Faux bulletins

Un trio de faussaires de bulletins d’élèves écroués pour tentative de fraude à la plateforme Xgest

Un trio de faussaires de bulletins d’élèves écroués pour tentative de fraude à la plateforme Xgest
Un trio de faussaires de bulletins d’élèves écroués pour tentative de fraude à la plateforme Xgest © 2024 D.R./Info241

Deux Gabonais et un Camerounais ont été placés ce lundi 1er juillet sous mandat de dépôt à la maison d’arrêt de Port-Gentil pour fraude. Il s’agit de deux proviseurs d’établissements privés et d’un informaticien accusés d’avoir falsifié les bulletins de passage des élèves du lycée et collège Rapontchombo de Port-Gentil pour les examens du BEPC et du baccalauréat 2024. Une trentaine d’élèves serait concernée et dont les dossiers ont été refoulés par l’administration.

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Arince Petrus Toumba Louzayadio, proviseur du collège et lycée privé Rapontchombo, situé derrière le Cecado du marché du Grand Village, a été arrêté par les éléments de la direction générale des recherches (DGR). Ce Gabonais de 39 ans, père de trois enfants, est accusé d’avoir falsifié les bulletins des élèves de classe de troisième et de terminale dans le programme Xgest, en complicité avec deux autres personnes du milieu éducatif.

La course aux bons chiffres

Cherchant à obtenir un taux de réussite exceptionnel au baccalauréat session 2023-2024, le proviseur a été pris dans son propre piège. « Le problème n’est pas l’identifiant Xgest qu’on a pu changer. Lors du dépôt des dossiers à la DAP, je n’ai pas pu les déposer à la date indiquée par la tutelle, les noms des candidats n’ont pas été validés », reconnaît Arince Petrus Toumba Louzayadio.

Le responsable d’établissement Arince Petrus Toumba Louzayadio

Il a alors lancé une procédure de recours à Libreville pour reconstituer les dossiers de ses candidats. Mais avant cela, une première convocation est tombée du Tribunal de Port-Gentil à la suite de la plainte d’un parent d’élève. Ensuite, une vidéo du collectif des élèves de l’établissement se plaignant a suscité l’émoi. Les autorités ont été saisies et une enquête a été ouverte. « J’ai constaté à l’examen du BEPC que les dossiers des enfants n’avaient pas été validés, c’est pourquoi j’ai voulu sauver les classes de terminale en faisant un recours. Finalement, les dossiers de troisième et de terminale n’ont pas été validés  », confirme-t-il.

Une trentaine d’élèves sur la paille

Au total, trente-trois candidats n’ont pas pu passer leur examen de fin d’année, dont douze en classe de troisième et vingt-et-un en terminale. «  Les frais de dossier pour la troisième sont de 50 000 FCFA, et de 65 000 FCFA pour la terminale », précise Arince Petrus Toumba Louzayadio. Selon lui, ces montants incluent également les examens blancs et divers frais liés à la ration des participants durant l’examen.

Une vue de l’établissement scolaire privé

Dans cette affaire, Hugues Landry Stetchoua, du collège Ambroise Maboumba, est complice. Ce Camerounais de 39 ans, père de trois enfants, avait pour mission de remettre les dossiers des candidats à un informaticien afin qu’un bulletin de la classe précédente, indiquant le passage en classe supérieure, soit attribué dans le programme Xgest. « Dans la forme, ce n’est pas un circuit légal que j’ai emprunté. Mais lorsque j’ai vu le premier bulletin, il était bon, donc pour les parents qui voulaient un service, j’ai dit que je connaissais quelqu’un et on a poursuivi. Je demandais 50 000 FCFA par élève pour ce bulletin », réaffirme le proviseur.

Dossiers non conformes

Hugues Landry Stetchoua avait été contacté en novembre par son collègue Arince Petrus Toumba Louzayadio. «  J’ai pris les dossiers non conformes chez Arince Petrus Toumba pour les remettre à un informaticien que je connais. Il fallait établir des bulletins, et l’informaticien Parfait Mayagui m’a dit qu’il maîtrisait le programme Xgest. Je prenais juste l’acte de naissance moyennant 20 000 ou 30 000 FCFA par dossier  », explique Hugues Landry Stetchoua.

Hugues Landry Stetchoua, l’un des proviseurs arrêtés

Jin Parfait Mayagui, Gabonais de 49 ans, père de quatre enfants du complexe scolaire privé moderne Sainte-Trinité, devait permettre à chaque candidat d’avoir un bulletin de la plateforme du ministère de l’Éducation nationale. « Mon rôle était de changer l’identité sur un existant. Lors des réclamations des élèves, on avait constaté des noms et dates de naissance mal écrits. En modifiant, je me suis rendu compte que l’identité de l’élève n’était pas verrouillée, sauf les moyennes », explique-t-il. Selon lui, il suffisait d’entrer dans la plateforme Xgest pour apporter toutes les modifications nécessaires sans jamais débloquer le code QR. « C’était expérimental, car je l’ai fait que cette année. Il me donnait entre 20 000 et 25 000 FCFA  », dit-il.

Des plaignants

Parmi les victimes de cette non-participation aux examens figure Hervin Emmanuel Nze Minkoue, élève de terminale A1, qui demande justice. «  Je demande juste un remboursement », dit-il. Williana Magoumba Tsielou, également en terminale A1, partage la même demande : «  Nous nous sommes rapprochés de notre proviseur, mais il ne répondait plus à nos appels. Nous voulons être remboursés et que l’État ait de la compassion pour nous en nous orientant vers des écoles publiques, pour que nous puissions passer notre examen l’année prochaine », supplie la jeune femme.

L’informaticien du trio

Cette fraude a été confirmée par la direction d’académie provinciale, qui a avisé les enquêteurs que les documents étaient faux et truqués. Le trio des falsificateurs a été placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Port-Gentil le lundi 1er juillet.

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