Les députés démissionnaires du PDG dénoncent « la dérive despotique » d’Ali Bongo
Les anciens députés du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir depuis 1967) se revendiquant du mouvement dissident « Héritage et Modernité-PDG », ont décrié hier à Libreville au cours d’un point de presse, « la dérive despotique, la gouvernance illisible et inquiétante du Gabon par Ali Bongo ». Tout en tançant durement Alain-Claude Billie-By-Nzé, ministre de communication, porte-parole du gouvernement.
L’honorable Dr Hugues Alexandre Barro Chambrier, fer de lance de ce groupement, a saisi l’occasion pour rappeler à la presse les leitmotivs qui ont conduit à la démission des députés PDG-Héritage et modernité. Notamment le refus d’Ali Bongo « de tenir un congrès de clarification, pourtant sollicité selon le député depuis le 15 juin 2015 afin de restaurer une démocratie en interne, pour la clarification de la gouvernance gouvernance illisible et inquiétante de notre pays et pour apaiser le climat politique au Gabon. »
Le revers d’Héritage et Modernité au porte-parole du gouvernement Billie-By-Nzé
Le député du 4ème arrondissement de Libreville n’est pas allé de main morte sur le diagnostic qu’il fait de la gouvernance d’Ali Bongo, en effet explique-t-il, « Chacun a pu constater que le président du PDG, Ali Bongo Ondimba n’a jamais été à la hauteur des attentes du peuple gabonais, s’enfermant dans un déni de réalités. De guerre lasse notre sensibilité politique en a tiré toutes ses conséquences. En dépit de nombreuses affaires tant au plan personnel, qu’au plan institutionnel, qui émaillent le mandat du président de la République, notre mouvement s’est invariablement obstiné à exprimer ses attentes et à marquer ses désaccords, exclusivement dans le champ du droit et de la politique. »
Au nom de l’ensemble des députés membres du mouvement dissident du parti au pouvoir, Barro Chambrier a tenu à répondre aux propos d’Alain-Claude Billie-By-Nzé, ministre de communication, porte-parole du gouvernement. Qui reflètent, selon lui, l’état de panique qui s’est emparé du régime tout en continuant de révéler sa face cachée aux yeux de tous. Propos considérés comme « d’une rare bassesse, prononcés sans distance dans le seul dessein de travestir la vérité et d’abuser de l’opinion nationale et internationale, de discréditer non seulement notre mouvement mais surtout l’honorable Guy Nzouba Ndama. »
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Qui visiblement a provoqué l’ire prononcée des membres du rassemblement PDG-Héritage et Modernité. D’où ils ont tenu par cette conférence de presse tordre le cou aux déclarations considérées comme rétrogrades, abaissant le débat politique, par les députés frondeurs qui ont claqué la porte du Parti démocratique gabonais (PDG). D’ailleurs, ils se sont dits outrés par la teneur des mots qualifiés de « vulgaires, mensongers et discourtois » du ministre de la Communication, tenus qui plus est sur les antennes sur Radio France internationale (RFI), le 19 avril dernier.
Pour cela, rendant coup par coup, les frondeurs députés démissionnaires ont rappelé à l’ordre Alain-Claude Billie-By-Nzé, ce dernier a été qualifié vertement « d’ancien repris de justice à la moralité vermoulue, archétype du profito-situationnisme, chef de gang, devenu à la stupeur de tous et dans l’émoi général, conseiller du prince dont la transhumance politique, tel un gastéropode aux mœurs équivoques ne laisse pas d’étonner. »
Michel Menga répond à Billie-By-Nzé
Pour rappel, interrogé par RFI au sujet de la démission fracassante de l’ancien président de l’Assemblée nationale ainsi que sur le mal de mer qui règne au sein du bateau PDG, M.Billie-By-Nzé en porte-parole du gouvernement avait jugé opportun pour accuser Guy Nzouba Ndama de malversations financières lors de sa gestion du Parlement gabonais. Tout en affirmant avec assurance et sans preuves papables et tangibles qu’« une infime partie de cet argent a servi à débaucher la dizaine de députés qui l’ont suivi dans son aventure ».
Affirmations du ministre de la communication réfutées avec force et énergie par les députés ronchonneurs qui considèrent leur démission collective comme étant un « acte de bravoure, d’honnêteté intellectuelle et de haute tenue morale, posé en toute indépendance d’esprit et qui honore (les démissionnaires) aux yeux de tous, trouve sa seule motivation dans l’attachement au respect des principes constitutionnels et aux valeurs républicaines et démocratiques, auxquels notre mouvement attache indéfectiblement un très grand prix et ne transigera jamais ».
Michel Menga m’Essone très remonté envers son ancien collègue, en deuxième porte-parole du mouvement Héritage et modernité PDG s’est indigné en ces termes : « Si nous étions achetables, nous ne serions pas à ce niveau. Bilie-By-Nze confond son cas au nôtre. Nous ne sommes pas des chiens à qui on lance un os et qui s’y précipitent. Nous le connaissons bien. Nous lui rappelons qu’on sait qui il est, quelle véritable opinion il a d’Ali Bongo, mais surtout que la politique s’achève tôt ou tard et que celle-ci ne permet pas tout, notamment des injures. Notre objectif est d’empêcher que l’on fasse des Gabonais des cadavres ambulants comme cela semble être le projet de ceux qui nous gouvernent ».
Indignations sur l’arrestation du trésorier du Parlement Jean-Pierre Doukaga Kassa
Ce point de presse a été aussi l’occasion pour les députés frondeurs du pouvoir du Bord de mer dénoncer « les basses œuvres politiciennes qui s’intensifient avec l’inexorable déclin du régime. » Dès lors a déclaré Barro Chambrier, « les accusations mensongères, proférées à l’encontre de monsieur Jean-Pierre Doukaga Kassa, cadre du Trésor public à la compétence et l’intégrité reconnues dans son corps professionnel, et son arrestation arbitraire, illustre l’abus d’autorité et la dérive totalitaire du régime. »
Or, souligne l’honorable député « nous avons appris que notre compatriote haut fonctionnaire de l’administration du trésor public, trésorier affecté au parlement a été arrêté par la Direction Générale de Recherche (DGR), le mardi 19 mars 2016, dans ses bureaux de l’Assemblée nationale. » En violation souligne-t-il « de la loi 5/85 portant règlement général sur la comptabilité de l’Etat, les comptables publics sont, entre autres, chargés de la tenue de la compatibilité du poste comptable dont ils ont la responsabilité, de la conservation des pièces justificatives y afférentes et de la garde et de la conservation des fonds appartenant ou confiés à l’Etat. »
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« Notre rassemblement peine à trouver les fondements légaux ou réglementaires qui disposent le questeur récemment promu, à engager précipitamment une procédure judiciaire contre Jean-Pierre Doukaga Kassa, sans attendre les conclusions d’un éventuel contrôle diligenté par le trésorier-payeur général lui-même, et exécuté dans les formes réglementaires accoutumées par l’inspection des services du Trésor public » a fait remarquer Alexandre Barro Chambrier, considérant cette arrestation comme une « énième cabale politicienne ». Afin de brandir menaces et intimidation du pouvoir d’Ali Bongo. Et d’une « évidente instrumentalisation ethnique et communautaire destinée à neutraliser le mécontentement de la communauté dont est issu le mis en cause ».
Tout en appelant in fine, aux « autorités politiques gabonaises au respect de l’intégrité physique et de la dignité de monsieur Jean-Pierre Doukaga Kassa ». Le mouvement des députés démissionnaires du parti au pouvoir depuis 1967 « ont invité le président de la République au ressaisissement et au respect des engagements constitutionnels liés à sa charge et nous lui demandons de prendre de la hauteur en tirant toutes les conséquences de sa gouvernance calamiteuse et de se soumettre à la volonté du peuple gabonais de le voir quitter le pouvoir, compte tenu entre autre, de l’imbroglio juridique sur sa filiation. »
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