Politique politicienne

Discours à la nation d’Ali Bongo : un réceptacle de déni de démocratie et de la réalité gabonaise

Discours à la nation d’Ali Bongo : un réceptacle de déni de démocratie et de la réalité gabonaise
Discours à la nation d’Ali Bongo : un réceptacle de déni de démocratie et de la réalité gabonaise © 2018 D.R./Info241

Le discours à la nation d’Ali Bongo a été comme ceux partant de 2009 jusqu’à 2016 ponctué des myriades de promesses, saupoudrage politique, mais aussi des mensonges grossiers et pathologiques, marque de fabrique d’un déni de démocratie criard et de la réalité gabonaise du régime despotique de Libreville. Après avoir analysé ce discours du président controversé et toujours contesté du Gabon au peuple gabonais, nous sommes tentés de nous demander quelle force occulte pilote ce pays à la place des individus que nous identifions comme les tenants connus du pouvoir présidentiel. Décryptage

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S’exprimant sur la cohésion nationale qu’il a volontairement brisé en bafouant l’expression du suffrage universel en appui avec tous les responsables des institutions de la République en charge de l’organisation des élections, Ali Bongo a vanté son élan de démocrate tyrannique en étant un héritier du système Bongo-PDG au pouvoir sans aucune alternance démocratique depuis 1968. Un régime qui n’a jamais daigné respecter le verdict des urnes.

De ce point de vue, le tricheur assermenté qui a violé les droits de l’homme en tuant des citoyens partisans de la liberté après sa débâcle face à Jean Ping, candidat unique de la Coalition de l’opposition lors de l’élection présidentielle du 27 août 2016 a scandé ce qui suit : « 2018 sera une année capitale. En effet, des élections législatives seront organisées. Elles seront décisives à plusieurs égards. D’abord, pour permettre de dégager une majorité claire au sein de l’Assemblée nationale. Ensuite, ai-je besoin de vous le rappeler, parce que notre pays est une démocratie. Or, en démocratie, la compétition a lieu, non dans les rues, mais dans les urnes dont il faut toujours respecter le verdict. C’est fondamental ».

Face à ce déni flagrant de la réalité gabonaise et de la véritable démocratie un analyste politique s’est épanché sur la toile en ironisant que cet appel aux législatives pour se faire légitimer : « c’est comme lorsqu’un lion se met à supplier et à faire la cour à une proie, pour la convaincre d’accepter de rentrer dans sa cage, et de ne guère s’inquiéter de la suite... Et généralement, ce sont toujours des proies faciles, suicidaires ou en fin de vie, que l’on voit se précipiter à honorer une telle invitation, trompeuse, qui n’a pour seul et unique but que de se nourrir de leur chair et de se curer les dents ensuite avec leurs os... »

Car a-t-il ajouté, « un lion n’organisera jamais un banquet pour que ce soit lui-même le principal festin. Si tu le vois vous convier et vous supplier presque solennellement à y prendre part, c’est parce qu’il a besoin de vous, de vos chairs pour composer son mets... politique. Le même banquet avait déjà été organisé pour confectionner la constitution sur mesure que le raïs est en train de faire valider aujourd’hui. Ces législatives, auxquelles il vous convie de prendre part, ne seront, ni plus ni moins qu’un nouveau buffet grâce auquel il pourra asseoir son illégitimité ».

Un autre son de cloche a été donné par un universitaire gabonais qui à la lecture du discours à la nation d’Ali Bongo, l’a qualifié ’’ de discours de la honte’’. En le décriant en ces termes : « Les mémoires des émergents ont elles flanché au point d’oublier que les promesses que cette noble caste avait faites n’ont pu être tenues en huit(8) ans de pouvoir absolu ? Notamment pour ce qui concerne la santé, et surtout l’éducation ou le record du néant a été battu avec ce vide sidéral des réalisations gouvernementales complètement invisible ? »

En effet, a expliqué l’universitaire :« Aucune école n’a été construite en huit ans de pouvoir émergent. Et Ali complète cette chimère avec un projet supplémentaire d’équipements des écoles en matériel et en moyens informatiques ! S’agit il d’une énième moquerie de sa part ? Ou alors il est contraint de répéter religieusement les pires absurdités qu’on puisse faire dire à une personnalité dont le pouvoir ne dépend pas du peuple ? »

Poursuivant son interrogation d’indignation le chercheur gabonais a indiqué : « Dans le domaine socio-économique, existe-t-il une raison rationnelle qui permette à Ali Bongo de promettre la création de 10 000 emplois par an alors que les entreprises, unilatéralement, ferment en masse ? Lesdits emplois seront ils créés dans le secteur public ou alors un miracle se produira avec l’embauche massive des chômeurs dans des entreprises imaginaires ? Quelles sont les raisons pour lesquelles Ali Bongo annonce t’il continuellement tous ces projets, avec leurs chiffres délirants, qui ne cadrent pas avec les moindres réalités socio-économiques et éducatives du Gabon ? »

Et pourtant en locataire despotique du palais présidentiel, il aurait été plus pragmatique et raisonnable pour Bongo-fils, au pouvoir, de dresser un bilan des concrétisations de ses promesses antérieures. C’est-à-dire, celles de sa première mandature présidentielle qui ont été de vrais échecs scandaleux. Entre des incertaines futures écoles informatisées sans personnel qualifié pour gérer les nouveaux aspects didactiques, et des milliers d’emplois promis sans véritable politique de création d’entreprises, nos compatriotes doutent de l’origine "nationale" de ce genre de blagues vicieuses à répétition.

Pour un économiste gabonais visiblement remonté contre le régime d’Ali Bongo : « Lorsque l’on est incapable d’assumer certaines responsabilités politiques d’envergure et qu’on a aucune vision économique de bonne gouvernance, il est préférable de faire profil bas par pudeur et par patriotisme. Il est utile que nos dirigeants aient au moins le courage d’avouer leurs incapacités managériales, sinon leurs impossibilité, à prendre eux-mêmes des décisions politiques et économiques qui concernent notre pays. Fanfaronner avec les mêmes sempiternelles promesses irréalisées confirme la couardise, et l’incompétence, de ceux qui s’incrustent au pouvoir malgré leur illégitimité.. »

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