Mort du jeune Cameron : Des aveux, une enquête et toujours des zones d’ombres
Les autorités gabonaises ont enfin réagi ce mardi à l’assassinat de Pascal Cameron Ngueba Loko, 13 ans, retrouvé mort en état de putréfaction au quartier Nzeng-Ayong, dans le 6e arrondissement de Libreville. Porté disparu depuis ce jeudi 18 décembre, l’adolescent n’a été retrouvé que ce lundi 22 décembre. Dans l’intervalle, le commissariat de police de Nzeng-Ayong avait interpellé, dès le lendemain de la disparition, deux individus présentés comme les principaux suspects. Selon des aveux rapportés par des médias, il s’agirait d’un crime rituel qui ne serait pas allé à son terme.
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Pascal Cameron Ngueba Loko serait l’une des dernières victimes d’une recrudescence des crimes rituels, des actes que beaucoup pensaient cantonnés à l’ère Bongo déchue. Ces dernières semaines, l’opinion publique s’inquiète d’un retour de pratiques violentes, sur fond de rumeurs persistantes et de disparitions signalées sur les réseaux sociaux.
un récit de commandite rapporté par la presse
Selon les derniers développements judiciaires rapportés par Gabon24, le principal suspect, Terence Assoumou Ndong, alias « Rasta », 29 ans, aurait reconnu les faits. En garde à vue depuis vendredi, il aurait expliqué que le crime aurait été commandité par un certain Sado, présenté comme un entrepreneur camerounais du BTP de nationalité camerounaise, par l’entremise de son bras droit, un dénommé Seïba, contre la promesse d’un million de francs CFA.
Les aveux des deux suspects
Le choix de Pascal Cameron comme victime aurait, selon cette même version, été lié à une altercation antérieure entre le père de l’adolescent et le commanditaire présumé. Des éléments graves, à ce stade rapportés par la presse, et que l’enquête devra confirmer ou infirmer.
Les aveux de « Rasta »
« Alors que je me trouvais dans un garage, j’ai entendu des enfants jouer et lancer un ballon à proximité du stade. La tante de Cameron est venue demander à l’adolescent de rentrer pour se laver avant d’aller acheter du pain », a indiqué Terence Assoumou Ndong, dans une déclaration rapportée. Il dit ensuite s’être rendu à la boutique du quartier, où il aurait attendu avant de croiser l’adolescent sur le chemin.
La déclaration du parquet
« Nous nous sommes rencontrés en sortant de la boutique et j’en ai profité pour l’attraper, le bâillonner et l’attacher les pieds et les mains, avant de l’enfermer dans le mal arrière du véhicule, où il est décédé par asphyxie », poursuit-il, dans une version qui décrit une mort survenue avant tout « acte » supplémentaire.
Un co-suspect et ses dénégations
Le second suspect, un certain Joe, nie toute implication directe dans l’assassinat, bien que cité par « Rasta ». « Non, en rentrant du boulot, j’avais déjà trouvé cette dépouille macabre, l’enfant avait déjà disparu. Entre-temps, le premier jour, il était déjà passé à l’acte », a-t-il soutenu, selon le même récit médiatique.
Il conteste également le montant évoqué, affirmant que le "ravisseur" aurait finalement proposé 250 000 FCFA, et non un million. Autant de contradictions qui renforcent les zones d’ombre autour du rôle exact de chacun et de la chaîne de responsabilité, et que l’enquête devra clarifier.
Fosse septique, fracture à la nuque
Dans une déclaration officielle ce mardi, le procureur adjoint près le tribunal de première instance de Libreville, assurant l’intérim du procureur de la République, Guy Romaric Ontsouyika Ngouoni, a indiqué que quatre suspects avaient été arrêtés dans le cadre de cet enlèvement suivi d’assassinat. Le Parquet de la République affirme que le corps a été retrouvé « enfoui dans une fosse septique située derrière le domicile familial », dans un « état de putréfaction avancée ».
Le ministère public évoque également « une fracture au niveau de la nuque » et précise qu’il n’y avait « pas de trace de mutilation » lors des premières constatations. En effet, selon Rasta ce travail de retrait des "parties intimes" de la victime aurait dû être fait ensuite par les employés de l’entrepreneur camerounais. Des précisions qui tranchent avec certaines rumeurs de mutilations ayant circulé et qui seront, elles aussi, au cœur de l’attente de vérité.
Colère nourrie, une promesse présidentielle
Cette prise de parole intervient dans un climat d’exaspération, alimenté par le délai de communication officielle dénoncé par une partie de l’opinion, plusieurs jours ayant été marqués par des spéculations et une mobilisation citoyenne avant la sortie du Parquet. Sur le terrain, la disparition de l’enfant puis la découverte du corps ont cristallisé un sentiment d’insécurité, particulièrement à Nzeng-Ayong.
Dans un message publié ce lundi, le président Brice Clotaire Oligui Nguema a indiqué que « les autorités ont été instruites » pour faire la lumière sur les faits, évoquant des suspects « identifiés » et placés en garde à vue, et promettant que « la justice ira jusqu’au bout ». Reste désormais à l’instruction de consolider les éléments, d’établir les responsabilités et de trancher, preuves à l’appui, entre les versions en circulation.
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