Découpage électoral et lois sur les partis au Gabon : ce que l’on sait des attendus des 2 comités

À Libreville, les choses sérieuses ont démarré ce lundi 19 mai. Deux comités d’une trentaine de personnalités s’attèlent à des chantiers aussi sensibles qu’essentiels : l’un planche sur un avant-projet de loi encadrant les partis politiques, l’autre sur la répartition des circonscriptions électorales. Dix jours chrono pour produire des propositions concrètes, dans un contexte de réformes accélérées voulu par les nouvelles autorités. Un délai serré qui en dit long sur l’urgence politique du moment.

Deux objectifs
Premier objectif affiché : assainir un paysage politique devenu ingérable. Avec plus de 100 partis politiques recensés pour à peine 2,5 millions d’habitants, le Gabon présente un éclatement partisan que le ministre de la Réforme et des Relations avec les institutions, François Ndong Obiang, n’a pas hésité à qualifier d’« excessif ». Le comité qu’il préside est chargé de proposer un cadre plus rigoureux : conditions de création, fonctionnement, financement, vie démocratique interne… L’idée est de passer d’une logique de quantité à une logique de représentativité.
Une vue des travaux du comité sur les partis politiques présidé par le ministre de la Reforme
Côté découpage électoral, les objectifs sont tout aussi ciblés. Il ne s’agit pas, à ce stade, d’un redécoupage global du territoire électoral – faute de recensement national finalisé – mais bien d’une répartition des 20 nouveaux sièges actés par le Code électoral. Dix-huit pour les circonscriptions locales, deux pour les Gabonais de l’étranger. C’est Herman Immongault, ministre de l’Intérieur, qui supervise ce chantier technique mais hautement politique. Le défi : respecter les équilibres régionaux sans raviver les tensions territoriales.
Ebauche attendue fin mai
Les conclusions de ces travaux sont attendues pour le 29 mai, dans la perspective des élections locales et législatives fixées au 4e trimestre. Le calendrier est donc contraint. Mais le message politique est limpide : le temps de la complaisance est révolu. Ces réformes doivent ouvrir un cycle républicain plus cohérent, plus stable et surtout plus représentatif. Pour les autorités de la transition, il s’agit de tourner la page d’un multipartisme de façade et de reposer les fondations de la vie démocratique gabonaise.
L’ambiance qui a prévalu ce lundi
En toile de fond, l’enjeu est aussi diplomatique. Le Gabon, qui veut restaurer sa crédibilité sur la scène régionale et internationale après des années de soupçons de tripatouillages électoraux, joue gros. Ces réformes, si elles sont menées avec transparence et ambition, pourraient constituer un signal fort envoyé aux partenaires internationaux. À condition de ne pas sombrer dans une purge politique sous couvert de rationalisation.
Reste à voir si les propositions finales tiendront la promesse d’un jeu politique plus lisible et équilibré. La marge est étroite entre réforme utile et recentrage stratégique. D’ici au 29 mai, les regards resteront braqués sur les deux comités. Leur copie dira si le nouveau pouvoir veut réellement refonder le système ou simplement le remodeler à son image.
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