Présidentielle au Gabon : 15,3 milliards à trouver pour espérer faire campagne !
Depuis l’annonce, le 22 janvier au soir, de la tenue de l’élection présidentielle au Gabon le 12 avril prochain par le gouvernement, aucun candidat ne s’est encore officiellement déclaré. Cinq jours plus tard, le silence qui règne semble être un signe révélateur : les moyens financiers nécessaires pour participer à cette course présidentielle dissuadent les aspirants « gazelles » ou farfelus.
Une barrière financière inédite
Le nouveau code électoral, adopté le 19 janvier par les parlementaires de la transition, impose un plafond de dépenses de campagne à 10 milliards de francs CFA pour le premier tour, accompagné d’un cautionnement de 30 millions. En cas de second tour, les dépenses sont également plafonnées à 5 milliards, portant le total minimal nécessaire à 15,3 milliards pour mener une campagne complète dite modeste.
À défaut d’accéder au second tour, tout candidat devra tout de même disposer de 10,3 milliards pour espérer participer. Ces montants faramineux érigent une barrière quasi insurmontable pour de nombreux prétendants, notamment les indépendants ou ceux issus de petits partis politiques, qui doivent désormais compter sur un « sacré portefeuille » pour financer leurs ambitions.
Le paysage politique bouleversé
La donne est d’autant plus compliquée qu’il n’y a plus de parti au pouvoir depuis le coup d’État militaire du 30 août 2023, qui a vu les membres du Parti démocratique gabonais (PDG) perdent leurs accès continue au nerf de la guerre. Les anciens barons de cette formation, bien que devenus critiques vis-à-vis du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), se retrouvent sans accès aux réseaux financiers qu’ils utilisaient autrefois.
L"un des challengers issus des rangs du PDG, Alain Claude Billie-Nzé, a préféré encore samedi lors d’un point de presse entretenir le suspense sur son éventuelle candidature. Les « robinets » ne coulent plus pour eux, et ils devront désormais trouver ces sommes colossales par leurs propres moyens pour rivaliser avec une éventuelle candidature du président de la transition, dont les appels à se porter candidat se multiplient.
Un défi titanesque
Pour les candidats indépendants, la tâche semble encore plus ardue. Sans parti structuré ni base financière solide, ils devront mobiliser des ressources significatives pour prétendre à une campagne viable. Cette situation réduit de facto la diversité des candidatures et limite les chances pour des profils émergents ou alternatifs de s’imposer. Surtout que cette somme est à mobiliser dans un espace très court en raison de la pré-campagne qui doit déjà démarrer.
L’élection présidentielle d’avril 2025 s’annonce comme un défi non seulement politique, mais aussi financier. Le nouveau cadre réglementaire, censé garantir une certaine équité, risque en réalité de concentrer la compétition autour de quelques candidats capables de mobiliser des moyens exceptionnels. L’épilogue de cette course sera connu dès le 12 avril, à l’issue du premier tour, sauf en cas de second tour qui promet de prolonger cette bataille financière et politique.
Ainsi, la présidentielle de 2025 ne sera pas seulement une affaire d’idées et de programmes, mais aussi une question de moyens, où seuls les plus solides économiquement pourront espérer s’imposer.
@info241.com