Présidentielle 2016 : le duel Jean Ping vs Ali Bongo à la merci du peuple ou de l’armée ?
Dans cette analyse poignante le président du mouvement Conscience Gabonaise, Roméo Ndimina, y va de son pronostic pour dépeindre les personnalités candidates à la prochaine joute présidentielle gabonaise de cette fin d’année.
Pour ce citoyen résidant en France, qui en élude l’issue probable, l’armée ou le peuple pourrait bien tenir le premier rôle pour départager les deux principaux challengers que sont selon lui, le candidat sortant Ali Bongo et le probable nouvel entrant Jean Ping. Décryptage.
Le paysage politique gabonais abonde de moult personnalités aux intelligences dynamiques. Le chef de file d’Héritage et Modernité Alexandre Barro Chambrier et l’actuel Président de l’Assemblée nationale Guy Nzouba Ndama, du parti au pouvoir ; et Jean de Dieu Moukagni Iwangou, Casimir Oye Mba, Pierre Maganga Moussavou ou Zacharie Myboto, de l’opposition sont des personnalités sur lesquelles se dessinent assurément le rêve présidentiel.
Toutefois, la mécanique de chaque acteur et au regard des forces en présence, deux hommes sortent du lot pour voler au-dessus de la mêlée : Jean Ping et Ali Bongo Ondimba. Nous l’affirmons clairement : ces deux-là sont frères puisque tous deux fils d’Omar Bongo Ondimba. Que cela s’entende bien, je ne parle pas de filiation biologique mais politique. Jean et Ali ont tous deux fait leurs premiers pas en politique sous le regard bienveillant d’El Hadj Omar Bongo dont les orientations les ont mené au sommet de leur carrière.
Si Jean Ping assume clairement cette filiation politique avec le ’’Grand Camarade’’ fondateur, Ali Bongo Ondimba se contente de nommer son « père » comme son « prédécesseur », sans doute pour se distancier du bilan cataclysmique qu’Omar lui-même confessera par la phrase devenue culte : « Dieu ne nous a pas donné le droit de faire du Gabon ce que nous sommes en train de faire... »
Aujourd’hui, farouchement opposé l’un à l’autre, Ali Bongo Ondimba et Jean Ping savent pertinemment qu’au sortir de la grande messe électorale de 2016, un seul des deux détiendra le fauteuil présidentiel, l’autre devra s’enfuir...
Ali Bongo Ondimba, challenger sortant, compte annoncer sa candidature le 12 mars prochain selon les bruits de couloirs. Il semble toutefois au plus bas de l’estime du Peuple. Entouré de personnes qui ne valent que par une rhétorique autoritaire ou vide d’influence, Ali a vu nombre de ses projets manquer de réussite ou être exécutés avec impertinence, amateurisme et donc incompétence. L’actuel Président du Gabon peut paraître fiévreux car des démissions en cascade de son parti se sont succédées durant son mandat.
Je lis dans ses déclarations une affliction, un malaise avec les assurances conjoncturelles de son mandat présidentiel qui s’achève systématiquement dans une asthénie pour des populations désabusées, presque fatiguées de pointer le lucre de Bongo et de ses proches collaborateurs. Ping a reproché à Ali Bongo de ne pas tenir véritablement les rênes de l’État, au grand bonheur de son fidèle ami abusivement affublé du nom Nkani.
Mais Ali pense détenir une pièce maîtresse dans cet affrontement qui se prépare : l’armée qui a toujours su mater les contestations. Une armée organisée et bien entraînée, qui commence toutefois à avoir des remords, à se poser des questions sur ses devoirs. Je l’espère tout au moins... Le chef de la majorité présidentielle, le Premier Ministre, le professeur Ona Ondo et une partie du Gouvernement ont dû se travestir en militaires pour quêter l’adhésion de nos forces armées. Cette stratégie d’accoutrement parfumée de promesses suffira-t-elle à convaincre ou à aliéner les forces Armée de la République Gabonaise cette fois encore ?
Pour ce qui est de Ping, il a clairement déjà annoncé sa candidature adoubée par une masse de poids lourds de la vie politique gabonaise. Il semble bénéficier également de soutiens au sein de la Communauté Internationale. Il aurait les faveurs de la France qui verrait en lui quelqu’un capable de stabiliser le Gabon. Une grande partie de la diaspora lui est acquise : fortement soutenue par le mouvement Conscience Gabonaise, Femmes d’Honneur des 9 Provinces et la Convention de la Diaspora Gabonaise (initiatrice du Congrès International de l’Opposition Gabonaise à Paris qui se tint du 5 au 7 décembre 2014), de Gabonais regroupés au sein de la Galaxie Ping et bien entendu d’une franche de la diaspora Gabonaise des USA.
Des Comités de soutien naissent urbi et orbi pour soutenir Ping bien que certains lui reprochent son passif pédegiste. Par ailleurs, sur le plan national, Ping applique la même stratégie que Mba Abessolo en 1993 : il parcourt le pays dans tous ses recoins pour parler aux Gabonais et entendre leurs impatiences. Fort de calibres comme René Ndemezo’o, dernier plaqueur du PDG, Ping crée un raz-de-marée sur son passage. Les chefs coutumiers, dont le roi spirituel des populations Benga, n’hésitent pas à lui donner bénédiction et lui prédire une issue positive. Le charme semble prendre : femmes, hommes et enfants accourent aux causeries de Jean Ping...
Le Peuple jouera-t-il son va-tout sur cette élection ? L’armée qui jusqu’à présent a eu du mal à se distinguer de façon républicaine, saura-elle faire honneur à la Nation comme celle du Pays des Hommes Intègres par une neutralité objective ? Allons-nous connaître une autre crise nationale qui découlera sur la course à la soupe comme les années précédentes ? Ou le miracle viendra-t-il des instances du PDG qui, murmure-t-on, seraient prêtes à admettre l’impensable : la défaite !
Dans tous les cas, le Peuple devra faire face à ses responsabilités ; Il devra choisir entre s’enfuir lorsque flagellera la matraque et quand tonnera le canon ; ou puiser dans ses ressources la fierté, le courage et la force Bantu caractéristiques des Hommes et Femmes Libres de l’Humanité. Ne dit-on pas que seul le Peuple est souverain ? Alors, Peuple Gabonais choisis ta destinée !
Roméo M. Ndimina
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