L’ex patron de Sogatra condamné à 4 ans de prison ferme pour avoir dérobé 2,5 milliards à l’Etat !
La cour criminelle spéciale de Libreville s’est penchée ce mardi sur l’affaire de détournement massif de 2,5 milliards de la Société gabonaise de transport (Sogatra). À la barre, Bruno Minko Mi Ngwa, ancien administrateur directeur général de l’entreprise publique de transport, a comparu. Fait insolite, il a nié les faits mais a refusé de donner les noms de ses commanditaires. Il a écopé de 10 ans de prison dont 4 ans et 6 mois ferme. Il devrait recouvrer la liberté en août prochain.
Qui a dérobé les 2,5 milliards de la Sogatra destinés au paiement des 7 mois d’arriérés de salaires des employés ? C’est la question cruciale restée sans réponse à l’issue de ce procès. Et pour cause, l’ancien directeur général, jeté en prison en février 2020, s’est refusé de révéler les noms de ses supérieurs qui lui auraient ordonné de mettre en place cette combine pour siphonner cet argent public.
Une horde de criminels en col blanc
Nommé à la tête de l’entreprise le 26 février 2019, Bruno Minko Mi Ngwa n’a pas tardé à faire partie de la horde de criminels en col blanc qui tapissent l’administration publique gabonaise. Selon des preuves exhibées par le parquet général, il envoyait religieusement chaque mois au secrétaire général du ministre des Transports la somme de 2,5 millions de FCFA, haut cadre qui bénéficiait de nombreuses largesses de la part de la Sogatra.
Le désormais détourneur de fonds publics avant son incarcération
« En ce qui concerne l’argent disparu qui était logé à la Caisse des dépôts et des consignations (CDC), il a bien été décaissé mais les salaires n’ont pas été payés », a reconnu l’accusé. Avant de se muer en carpe : « Je sais qui a pris cet argent et ces personnes se reconnaissent. Je n’ai pas simplement envie de citer les noms des contemporains ici à la barre ». L’ex-patron de la Sogatra n’a pas manqué de planter le décor des agissements qui y avaient cours.
Sogatra, victime de l’appétit vorace de hauts dirigeants gabonais
« La Sogatra était un gouffre à sous, où chacun venait se servir. C’était une vache à lait pour de nombreux dirigeants », a-t-il révélé. Il a notamment souligné le refus du ministre des Transports de l’époque, Léon Armel Bounda Balonzi, de faire figurer la question des détournements financiers ayant cours dans l’entreprise lors de la convocation du conseil d’administration, annulé à trois reprises pour cette raison. Le ministre était allé jusqu’à « menacer de me démettre de mes fonctions, vu que je tenais coûte que coûte à organiser ces travaux ».
Quelques bus de l’entreprise publique de transport
Ces demi-révélations n’ont pas suffi à le disculper auprès de la cour, qui tenait également à savoir ce qu’il était advenu des fameux taxis-compteurs de la Sogatra disparus dans la nature. « Je les ai mis en location et cet argent allait directement dans un compte que nous avons ouvert », a-t-il reconnu sans qu’aucune traçabilité sur l’usage des fonds n’ait pu être établie. Ces errements de gestion lui ont valu la condamnation par la cour spéciale pour détournement de fonds publics.
Victime d’un complot ?
Il faut dire que, dans une lettre ouverte adressée au président de la transition en mars dernier, le désormais coupable avait dénoncé un complot ourdi contre sa personne. « Au mois de novembre 2019, le cabinet d’expertise comptable HLB m’a livré le rapport d’audit financier sur la situation prévalant de 2013 à 2018 à la Sogatra », indiquait-il. Ce sont les conclusions de ce rapport indépendant qui lui auraient valu l’animosité de ses supérieurs, car dévoilant les messes basses qui avaient cours depuis des années.
Sauf qu’au lieu de profiter de son procès pour dénoncer les mains noires qui l’ont jeté en prison depuis 4 ans, Bruno Minko Mi Ngwa a préféré les ménager, probablement pour éviter d’aggraver son cas. Une preuve que les véritables instigateurs de ces détournements sont toujours aux manettes du pays, voire de l’administration actuelle dirigée par les autorités de la transition. Autant dire que nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge des détournements massifs, car les cerveaux de ces opérations courent toujours.
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