La Présidence gabonaise fait le point des réformes en cours et recadre sèchement les Bongo Valentin

La présidence de la République gabonaise a tenu ce vendredi 4 juillet une conférence de presse à Libreville. Face aux médias nationaux et internationaux, le porte-parole Théophane Junior Nzame-Nze Biyoghe a présenté pour sa seconde sortie du genre, les récentes avancées engagées par le chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, sur les plans économique, infrastructurel et diplomatique.

Mais l’un des moments les plus scrutés de ce point de presse aura été la réaction officielle du Palais aux accusations lancées la veille par Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo Valentin. Un point de presse dense, où la présidence a affiché à la fois son agenda réformiste et sa fermeté face aux manœuvres de l’ancien régime.
Un projet numérique d’envergure avec Cybastion
Dans le volet numérique, la présidence a mis en avant la signature récente d’une convention stratégique entre l’État gabonais et le groupe américain Cybastion. Ce partenariat prévoit la construction d’un Data Center national à Libreville, pierre angulaire d’un écosystème numérique souverain, sécurisé et performant. Le projet vise à réduire la dépendance technologique du pays et à renforcer la cybersécurité des institutions publiques.
Une vue de la salle de presse présidentielle
Mais au-delà des infrastructures, cette convention porte une dimension sociale forte : 1 000 jeunes Gabonais bénéficieront d’une formation gratuite dans les métiers du digital, afin de constituer une nouvelle génération de compétences locales au service de l’économie numérique nationale. « C’est une étape vers une véritable souveraineté numérique et un emploi qualifié pour notre jeunesse », a déclaré le porte-parole.
Deux axes routiers structurants pour désenclaver l’intérieur du pays
Le volet infrastructures a été particulièrement détaillé. Le porte-parole a confirmé la signature d’une convention tripartite entre l’État, le groupe EBOMAF et BGFIBank pour la construction de la route Ntoum–Cocobeach, longue de 83 km. Ce chantier comprend deux voies carrossables, neuf ponts et 133 ouvrages hydrauliques, pour un coût estimé à plus de 100 milliards de FCFA. L’objectif affiché : désenclaver Cocobeach, stimuler son potentiel touristique et dynamiser l’économie locale.
Les journalistes présents
Autre grand projet évoqué : la route Alembé–Mikouyi, d’un linéaire de 300 km, confiée à l’entreprise Porteo BTP avec un soutien financier de BGFIBank. Cet axe reliera cinq provinces stratégiques du pays et vise à offrir une alternative durable au transport ferroviaire, aujourd’hui affecté par le vieillissement du réseau. L’ouvrage intégrera 26 ponts et près de 6 000 mètres d’ouvrages hydrauliques, tout en respectant des normes environnementales strictes, puisque la route traversera un parc naturel classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Opération Plaine Orety
Sur la très attendue question de la libération des emprises publiques dans la zone de Plaine Orety, à Libreville, la présidence a rappelé que cette zone est classée d’utilité publique depuis 1976. Elle a précisé que l’État engage aujourd’hui une opération de récupération des terrains domaniaux pour y construire ses propres infrastructures administratives, et réduire les baux locatifs qui coûtent entre 25 et 30 milliards de FCFA par an.
Une commission spéciale présidée par le vice-président Séraphin Moundounga suit le dossier. Trois réunions ont déjà eu lieu, et une quatrième est annoncée. La présidence affirme vouloir agir avec « rigueur, responsabilité et transparence », en impliquant toutes les parties prenantes, notamment les occupants des terrains, afin d’éviter toute injustice ou brutalité administrative. L’objectif final est double : réduire les charges de l’État et restaurer sa souveraineté immobilière.
Sylvia et Noureddin Bongo : la présidence dénonce une tentative de diversion
L’un des temps forts du point de presse aura été la réponse officielle à la déclaration conjointe publiée la veille par Sylvia Bongo Ondimba et Noureddin Bongo Valentin, dans laquelle les deux anciens membres du clan présidentiel affirment avoir été « torturés », « séquestrés », et « contraints » de signer des aveux. La présidence « prend acte » de cette déclaration, mais dénonce ce qu’elle qualifie de « stratégie de diversion et de brouillage judiciaire ».
Elle rappelle que les deux personnes concernées bénéficient d’une liberté provisoire depuis le 16 mai et auraient pu se consacrer à préparer leur défense devant la justice gabonaise plutôt que d’agiter l’opinion depuis l’étranger. Le porte-parole a réitéré la gravité des charges pesant contre eux : haute trahison, détournement massif de deniers publics, malversations financières internationales en bande organisée, faux et usage de faux, falsification de la signature du président, corruption active, etc. Et d’ajouter avec fermeté : « La justice sera rendue au nom du peuple gabonais. Pas sur les réseaux sociaux, ni dans les médias, mais bien dans les prétoires de notre pays ».
Diplomatie économique : le Gabon courtisé sur la scène africaine
Au chapitre international, la présidence est revenue sur la participation de Brice Clotaire Oligui Nguema à deux sommets économiques majeurs. D’abord, au 17e Sommet des affaires États-Unis–Afrique tenu à Luanda, en Angola, où le Gabon a mis en avant ses réformes structurelles pour attirer les investisseurs. Ensuite, à la 32e Assemblée annuelle d’Afreximbank, où le pays a signé deux accords clés :
1 600 milliards de FCFA pour des infrastructures liées à la transformation locale du manganèse,
112 milliards de FCFA pour la construction de trois centrales électriques à Libreville, Port-Gentil et Lambaréné.
Ces partenariats visent à renforcer l’indépendance énergétique du Gabon et à soutenir la transformation industrielle, dans une logique de souveraineté économique. Enfin, la présidence a confirmé la réception d’une invitation officielle du président américain Donald Trump pour une rencontre multilatérale à la Maison-Blanche, prévue du 9 au 11 juillet. Seuls cinq pays africains y participeront. Le porte-parole a présenté ce choix comme une reconnaissance de la « vision réformatrice » du président Oligui Nguema, et du rôle stratégique croissant du Gabon dans les relations entre l’Afrique et les États-Unis.
@info241.com
