Protestation

Burkina Faso : une manifestation monstre contre la révision constitutionnelle de Compaoré

Burkina Faso : une manifestation monstre contre la révision constitutionnelle de Compaoré
Des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu © 2014 D.R./Info241

Plusieurs centaines de milliers de Burkinabés, un million selon les organisateurs, ont battu le pavé dans les rues de Ouagadougou, mardi 28 octobre, pour témoigner leur désaccord profond de la décision du régime au pouvoir depuis 27 ans sous les ordres de Blaise Compaoré de tenter à une révision de la Constitution dans le but de perpétuer la réélection de Blaise Compaoré en briguant un cinquième mandat en 2015.

Moov Africa

Selon Abdul Karim, un des manifestants interrogés par notre envoyé spécial à Ouagadougou :

cette expression populaire est l’amorce d’une révolution du peuple Burkinabé, car nous ne voulons plus que ce genre de pouvoir dictatorial perdure dans notre pays. Réviser la constitution uniquement pour demeurer au pouvoir sans l’assentiment du peuple est totalement inacceptable".

Une mobilisation des plus rares en Afrique

Ce soulèvement qu’on a pu observer sur place à Ouagadougou et qui a été relayé par divers réseaux sociaux est d’une rare ampleur en Afrique subsaharienne, les rebelles acharnés brandissaient des écriteaux portant les slogans tels que : « Article 37 intouchable », « Blaise Compaoré Dégage » ,« Régime Despotique dehors », « La France ne soutenez pas ce vol constitutionnel », « Blaise et son régime vous nous avez trahis comme Judas, libérez les lieux ».

Les portes paroles de l’opposition Burkinabé, Bénéwendé Sankara, Ablassé Ouédraogo et Zéphirin Diabré ont encouragé la bravoure de l’ensemble du peuple. « Les Burkinabés se sont levés solidairement en marchant et en protestant avec force et vigueur la révision par le régime en place de la Constitution, près d’un million », ont affirmé les présidents de partis d’opposition.

Plusieurs images et vidéos postées sur Twitter et Facebook montrent des affrontements opposant les manifestants aux forces de l’ordre, qui ont tiré des grenades lacrymogènes, comme le confirme un journaliste du site Burkina 24 sur Twitter : « Les manifestants ont mis le feu à des pneus et jeté des pierres au cours de la confrontation. Dans la nuit, des barricades ont été érigées sur la principale route du pays, la nationale 1, après des heurts entre des gendarmes et des protestataires. »

Une volonté de perpétuité présidentielle hante les chefs d’Etats africains

Toutes les centrales syndicales du pays des hommes intègres ont appelé à une grève générale mercredi, à la veille de l’examen par les députés du projet de modification de l’article 37 de la Constitution pour faire passer de deux à trois le nombre maximal de quinquennats présidentiels. Si la loi est adoptée, un référendum sera organisé. Mais en cas d’adoption avec plus de deux tiers des voix, la Constitution pourra être remmaillée sans passer par un référendum du peuple qui n’en démord pas.

D’ailleurs, la presse burkinabé dénonçait mardi déjà le « tripatouillage » et la « course folle contre le précipice » du pouvoir. Il faut noter que depuis le 21 octobre, date à laquelle le gouvernement a annoncé son projet de loi, nombreux rassemblements populaires ont été organisées par l’opposition ougalaise, qui révoque un « coup d’Etat constitutionnel ».

Il faut rappeler que Blaise Compaoré a déjà fait amender la Constitution en 2000 pour demeurer au pouvoir qu’il avait conquis par un putsch en 1987, en fomentant l’assassinat du valeureux panafricain, ancien président du Burkina Faso Thomas Sankara.

C’est un effet de mode en Afrique francophone notamment, nombreux chefs d’Etat africains fomentent toujours leur maintien à la présidence de la République de leur pays respectif avec la collaboration de tous les pouvoirs élyséens de Paris passés. Il faut signaler qu’à partir de 2015 bien que la Constitution de leur pays ne leur permette cette farce despotique. Que ce soit au Burkina Faso, mais aussi au Burundi, en République du Congo (Congo-Brazzaville), en République démocratique du Congo (RDC) ou au Rwanda, aucun président n’a encore formellement déposé sa candidature pour la prochaine échéance électorale.

Qu’à cela ne tienne, les signes avant-coureurs ne manquent pas. Après le vide juridique au Gabon qui a permis à Omar Bongo de faire plus de 40 ans au pouvoir, celui de Paul Biya toujours au pouvoir au Cameroun, d’Idris Deby au Tchad, notamment, une autre vague de modifications constitutionnelles est annoncée sur le continent africain. Selon les pouvoirs en place et leur soutiens élyséens il faut préserver une stabilité politique et surtout la mainmise des sociétés pétrolières et minières françaises comme Total, Eramet, Bolloré, ou encore la nécessité de pérenniser un système en place qui appauvrit le peuple désirant l’installation d’une démocratie exemplaire.

@info241.com
Moov Africa

Newsletter de Info241.com

Inscrivez-vous maintenant pour recevoir notre newsletter quotidienne


Info241.com s'engage à ne pas vous envoyer de messages non sollicités. Si vous changez d'avis, vous pourrez vous désabonner de cette newsletter à tout moment.

Commenter l'article