchent des valeurs aux Gabonais
Sommes-nous en pleine dégénérescence de moralité et de réalité au cœur du régime contesté d’Ali Bongo ? La journée nationale du drapeau organisée et célébrée le 09 août par la présidence et le gouvernement controversés de Libreville a osé mettre en lumière les thématiques : « Identités, valeurs et construction de la Nation ». Comment comprendre, qu’un régime dictatorial qui a tué son peuple pour avoir exprimé son désir souverain d’une alternance démocratique pacifique, lors de l’élection présidentielle du 27 août 2016, puisse parler de valeurs de concorde et de fraternité ? Le génie du reniement et du déni règne-t-il en maître absolu au Gabon.
La journée nationale du drapeau dont l’idée semble noble a été créée depuis novembre 2009, avec étonnamment un acte ignominieux de baiser du drapeau derrière lequel se tenait royalement Ali Bongo. Tous les acteurs clés du pouvoir se défilaient et faisaient allégeance au « majestueux mal aimé » du palais du bord de mer. A quelle finalité ? Etait-ce une allégeance au führer gabonais ou au symbole de la République ? Même si cette pratique a disparu lors de cette édition, les thématiques retenues : « « Identités, valeurs et construction de la Nation » ont suscité plusieurs réactions dans l’opinion gabonaise et à l’international.
Les valeurs prônées par un régime dictatorial en question
Selon un universitaire gabonais, « cette manifestation organisée par le gouvernement et la présidence avec de tels thèmes, en pleine période de crise politique généralisée illustre bien la fracture, le faussée de la réalité qui entoure les dirigeants actuels au regard de la dégradation tangible des valeurs nationales. Nous sommes devant un simulacre jamais égalé qui fait insulte à la mémoire patriotique et républicaine gabonaise. Un régime dictatorial qui terrorise son peuple en bafouant les libertés publiques et les droits de l’homme prétend magnifier des valeurs d’identités et de construction de la nation. Sachant qu’Ali Bongo et ses colistiers sont envoutés par le pouvoir absolu ne respectent aucune disposition de la Constitution, mère des lois et des valeurs républicaines » .
Pour mieux l’attester s’est interrogé un enseignant gabonais, il suffit d’analyser le discours circonstanciel d’Alain-Claude Bilie-By-Nze, ministre de la Communication « Pour la huitième édition de cette célébration, le thème retenu est « Identités, valeurs et construction de la Nation ». Un thème reflétant les chemins tracés par le chef de l’Etat dès son accession à la magistrature suprême en 2009. « Ces chemins passent également par la construction d’une identité qui nous soit propre, à travers des valeurs partagées telles que le respect, l’hospitalité, l’humilité, la solidarité, le sens élevé de l’interdit et l’abnégation au travail ».
Mais en lisant de tels mensonges grossiers et propos éhontés a réagi choqué l’enseignant, « nous sommes vraisemblablement en pleine désillusion dans le camp d’Ali Bongo ? Lequel des chemins invoque-t-on ? Celui du coup d’état militaro-électoral qui paralyse le pays tout entier. Les chemins de la torture des opposants, du pillage des deniers publics, de la mauvaise gouvernance chronique en terre gabonaise ? »
Le régime d’Ali Bongo porte les germes d’une politique d’antivaleurs
Pour un analyste politique qui œuvre dans un centre de recherche à Paris, « Le régime d’Ali Bongo est une dictature. A titre de rappel, on appelle dictatures des régimes politiques présentant trois caractères fondamentaux : ces régimes sont installés et ils se maintiennent par la force, qu’il s’agisse de celle de l’armée régulière (d’où le grand nombre de dictateurs militaires), de celle de milices privés, de celle d’organisations politico-policières, etc. ; ils sont autoritaires et arbitraires. Cs sont les germes évidents du régime controversé gabonais, c’est-à-dire qu’il supprime en fait les garanties de la liberté des citoyens, même s’il continue à les proclamer en droit. »
Avant d’ajouter : « Le régime d’Ali Bongo ne peut pas parler de valeurs, d’identités et de construction de la nation, car il est le premier acteur de la déconstruction des valeurs qui constituent la République gabonaise. Sa gouvernance ne correspond pas un pouvoir politique estimé et acceptable. Il ne s’évertue pas de l’expression du suffrage universel ni des aspirations citoyennes. Lui et ses soutiens ont permis la dénaturation de l’Etat-nation et des idéaux républicains. C’est-à-dire qu’Ali Bongo, son armée, ses réseaux françafricains et son gouvernement sont privés de légitimité et de crédibilité. Leur régime autoritaire doit être subi qu’à titre éphémère sinon c’est la voie vers chaos total. Et c’est bien le cas du Gabon si rien n’est fait en toute urgence ».
Enfin, a souligné un haut cadre de l’administration gabonaise, « Le Gabon subi une crise de confiance des autorités politiques du fait de ce déni pathologique de la réalité du régime tyrannique actuel. Mais aussi, à cause de telles mascarades et projets cosmétiques à faire pâlir. Comment rendre lisible et perceptible une journée nationale du drapeau censée défendre des valeurs avec des acteurs et responsables politiques de tel acabit. » Tout en explicitant son diagnostic en ces termes : « Le fait est, en effet, que la perte généralisée et endémique de confiance est un indicateur que l’Etat est en crise, c’est-à-dire que le « pacte social et national » est en crise. Et que la crise est particulièrement profonde, au point que certains analystes et observateurs avertis, peuvent parler de notre pays en disant sans sourciller qu’il est aujourd’hui une poudrière, car la situation sociale y est explosive ! Quand il n’y a plus de confiance dans l’Etat, il n’y a plus de respect de l’Etat, c’est-à-dire de respect des institutions et a fortiori de ceux qui l’incarnent ! »
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