Représailles

Gabon : Albert Ondo Ossa accuse le régime Oligui de s’acharner sur sa famille pour le faire plier !

Gabon : Albert Ondo Ossa accuse le régime Oligui de s’acharner sur sa famille pour le faire plier !
Gabon : Albert Ondo Ossa accuse le régime Oligui de s’acharner sur sa famille pour le faire plier ! © 2025 D.R./Info241

Ces révélations ont failli passer inaperçues depuis la semaine dernière, mais devant la gravité des faits, le professeur Albert Ondo Ossa n’y va plus par quatre chemins. Celui qu’une partie de l’opposition gabonaise et de la société civile continue de présenter comme le « véritable vainqueur » de la présidentielle de 2023 décrit désormais le régime de Brice Clotaire Oligui Nguema comme un pouvoir qui viole les droits humains les plus élémentaires. Et cette fois, ce n’est pas seulement le terrain politique qu’il met en cause les nouvelles autorités gabonaises, mais ce qu’il présente comme une machine de répression et de harcèlement visant directement son épouse et ses enfants en raison de ses nombreux désaccords avec le régime d’Oligui Nguema.

Moov Africa

-

Dans une interview en direct accordée le vendredi 5 décembre à la chaîne YouTube Sibikan, l’opposant livre un récit qui ressemble moins à une simple plainte personnelle qu’à un acte d’accusation. Il évoque pressions, humiliations et sanctions administratives visant son foyer. Avec une formule qui claque comme une gifle : « Ce qui est désolant, c’est que même en période de guerre, on préserve les femmes et les enfants. Or, le pouvoir actuel s’est attaqué à mon épouse et à mes enfants  ». La comparaison est brutale, mais elle résume le cœur de son reproche : la lutte politique aurait franchi la ligne rouge de la sphère privée.

Des véhicules confisqués, symbole d’un État instrumentalisé

Premier front, celui de ses biens. Ondo Ossa affirme que deux de ses véhicules personnels ont été récupérés dans des conditions qu’il juge totalement arbitraires. Il raconte avoir été contacté par une « Présidence amie » lui proposant de mettre des véhicules à sa disposition, avant de dénoncer un tour de passe-passe politique : « J’en conclus donc que ce n’est pas lui qui les a achetés. Demandez-lui où sont mes deux véhicules. Il est même venu me les reprendre. De quel droit ? Ce sont des véhicules personnels ».

L’intégralité de l’interview vidéo

Derrière l’anecdote, la question qui fâche : jusqu’où l’appareil d’État peut-il être utilisé pour régler ses comptes avec un opposant ? Des accusations de ce type ne visent plus seulement des comportements individuels, mais la manière dont les institutions peuvent être mises au service de stratégies de représailles politiques.

L’épouse ciblée, entre insultes publiques et révocation

Deuxième front, plus sensible encore : la carrière et la dignité de son épouse. Selon le professeur, celle-ci aurait été publiquement insultée « en plein cours, au sein de la SEEG  », par « l’un de ses proches ». Puis révoquée, alors même qu’elle avait été nommée par décret. «  Mon épouse, nommée par décret, a été révoquée par la même personne, traitée comme une malpropre… Elle est assise à la maison depuis près de deux ans  », lâche-t-il.

L’opposant au cours de cette émission live

Pour lui, il ne s’agit plus d’un simple conflit administratif, mais de l’illustration d’une administration transformée en instrument de sanction politique. La formule qu’il emploie — décision prise « en dehors de tout parallélisme des formes » — vise clairement à dénoncer une rupture avec les règles élémentaires de l’État de droit.

La fille clouée au sol, l’école en France transformée en mirage

La partie la plus explosive de son témoignage concerne toutefois sa fille. Ondo Ossa affirme que, malgré un baccalauréat obtenu avec mention et une inscription pour des études en France, la jeune femme a été empêchée de quitter le pays. «  À l’aéroport, on lui a arraché son passeport, ainsi que celui de sa mère. Voilà où nous en sommes  », raconte-t-il.

Avant d’ajouter : « Ma fille est toujours à la maison… Elle devait commencer l’école le 12 septembre… Elles ne peuvent pas voyager  ». Si ces faits étaient confirmés, ils relèveraient d’une atteinte frontale à la liberté d’aller et venir. Plusieurs observateurs parlent déjà d’une forme de « punition collective  », méthode bien connue des régimes qui préfèrent l’isolement social à l’argument politique.

Une transition qui ressemble de plus en plus à une mise au pas

Dans ce tableau, chaque membre de la famille semble transformé en cible potentielle : biens confisqués, carrière brisée, avenir académique suspendu. Le message implicite est transparent : contester peut coûter cher, même à ceux qui ne sont ni candidats ni militants. La pression ne se limite plus aux figures publiques, elle s’étend à leur entourage immédiat.

Les autorités, elles, gardent le silence ou se retranchent derrière la légalité de leurs actes. Mais le problème dépasse largement le cas Ondo Ossa. Les accusations qu’il formule — confiscation de biens privés, révocation arbitraire, violences morales, interdiction de voyager — posent une question qui dérange : que vaut encore la promesse de « transition » si l’on gouverne avec les méthodes d’un pouvoir sûr de son impunité ?

Un signal d’alarme pour le Gabon… et pour ses partenaires

En s’attaquant, selon lui, à sa famille, le régime du général-président Oligui Nguema donne l’image d’un pouvoir qui s’éloigne des discours d’apaisement et de justice prononcés au lendemain du coup d’État. L’opposant dit « croire en Dieu » et laisser « Dieu régler ce problème d’une manière ou d’une autre », mais derrière cette résignation apparente, son témoignage sonne comme un avertissement : si l’on peut faire ça à un professeur connu, que peut-il arriver à des citoyens anonymes sans tribune médiatique ?

À l’heure où le Gabon prétend se réinventer après plus d’un demi-siècle de régime Bongo, ce récit jette une lumière crue sur la transition en cours. Est-on en train de refermer une parenthèse autoritaire ou d’en ouvrir une nouvelle, plus sophistiquée mais tout aussi implacable ? Le pays peut-il se permettre de remplacer un verrouillage politique par un autre, simplement badgé «  restauration institutionnelle  » ? Pour l’instant, une chose est sûre : tant que ces accusations resteront sans réponse claire ni enquête indépendante, le doute sur la nature réelle du pouvoir en place continuera de grandir — au Gabon comme à l’international.

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.


-

Commenter l'article