Les Gabonais de France organisent ce 15 février un sit-in devant la tour de Bolloré !
La crise post-électorale est loin d’être terminée pour les Gabonais de France qui revendiquent toujours la victoire à l’élection présidentielle de Jean Ping. Dans un communiqué parvenu ce lundi à la rédaction d’Info241, le comité d’organisation informe qu’une manifestation de contestation sera organisée ce 15 février 2017 devant la tour de Bolloré à Puteaux en Ile de France. Selon les organisateurs, le but poursuivi est de dénoncer l’appui de Vincent Bolloré et des entreprises du CAC 40 français au coup d’état militaro-électoral perpétué par Ali Bongo Ondimba.
Dans la crise post-électorale gabonaise, le rôle de Vincent Bolloré qui est à l’affût de tout, des médias, des télécoms, des coups financiers, est souvent pointé par la société civile libre et par le camp de l’opposition gabonaise. Interrogé par Info241 sur l’objectif de cette mobilisation devant la Tour Bolloré, sis au 31-32 Quai de Dion Bouton, 92800 à Puteaux, le syndicaliste gabonais, Freddy Ogouliguende a expliqué que « la bataille pour le respect de la souveraineté nationale et du vote démocratique du peuple gabonais se base également contre les multinationales dont Bolloré, proche d’Ali Bongo qui contrôle l’Owendo Terminal (Port de Libreville) et le Terminal conteneurs du port de Port-Gentil. C’est pourquoi nous avons changé de stratégies en nous attaquant aux entreprises du CAC40 français comme Total et Bolloré qui soutiennent la dictature d’Ali Bongo ».
L’affiche officielle de la manifestation
Selon Jean Jacques Bourdette, l’une des figures de proue du patronat gabonais, membre du comité d’organisation « Bolloré c’est un groupe résolument tourné vers l’Afrique. Comme le dit son président, ’’ce qui fait la spécificité de son groupe, c’est son implantation en Afrique’’. Il y compte pas moins de 70 sociétés, implantées dans 35 pays (21 francophones et 14 anglophones). Il emploie 15 000 personnes (parmi lesquelles 250 expatriés) dans le transport et la logistique, et 3 000 dans la branche tabac. Avant d’ajouter, mais ce que plusieurs citoyens français et européens ignorent c’est que Bolloré est un complice de tous les dictateurs africains. Il a construit une partie de sa colossale richesse en tuant le rêve démocratique des peuples d’Afrique comme c’est le cas au Gabon actuellement. Il a outrepassé ses missions et son droit de réserve en s’immisçant dans le domaine politique en appuyant Ali Bongo dans sa forfaiture ».
Tout en martelant « qu’il faut rappeler que dans ’’l’enquête sur la face cachée de l’empire Bolloré’’ publiée par Mediapart le 02 février 2009, la journaliste Martine Orange nous révélait déjà la mainmise économique du magnat Breton dans tous les pays d’Afrique centrale où prolifèrent des dictatures. Mediapart bien avant puis un magazine de Complément d’enquête de France Télévision de 2016 nous révélaient que l’essentiel de la richesse du groupe Bolloré provient d’Afrique. En vingt ans, Vincent Bolloré s’est construit un royaume sur les débris de l’empire colonial français. A travers son lobbying auprès du Parlement européen et des autorités politiques françaises Bolloré a par exemple tenté d’empêcher les sanctions ciblées contre le régime d’Ali Bongo et ses affidés. Comme nous rappelle la résolution de l’Union Européenne, il nous faut à tout prix restaurer l’état de droit au Gabon, d’où notre sit-in devant sa tour ».
Il faut souligner par le biais des entrepôts aux ports, Vincent Bolloré contrôle l’ensemble de la chaîne logistique et de transports sur les matières premières produites en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, plus précisément au Gabon où il a le monopole des ports gabonais. Mais son emprise va plus loin. Même s’il n’apparaît qu’au second plan, il est un des actionnaires majeurs de Socfinal, un groupe qui exploite parmi les plus grands domaines de plantation d’Afrique. Proche du palais du Bord de mer, sa complicité à la famille Bongo fait de lui un des soutiens farouches de la longévité cinquantenaire du système Bongo-PDG bien que le peuple gabonais souhaite une alternance démocratique.
Selon l’ONG Survie, la stratégie africaine de Vincent Bolloré et de son groupe est simple : ’’elle consiste à contrôler toute la chaîne de transport, plus quelques filières de production hautement rentables. La vague de privatisations, imposées par les institutions financières internationales, lui permet de racheter le maximum d’infrastructures de transport et d’élargir sa gamme de produits tropicaux (cacao, coton, café, caoutchouc, huile de palme...). Tout en précisant que la gestion des réseaux ferrés s’est ajoutée à celle des ports et lignes maritimes pour maîtriser le coût du transport de marchandises. Compte tenu du fonctionnement économique et politique de nombreux pays d’Afrique francophone, si l’on se donne la peine d’aller y commercer et investir, c’est qu’on y escompte plus de passe-droits et de profits qu’en France."
Rappelons que Bolloré Transport & Logistics est présent dans 105 pays sur les 5 continents. En 2008, la société Bolloré Africa Logistics (BAL) est créée pour regrouper les activités d’infrastructure et de logistique du groupe Bolloré sur le continent africain. La société est déployée dans 45 pays en Afrique à travers 250 filiales, emploie 25 000 salariés en 2013, et son chiffre d’affaires représentent 80% de celui du groupe Bolloré. En 2004, il figure parmi les deux cents premiers groupes industriels européens et les cinquante premiers français. En 2013, il réalise 10,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires et il emploie 55 000 personnes dans le monde.
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