Oligui Nguema créé son parti à 10 vice-présidents et confie les clés à Mays Mouissi

Le président gabonais Brice Clotaire Oligui Nguema a lancé ce samedi 5 juillet l’Union démocratique des bâtisseurs (UDB), un tout nouveau parti politique placé sous la houlette de Mays Mouissi, épaulé par dix vice-présidents représentant les neuf provinces du Gabon et la diaspora. L’événement fondateur s’est déroulé au Palais des Sports de Libreville devant une foule estimée à plus de 10 000 personnes.

La création de l’UDB intervient près de deux ans après le renversement du Parti démocratique gabonais (PDG) d’Ali Bongo et trois mois après l’élection présidentielle remportée par Oligui Nguema avec près de 95 % des suffrages. En choisissant d’officialiser sa formation politique, le chef de l’État ancre davantage son pouvoir tout en affirmant sa volonté de rupture avec le passé. « Je ne souhaite pas créer un parti électoraliste qui instrumentalise les élections », a-t-il déclaré.
Mays Mouissi au centre du jeu politique
Mays Mouissi, ministre de l’Environnement et désormais secrétaire général de l’UDB, est chargé de piloter cette formation inédite. Dans sa première prise de parole, il a invité les militants à s’engager pour « la construction du Gabon nouveau », tout en s’engageant à « incarner la vision du président fondateur ». Une lourde responsabilité pour ce technocrate de 44 ans, désormais au centre du jeu politique de la majorité.
Le secrétaire général installé dans ses fonctions hier
Autour de lui, une équipe resserrée : dix vice-présidents, chacun en charge et originaire d’une province du pays, et un pour la diaspora. Cette structuration vise à doter le parti d’un ancrage territorial fort et à assurer une représentation géopolitique inspirée de l’ère Omar Bongo. L’objectif est clair : asseoir le parti sur l’ensemble du territoire tout en mobilisant les Gabonais de l’étranger.
Un parti inclusif, pas électoraliste
« En tant que président fondateur, j’ai voulu que toutes les voix comptent », a souligné Oligui Nguema. Il a ainsi instruit les instances installées d’accélérer la campagne d’adhésion. Ce parti, a-t-il insisté, ne doit pas être une machine à conserver le pouvoir, mais un « outil de construction collective ». Le ton est donné : l’UDB veut se présenter comme un parti d’action, pas d’ambition personnelle.
Le président fondateur au cours de son discours d’une trentaine de minutes
La cérémonie de lancement a été marquée par la présence remarquée d’anciennes figures du PDG mais aussi de celles hustoriques comme Jean Ping et Jean-Boniface Assélé. Si cette continuité soulève des interrogations, Oligui Nguema a affirmé que l’UDB prône la rupture. « Nous posons les fondations d’un édifice nouveau », a-t-il lancé, tout en appelant à un dépassement des anciennes appartenances partisanes.
Un slogan ambitieux, une devise claire
La ligne idéologique du parti est social-démocrate, et les militants se désignent désormais comme les « Démocrates Bâtisseurs ». Son slogan, « Ensemble, bâtissons le Gabon nouveau digne d’envie », et sa devise, inclusivité, développement, félicité, traduisent l’ambition d’un changement de cap à la fois politique et moral. Le parti se veut ouvert à toutes les couches de la société.
L’ambiance au palais des Sports de Libreville
Une place importante est également accordée à la jeunesse. Anicet Engo a été nommé président de la Ligue des jeunes bâtisseurs, le bras armé de la jeunesse du parti. Ce dernier a promis d’installer rapidement les structures provinciales et d’œuvrer à l’éveil politique des jeunes Gabonais. « Notre génération ne sera pas spectatrice », a-t-il déclaré, en remerciant le chef de l’État pour sa confiance.
Un comité pour écrire les règles du jeu
Sur le plan organisationnel, le comité chargé de rédiger les statuts du parti a été installé. Il est présidé par le professeur Marc-Louis Ropivia, épaulé par le premier vice-président Ulrich Manfoumbi Manfoumbi. Leur mission : doter l’UDB de textes fondateurs capables de garantir son fonctionnement démocratique et sa transparence, à l’opposé de la centralisation extrême qui caractérisait l’ancien PDG.
Tout en appelant les responsables politiques d’autres partis à rejoindre son projet, Oligui Nguema a prévenu : « Ceux qui viennent doivent être des bâtisseurs, pas des saboteurs ». Il a insisté sur l’importance du dialogue, de la co-construction et de la responsabilité dans l’action publique. La porte est ouverte, mais la ligne est tracée.
Un pari politique audacieux
Cette annonce marque une nouvelle étape dans la refondation du paysage politique gabonais. En créant son parti tout en refusant de lui conférer un rôle purement électoral, Oligui Nguema cherche à imposer un modèle hybride, mêlant légitimité populaire, encadrement politique et réforme institutionnelle. Un pari risqué, mais assumé.
Reste à voir si l’UDB, avec son architecture nouvelle et ses ambitions déclarées, saura échapper aux travers des partis présidentiels classiques en Afrique centrale. Pour l’heure, Brice Clotaire Oligui Nguema a placé Mays Mouissi au centre du dispositif, avec mission d’incarner une gouvernance différente. Le chantier commence.
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