Hommage

Mort inexpliquée de l’opposant gabonais Joseph Rendjambé : 27 ans déjà !

Mort inexpliquée de l’opposant gabonais Joseph Rendjambé : 27 ans déjà !
Joseph Rendjambé était universitaire, haut-fonctionnaire et homme politique gabonais © 2017 D.R./Info241

A l’occasion de la disparition toujours inexpliquée à ce jour de l’opposant Joseph Rendjambé le 23 mai 1990 à Libreville, la rédaction d’Info241 a décidé de lui rendre hommage en sortant des archives, un article évoquant sa mort et publié dans le quotidien L’Union dont il était le PCA. La mort Joseph Rendjambé avait profondément bousculé la vie politique gabonaise et conduit à des émeutes alors que venaient d’être clos les travaux de la Conférence nationale.

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Retour sur les contours toujours ombragés de la mort de ce personnage emblématique de la démocratie au Gabon. Une mort suspecte où les noms d’Omar Bongo et de son fils Ali Bongo figuraient en tête de liste des probables commanditaires du meurtre du principal leader de l’opposition gabonaise. Un meurtre non élucidé parmi tant d’autres victimes du régime Bongo, en place au Gabon depuis 1967.

Pour rappel, Joseph Rendjambé avait été retrouvé mort le 23 mai 1990 dans la chambre n°645 de l’hotel Dowé où il avait rendez-vous avec une mystérieuse madame Canon. Sa mort avait entraîné des troubles dans le pays et notamment placé la province de l’Ogooué-maritime, dont il était originaire, en état de siège. Joseph Rendjambé était réputé pour son franc-parler, sa jovialité, et sa passion pour tout ce qui touchait à l’intégrité de son pays, nous rappelait déjà L’Union de ces lendemains troubles.

L’article relatant les circonstances du décès de Joseph Rendjambé

Mort de M. Rendjambé dans des conditions indéterminées

L’émotion était vive hier dans les rues de la capitale où l’on venait d’apprendre le décès dans la nuit du 22 au 23 de M. Joseph Rendjambé, directeur général do la Sonadig. président du conseil d’administration de la Sonapresse (L’Union) et membres du conseil d’administration de la station panafricaine Africa N°1. Au moment a nous mettons sous presse, l’origine de cette mort n’est pas élucidée.

Toujours est-il que dans la soirée de mardi à mercredi, le défunt a été contacté par une dame mystérieuse pour un rendez-vous a l’hôtel Dowé. M. Rendjambé se fera accompagner par son chauffeur a cet hôtel situé en face de la cathédrale Sainte-Marie. Il monte au 6e étage dans une chambre d’où il ne ressortira plus vivant.

Le chauffeur, poux avoir trop attendu jusqu’à une heure avancée de la nuit, commence à s’inquiéter. Pris de panique, il repart au domicile de son patron pour informer l’épouse et les enfants de celui-ci. Quand il revient avec eux au Dowé, ils font ouvrir la porte et découvrent contre toute attente, un corps inerte sur la moquette de la chambre du 6e étage.

L’homme est sans ses chaussures, la ceinture dégrafée et la chemise remontée sur la poitrine. Mais sur son ventre on découvre deux marottes suspectes comme si le défunt avait été piqué par une seringue, diront tes premiers témoins. Le procureur général demande alors l’ouverture d’une enquête judiciaire. Mais pour les proches comme pour l’opinion publique, il y a comme un mystère qui entoure cette mort. Mort accidentelle ? Arrêt cardiaque ayant nécessité des soins médicaux immédiats ? Assassinat ou règlement de compte ? La vérité devra jaillir au plus vite pour calmer les esprits.

M. joseph Rendjambé, la cinquantaine, carrure de roc, regard étincelant, le verbe passionné et la voix rocailleuse, avait fait de brillantes études en Europe de l’Est, plus précisément en Tchécoslovaquie où il obtiendra un doctorat en sciences économiques. Cet économiste, pour des raisons politiques, ne rentrera pas tout de suite dans son pays. Il empruntera le chemin de l’exil.

Mais quand il rentre au Gabon, il enseignera à l’université avant de servir comme secrétaire général de la Commission nationale d’investissements, puis à la Chambre de commerce et, depuis quelques années, à la direction de la Sonadig. Parallèlement à cette fonction, il a présidé depuis mars 1988, le conseil d’administration de la Sonapresse L’Union où, sous sa houlette, le quotidien gabonais a opéré un redressement spectaculaire. Il sera aussi l’auteur du contrat-programme que la Sonapresse conclura avec l’Etat. Sur le plan politique, l’homme occupait la fonction de secrétaire général du Parti gabonais du progrès (PGP) l’une des formations de l’opposition.

Une enquête a été diligentée par le parquet afin de faire la lumière sur cette disparition brutale. Une autopsie a été prescrite et il y a lieu d’attendre les résultats pour en tirer les premières conclusions. Toutefois, les enquêteurs devront s’attacher à retrouver la mystérieuse femme disparue dans la nature. Les employés de l’hôtel Dowé pourront-ils la reconnaître et d’ailleurs s’est-elle bien enregistrée à la réception sous sa véritable identité ? Cette inconnue doit conneries très certainement la vérité puisqu’elle a du assister aux derniers moments de notre regretté président du conseil d’administration de Sonapresse.

Les questions que tout un chacun se posent méritent dos réponses précises, seules susceptibles de calmer les esprits bouleversés par la terrible nouvelle de la mort de M. Joseph Rendjambé. Depuis l’annonce de celle-ci, on a assisté à des débordements de manifestants tant à Libreville qu’a Port-Gentil.

Article original publié le jeudi 24 mai 1990 dans L’Union n°4314 sous la plume de Dady Bouchard

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