Droit de réponse

Jean Ping réagit aux propos d’Ali Bongo du 17 août dernier

Jean Ping réagit aux propos d’Ali Bongo du 17 août dernier
Jean Ping réagit aux propos d’Ali Bongo du 17 août dernier © 2014 D.R./Info241

Le feuilleton politique d’Ali Bongo vs Jean Ping promet plusieurs rebondissements. Après que le président de la République soit sorti de son droit de réserve pour émettre ses vérités sur Jean Ping lors d’une interview accordée à la presse nationale dimanche dernier, Jean Ping a tenu à son tour, à réagir à ses propos dans les colonnes du journal Echos du Nord, qui paraissait exceptionnellement ce mardi en raison de la fête nationale.

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En effet, dimanche après-midi, Ali Bongo avait qualifié notamment son opposant d’haineux à son égard et n’ayant aucun projet politique à proposer. Nous vous livrons l’intégralité de cette contre-interview accordée au numéro 246 d’Echos du Nord de ce mardi 19 août :

Monsieur Jean Ping, le président de la République vient de faire une adresse à la nation, suivie d’une interview sur Gabon Télévision. Que retenez-vous de son message ?

Jean Ping : Je regrette qu’à un moment aussi solennel, monsieur Ali Bongo Ondimba n’accorde que 10 minutes à la question de la santé des Gabonais, 10 minutes à l’éducation, mais qu’il passe la quasi-totalité de son temps d’antenne à parler de moi. C’est peut-être parce qu’il juge que vous avez un discours xénophobe qui peut faire basculer le Gabon dans le chaos.

Je tiens à vous rappeler que c’est le pouvoir, par sa presse interposée, qui a fait preuve de xénophobie en s’attaquant aux origines chinoises de mon père, allant même jusqu’à mettre en doute ma nationalité, invoquant pour cela, assez maladroitement d’ailleurs, l’article 10 de la Constitution sous le fallacieux prétexte que je ne serais pas éligible dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016.

Vous avez tout de même porté une charge assez violente contre ce que l’opposition appelle « la légion étrangère » dans vos dernières déclarations sur France 24.

Jean Ping : Moi, je n’ai de haine contre personne, même pas contre monsieur Ali Bongo, encore moins contre sa légion étrangère, dont Maixent Accrombessi que je ne connais d’ailleurs que de nom, donc pas en tant que tel. Je sais juste que cet homme est Béninois de nationalité sans le moindre doute, qu’il occupe de hautes fonctions dans notre pays, au cœur même de l’appareil d’Etat et qu’il n’est devenu Gabonais que récemment, parce qu’on voulait faire de lui un directeur de cabinet. Les Gabonais
estiment que cette situation humiliante n’est pas normale, vous en conviendriez. Je n’ai absolument rien contre les non Gabonais. Je souligne simplement les risques encourus par notre pays devant la Confiscation, la monopolisation du pouvoir par ceux que la déclaration des membres de l’opposition (le Front) a qualifiés d’apatrides mafieux qui se répandent partout, se ventant de diriger notre pays, d’en détenir le pouvoir de décision en lieu et place des Gabonais. Monsieur Ali Bongo ne doit pas l’ignorer. Non monsieur Ali, je n’ai pas de haine particulière contre vous, je ne vous demande qu’une chose, rendez le Gabon aux gabonais, laissez les gabonais s’exprimer librement, arrêtez de vous comportez en monarque à qui tous les gabonais doivent tout, y compris leur vie, respectez les gabonais, rendez leur dignité que vous avez confisquée avec votre légion étrangère et vous verrez que le Gabon se portera mieux.

Pourtant une autre personnalité d’origine béninoise a été aussi au cœur du régime gabonais sans que cela n’offusque personne.

Jean Ping : Vous faites sans doute allusion à Monsieur Aworet Dossou ? Cet homme est certes Béninois à l’origine. Mais il est devenu Gabonais avant d’occuper de hautes fonctions au sein de notre administration. Monsieur Aworet Dossou a épousé madame Dossou Honorine, une Gabonaise, quand il était étudiant à l’Institut français du pétrole. Le plus naturellement du monde, il a suivi sa femme pour s’installer au Gabon et a été recruté au ministère des Hydrocarbures pour ses compétences avérées, alors dirigé par monsieur Mbouyi Boutsit. Plusieurs décennies après quand j’arrive à la tête dudit ministère, il occupait déjà les fonctions de directeur général des hydrocarbures.

Ce n’est pas moi qui l’ai nommé. Mais monsieur Aworet Dossou ne s’était pas contenté d’épouser une Gabonaise et de venir s’installer avec elle au Gabon. Il a beaucoup investi à Mpaga, le village de sa femme, en y construisant des écoles, des dispensaires, un collège et même une piste d’atterrissage. Cet homme était donc parfaitement intégré dans notre société, à la différence de Maixent Accrombessi, qui n’a obtenu la nationalité gabonaise que parce qu’on voulait faire de lui un directeur de cabinet. La comparaison que monsieur Ali Bongo établit entre lui et Accrombessi n’est pas juste. Oser comparer Dossou et Accrombessi, mon Dieu ! C’est un écran de fumée. Il y a d’une part un Gabonais parfaitement intégré, certes d’origine étrangère, et d’autre part un homme, arriviste, qui dérange tout le monde, y compris au sein de la majorité et de son plus proche entourage. Les propres collaborateurs de Monsieur Ali Bongo l’appellent tantôt « le marabout », tantôt « le popo », etc.

Pourtant l’entourage du chef de l’Etat compare la trajectoire de monsieur Accrombessi à celle de Manuel Valls, l’actuel Premier ministre français, qui est d’origine espagnole.

Jean Ping : Manuel Valls, le Premier ministre français, et Anne Hidalgo, maire de Paris, certes, tous deux d’origine espagnole, sont des citoyens français parfaitement intégrés dont la situation ne peut en aucune façon être comparée à celle de Maixent Accrombessi.

A quoi tiennent selon vous les accusations de xénophobie que chef de l’Etat adresse à votre encontre ?

Jean Ping : Difficile à dire. D’autant plus que pendant qu’il nous accuse de xénophobie, il encourage, par le biais d’un de ses conseillers, ce qui s’apparente à un génocide de la communauté fang ou à un nettoyage ethnique, puisqu’il ne dit rien pour dénoncer le mot d’ordre de l’intéressé. Lorsque monsieur Ogandaga, pour ne pas le citer, conseiller de monsieur Ali Bongo, dit sur les réseaux sociaux au sujet des Fang en général, des Fang du Woleu-Ntem en particulier : « Il faut tous les tuer » et que le pouvoir reste muet, sans sourciller, ce silence est coupable et complice à la fois de ce qui est dit et de ce qui peut arriver. Moi, je ne saurais me taire face à ce genre de dérapage.

Je le répète, je n’ai rien contre les non Gabonais. Au contraire, nous avons besoin de la force, de l’intelligence, de la compétence et du talent de quiconque veut contribuer au développement de notre pays. Cela dit, il est juste de préciser que chacun doit être à sa place. Il n’est pas normal qu’un non Gabonais occupe de hautes fonctions à caractère hautement stratégique au cœur de l’appareil d’Etat. Ce problème est simple à expliquer, simple à comprendre aussi. Inutile de me faire passer pour celui que je ne suis pas.

Je prends ainsi à témoin l’opinion nationale, les chancelleries accréditées dans notre pays et la communauté internationale dans son ensemble, pour prévenir et alerter sur les dangers que court notre pays du fait que le pouvoir, pendant qu’il s’évertue à vouloir semer la confusion dans les esprits au sujet de la prétendue xénophobie pour me discréditer, encourage certains de ses collaborateurs, les plus proches, à vouer aux gémonies toute une communauté ethnique nationale, en appelant quasiment au génocide de l’ethnie fang.

Pour vous, ces accusations de xénophobie relèvent donc de la diversion.

Jean Ping : Oui. Au lieu d’affronter de face les vrais problèmes des Gabonais, monsieur Ali Bongo détourne l’attention, pour s’adonner à un jeu d’évitement, aller d’esquive en esquive, sans une moindre volonté d’autocritique, sans une esquisse de bilan d’étape, préférant passer son temps, l’essentiel de son interview, à m’attaquer. Si le pouvoir voulait être sérieux, il ne ferait pas une fixation sur la personne de Jean Ping, alors que les problèmes que je pose aujourd’hui sont largement évoqués dans le document que le Front (constitué de quatorze personnalités) de l’opposition a rendu public il y a seulement quelques semaines. Comme si c’était à cause de Jean Ping que les Gabonais souffrent à ce jour, plus que par le passé, de mal logement, de manque d’infrastructures routières, de déficit de structures hospitalières et d’un système de santé digne de ce nom. Ce n’est pas à cause de moi que l’Ecole est en panne dans notre pays, que l’enseignement supérieur est à l’agonie, que les fonctionnaires voient leurs maigres acquis sociaux et avantages diminués, supprimés, que le pouvoir d’achat des catégories les plus défavorisées s’amenuise, que certaines catégories de Gabonais mangent dans les décharges publiques, etc. C’est à cause de la mauvaise politique, de l’amateurisme, du dilettantisme du pouvoir en place et de la culture mafieuse qui règne au plus haut sommet de l’Etat que les Gabonais broient la misère au jour le jour et côtoient l’indigence sociale tous les jours que Dieu fait.
Quel président démocrate avez-vous vu dissoudre un parti politique de l’opposition ?
Quel président démocrate avez-vous vu détourner les salaires des hauts cadres de la Fonction publique en activité ? Quel président démocrate avez-vous vu confisquer les médias publics financés par l’argent du contribuable ? Quel président démocrate avez vous vu installer les forces de sécurité et de défense dans un campus universitaire, faire emprisonner des étudiants, faire écouter les conversations privées de ses compatriotes au mépris de la Constitution qui garantit la liberté de communication ?

Pourtant le chef de l’Etat a dit que vous avez loué sa politique au début de son mandat.

Jean Ping : Je suis un citoyen honnête, consciencieux de l’état de délabrement avancé de notre pays : le tissu social est complètement déstructuré, l’économie va à vau-l’eau, des pratiques mafieuses se développent à toutes les échelles de l’administration, les niveaux de corruption battent des records, le système judiciaire est en lambeaux. Les méfaits de cette politique, actuellement en cours, atteignent une ampleur sans précédent.

Ce n’est pas moi seul qui le dis : les experts et les observateurs sont quasiment unanimes. Les Gabonais ne savent plus à quels saints se vouer. Et quand j’entends monsieur Ali Bongo déclarer que j’ai loué sa politique, comme s’il avait besoin de ma caution pour faire mieux, j’ai le devoir, au nom de la vérité, de rappeler les circonstances et le contexte. La réalité est la suivante : lors de sa première participation à un sommet de l’Union Africaine, en tant que chef d’Etat, je lui avais dit en marge du sommet, je cite : « Vous donnez aux Gabonais le sentiment de ne pas être tribaliste et que vous voulez résolument lutter contre la corruption, d’autant plus que vous avez renouvelé le gouvernement et réduit son effectif. » Au départ, certains Gabonais semblaient adhérer à cette politique, en y voyant des signes encourageants. Mais nous savons aujourd’hui tout ce que cela est devenu : des mots et des effets d’annonce. Les Gabonais déchantent alors et disent d’ailleurs avec humour que nous sommes dans une république des maquettes, allusion faite aux nombreux vrais faux projets dont la réalisation n’aboutit jamais, sinon très rarement.

De la même façon, je lui avais dit un jour que je ne voulais plus trop m’engager en politique. Cette décision avait été prise en rapport avec mon projet à l’époque de mettre en place un cabinet de consulting. Je l’évoque aussi clairement dans mon livre. Mais je me suis mis à observer pendant deux ans certaines dérives, une certaine gestion de la chose publique venue d’un autre âge, une gouvernance calamiteuse et des catastrophes économiques et sociales et que tout le monde a pu observer.
A cet effet, lorsque les Souverainistes sont venus me sortir de mon silence, j’ai pensé que c’était une excellente occasion pour éviter que le silence que j’avais observé jusqu’ici ne soit pas interprété comme un signe d’approbation ou un adoubement. J’ai donc décidé de sortir de ma réserve. Le reste est connu.

Le président de la République évoque des ruptures de contrats en votre défaveur pour justifier votre positionnement actuel.

Jean Ping : Pas du tout ! Cela dit, mon cabinet travaille un peu partout en Afrique et dans le monde en général. Sauf au Gabon, pour éviter précisément le genre de critiques sans fondement, fallacieuses comme celles qui sont faites par monsieur Ali Bongo, au sujet des prétendues ruptures de contrats. Tout comme je sais que des accusations mensongères pour me discréditer ou pour décourager une éventuelle candidature de ma part ont été portées sur ma personne en rapport avec le dossier de Belinga. J’en ai suffisamment parlé. Il suffirait de se référer à certaines parutions de l’hebdomadaire « Echos du Nord ». Je n’ai absolument rien à voir avec toutes ces accusations. Toutes les autres connivences que l’on me prête par ailleurs avec Total sont complètement ridicules.

Ali Bongo affirme être allé vous chercher pour devenir le directeur de cabinet de son père. Quelle est la réalité ?

Jean Ping : Pour ce qui est de ma nomination comme directeur de cabinet du président Omar Bongo, je dois préciser que je vivais en France depuis une vingtaine d’années en exil volontaire, surtout après l’emprisonnement en 1972 de mon frère, Maître Agondjo Okawe, et de mon cousin, Joseph Rendjambe. J’étais fonctionnaire international à l’Unesco, où j’avais l’intention de faire carrière.

Et j’étais très heureux dans cette fonction lorsque l’ambassadeur du Gabon en France de l’époque, monsieur Marcel Sandoungout, est venu me proposer, sur instruction, m’avait-il dit, du président Omar Bongo, de devenir ambassadeur du Gabon auprès de l’Unesco. Après de longues hésitations, j’ai accepté d’occuper ce poste en dépit du fait que mon nouveau salaire était inférieur à celui que je percevais à l’Unesco. Je dois préciser que j’avais obtenu de cette organisation un congé sans solde de deux ans pour assurer mes arrières. Alors que je m’apprêtais à regagner l’Unesco, à la demande du directeur général de l’époque, Amadou Matar Mbow, pour occuper le poste de directeur de cabinet, j’ai été surpris d’être nommé, sans consultation, en avril 1984, directeur de cabinet du président Omar Bongo. Je viens d’apprendre à travers l’émission du 17 août, l’interview de monsieur Ali Bongo, que cette nomination relevait non pas du président de la République lui-même, comme je le croyais, mais d’une proposition de monsieur Ali Bongo. Il eût été bon pour moi de savoir quelles furent les motivations profondes à l’origine de cette nomination.

Peut-être que mon ami Albert Yangari, qui était à ce moment-là directeur de cabinet privé du président Omar Bongo, en sait quelque chose. Il faudrait peut être plutôt l’interroger à ce sujet. Fut-ce parce que mes frères étaient des opposants irréductibles ? Fut-ce parce que le directeur général de l’Unesco voulait me nommer directeur de cabinet ? Fut-ce pour des raisons insondables ? Vraiment je n’en sais rien.

Et qu’en est-il de vos fonctions à la tête de la Commission de l’Union africaine ?

Jean Ping : Pour ce qui se rapporte à mes fonctions à la tête de la Commission de l’Union africaine, j’apprends là aussi de monsieur Ali Bongo que le Président de la République, Omar Bongo, n’était pas au fait de ma proposition et qu’il en fut plutôt simplement informé par Albert Tevoedjere (un Béninois) et que le choix du Président s’était plutôt porté sur mon prédécesseur, en la personne d’Alpha Oumar Konare, qui avait pourtant déjà déclaré à l’époque, un an auparavant, vouloir se retirer de la course après son premier mandat. Toutes ces déclarations que monsieur Ali Bongo a faites pendant son interview à l’adresse de la nation me surprennent. Je prends donc acte que j’ai présidé la Commission de l’Union Africaine contre la volonté du Président Omar Bongo.

Je précise au passage que l’élection à la tête de la Commission de l’Union Africaine se fait entre 53 chefs d’Etat, non gabonais par définition et qu’il est tout à fait normal que la campagne soit menée, non pas en interne, mais tout naturellement en dehors du Gabon auprès des autres pays frères et membres de l’Union Africaine. Cette espèce d’amalgame qui est fait pour justifier la présence de Maixent Accrombessi aux plus hautes responsabilités de notre pays ne peut pas tenir et va se dissiper très vite sans jamais tromper personne. Moi qui croyais que le président Omar Bongo m’avait soutenu… J’apprends aujourd’hui que ce n’était pas le cas. Là aussi je prends acte.

Le chef de l’Etat a semblé insinuer lors de son intervention que vous étiez contre Kadhafi, alors que son porte parole vous qualifié d’ami de Kadhafi. Qui croire en réalité ?

Jean Ping : C’est une contradiction qui en dit long sur la nature de ce régime. Monsieur Ali Bongo vient contredire publiquement son porte-parole. Plus sérieusement, à propos de Mouamar Kadhafi, moi j’ai l’avantage d’avoir écrit un livre sur le sujet. Donc je ne peux pas m’aventurer avec un tel manque de rigueur et toutes les imprécisions subséquentes et les contrevérités qui s’ensuivent à venir gloser juste pour répondre au fameux adage : « La nature a horreur du vide. » Le livre que j’ai écrit est très clair sur la question, et donc je n’élucubre pas. Moi je sais me taire quand je n’ai rien à dire. Il faut que les responsables politiques et les hommes de pouvoir, ceux qui ont la lourde tâche de conduire les destinés de toute une Nation, apprennent parfois à se taire. A certains moments ou dans certaines situations, la parole est d’argent et le silence est d’or.

Pourtant je dis clairement dans ce livre les problèmes que j’avais avec Kadhafi et Bachir, son directeur de cabinet. Je ne m’en cache pas. Il suffit de s’y référer et de bien lire ce que j’ai écrit. Mais je dis également dans ce livre qu’il ne s’agissait pas de défendre Kadhafi, mais un certain nombre de principes et de propositions faites par l’ensemble des chefs d’Etats dont les Etats sont membres de l’Union Africaine. C’était mon devoir de promouvoir et de défendre la position de l’Union Africaine et non pas la position de monsieur Ali Bongo. Nous avons donc défendu cette position de l’Union Africaine qui privilégiait une issue pacifique de la crise libyenne, sans intervention militaire étrangère. Le Gabon, comme il l’a dit lui-même, a donc manqué à ses engagements en approuvant ce qui s’est passé en Libye et en violant la décision de l’Union Africaine.

Monsieur Ali Bongo a voté en faveur de la Résolution 1973 autorisant le bombardement de la Libye avec les conséquences que l’on connaît aujourd’hui : dislocation de la Libye, développement du terrorisme, etc. Il donne l’impression d’être fier de ce qu’il a fait. Pas moi. Aujourd’hui, dans les débats en cours, les Français reconnaissent que la Libye est devenue l’Afghanistan de proximité de l’Europe. C’est peut-être son droit souverain d’avoir opté pour cette position, mais il était également du mien de défendre la position de l’Union Africaine et non pas de la violer. En plus j’étais payé pour faire correctement mon travail. Je vous suggère, pour compléter cette information, de lire mon ouvrage intitulé : « Eclipse sur l’Afrique ».

Il est étonnant d’entendre monsieur Ali Bongo déclarer que j’étais l’ennemi de Kadhafi, alors même que son porte-parole, Alain Claude Bilie By Nze, affirmait sur France 24 que j’en étais l’ami.

Le même Ali Bongo affirme dans son interview qu’il était déjà au commande il y a trente ans au point de suggérer la nomination d’une directeur de cabinet, et peut-être de ministres, alors même que son porte-parole déclare qu’il n’est pas comptable de ce qui été fait avant lui.

L’échec de la position occidentale appuyée par monsieur Ali Bongo est illustré par le drame que vit aujourd’hui la Libye et les dégâts collatéraux causés notamment au Mali, au Niger, dans tout le Sahel en général. Vous voyez, l’on ne peut juger une politique que par ses résultats, et l’échec de cette politique est là, imparable.

Une organisation non gouvernementale gabonaise vient d’annoncer son intention de vous traîner en justice. Votre réaction et votre mot de la fin ?

Jean Ping : Je sais qu’on veut utiliser tous les moyens pour m’empêcher d’être candidat, soit par une élimination physique, soit par un procès injuste suivi d’une condamnation fallacieuse, soit par une modification abusive de la Constitution. Mais les Gabonais ne se laisseront pas faire. Ils vont vouloir m’intimider pour me faire partir du Gabon, mais je ne partirai pas. J’exige de développer tout ce que je dis ici sur le plateau de la télévision nationale gabonaise, en vertu de mon droit de réponse.

Propos recueillis par Jean Michel Sylvain d’Echos du Nord.

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