6e législature

Gabon : Sans adversaire et à huis clos, Huguette Nyana Ekoume élue présidente du Sénat

Gabon : Sans adversaire et à huis clos, Huguette Nyana Ekoume élue présidente du Sénat
Gabon : Sans adversaire et à huis clos, Huguette Nyana Ekoume élue présidente du Sénat © 2025 D.R./Info241

La boucle des nouvelles désignations institutionnelles de la Ve République s’est poursuivie ce mercredi au Palais du Sénat. À l’issue d’une élection interne organisée à huis clos, la sénatrice UDB Huguette Nyana Ekoume a été élue par ses pairs pour présider la chambre haute du Parlement gabonais pour les cinq prochaines années. Unique candidate dans un parlement controlé à plus de 69% par le parti présidentiel, son élection a été une lettre à la poste à huis clos. Dans une règle non écrite, héritée de l’ère Bongo, le « perchoir » du Sénat est de nouveau revenu à une femme, prolongeant une tradition devenue quasi automatique. La nouvelle présidente ouvre ainsi la 6e législature du Sénat gabonais sur une continuité de forme, mais avec des attentes de fond.

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Le Sénat a depuis ce 17 décembre sa nouvelle patronne. Après Rose Francine Rogombé, puis Lucie Milebou Aubusson, et juste après elle, Paulette Missambo, Huguette Nyana Ekoume devient consécutivement la quatrième femme à diriger l’institution issue des grands électeurs eux-mêmes issus des élections municipales et départementales d’octobre dernier. La présidence sortante, Paulette Missambo, a rendu également son tablier hier, cédant son fauteuil à sa successeure dans un passage de témoin sans suspense. La symbolique est forte : dans un paysage politique où les présidences des institutions sont scrutées à la loupe, le Sénat demeure l’une des rares places où la féminisation du sommet est la règle. Reste à savoir si cette continuité de genre s’accompagnera d’un changement de méthode et de cap parlementaire au profit du peuple.

Un CV qui en dit long

Originaire de l’Ogooué-Ivindo, Huguette Nyana Ekoume arrive au perchoir avec un profil d’administratrice-juriste, davantage technicienne que tribune. Juriste de formation, elle est spécialisée en gestion du contentieux administratif, en arbitrage administratif, en gestion administrative et en rédaction juridique. Son parcours académique s’appuie sur un Diplôme de cycle A1 de l’École nationale d’administration (ENA) de Libreville obtenu en 2005, une Maîtrise en droit public de l’Université de Lomé (2003) et un Baccalauréat A1 décroché au Lycée national Léon M’ba en 1996. Cette trajectoire, marquée par le droit public, la place naturellement au cœur des enjeux de procédure, d’encadrement des débats et de sécurisation des décisions de la chambre. À ce niveau de responsabilité, c’est souvent moins le discours que la maîtrise des règles qui fait l’autorité.

La présidente du Sénat saluée par ses pairs

Dans l’appareil d’État, son curriculum renvoie à des fonctions où la rigueur et la chaîne de décision priment sur l’exposition médiatique. Elle a occupé plusieurs postes de responsabilité, dont Secrétaire général par intérim au ministère de l’Économie, des Finances, de la Dette et des Participations, ainsi que Conseillère du Premier ministre. Elle a aussi été Directrice générale de l’Agence judiciaire de l’État, un poste où l’on apprend à gérer le contentieux, les risques, et les arbitrages à haute intensité politique. Depuis 2022, elle siège également à la Commission d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale, une mention qui crédibilise une expérience au contact de normes et de standards externes. Pour le Sénat, cette technicité peut être un atout, à condition de la convertir en capacité d’écoute et de conduite du débat parlementaire.

Une militante de l’UDB élue en novembre

Politiquement, Huguette Nyana Ekoume s’inscrit dans la dynamique de l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), formation désormais centrale dans l’architecture du pouvoir. Elle a été élue sénatrice de Makokou lors des dernières élections sénatoriales, ce qui installe l’Ogooué-Ivindo dans les équilibres de la chambre haute. Mariée et mère de famille, elle est décrite par ses proches comme une femme de rigueur, d’engagement et de compétence, des qualificatifs souvent mobilisés à l’heure des investitures, mais qui engagent désormais son action. Le Sénat, dans cette phase de recomposition institutionnelle, attend une présidence capable de tenir la ligne entre loyauté politique et crédibilité parlementaire. Sur ce terrain, son profil de juriste peut être une promesse, mais il sera jugé à l’épreuve.

La nouvelle patronne du Sénat posant avec le président gabonais

Son élection s’inscrit enfin dans une chronologie qui éclaire la mécanique électorale locale. Le 8 novembre, elle était candidate unique dans la commune de Makokou et avait obtenu la confiance de 17 des 23 grands électeurs, dans un scrutin marqué par un taux de participation annoncé à 73,91 %. Avec l’absence de concurrence, elle avait recueilli 100 % des suffrages exprimés, un chiffre qui dit moins l’adhésion que le verrouillage du casting. Ce mercredi, la scène se répète à une autre échelle : même seule en lice, l’élection interne s’est tenue à huis clos, comme pour consacrer le rituel avant la fonction. La présidence du Sénat change de nom, mais la mécanique, elle, reste parfaitement huilée.

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