Résultats Présidentielle du 12 avril 2025
Délimitation frontalière

Affaire Mbanié : Débouté par la CIJ, le Gabon pourrait rogner des terres à la Guinée équatoriale !

Affaire Mbanié : Débouté par la CIJ, le Gabon pourrait rogner des terres à la Guinée équatoriale !
Affaire Mbanié : Débouté par la CIJ, le Gabon pourrait rogner des terres à la Guinée équatoriale ! © 2025 D.R./Info241

Par le biais d’un communiqué officiel très attendu de la partie gabonaise, le ministère des Affaires étrangères a réagi à l’arrêt rendu ce 19 mai en matinée par la Cour internationale de Justice (CIJ) dans le différend frontalier l’opposant à la Guinée équatoriale. Dans un ton sobre et diplomatique, le gouvernement gabonais dit « prendre acte de la décision » de la juridiction onusienne et se dit « disposé à négocier » avec son voisin équato-guinéen sur l’ensemble des points soulevés. Le Gabon grâce à cette décision gagnerait également des territoires à défaut d’avoir perdu les 3 îles, objets initiaux du litige.

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Une décision en trois volets

L’affaire soumise à la Cour concernait trois questions : la délimitation de la frontière terrestre, celle de la frontière maritime, et la souveraineté sur les îles Mbanié, Conga et Cocotiers. Sur le premier point, la décision rendue par la CIJ apparaît favorable à Libreville. La Cour a reconnu la « convention franco-espagnole de 1900 » comme le seul titre juridique valable, traçant une ligne droite entre les deux anciennes puissances coloniales.

Volet du différend Décision de la CIJ Conséquences pour le Gabon Position officielle du Gabon
Frontière terrestre La convention franco-espagnole de 1900 est le seul titre valable. La ligne droite tracée alors délimite la frontière. Plusieurs territoires autour d’Ebebiyin et Mongomo (actuellement équato-guinéens) deviennent gabonais. Prend acte de la décision. Se félicite implicitement de ce gain territorial.
Frontière maritime Aucune frontière maritime légalement établie. La CIJ invite les deux États à ouvrir des négociations pour la définir. Aucune modification immédiate. Le statu quo est maintenu jusqu’à la conclusion d’un accord bilatéral. Ouvert à des négociations avec la Guinée équatoriale sur cette question.
Îles Mbanié, Conga et Cocotiers Les îles reviennent à la Guinée équatoriale en vertu de la succession d’État de l’Espagne , qui les occupait historiquement. Le Gabon perd la souveraineté qu’il revendiquait sur ces îles inhabitées. Prend acte du verdict. Exprime sa volonté de négocier l’ensemble du contentieux avec son voisin équato-guinéen.

Conséquence directe : « plusieurs territoires actuellement équato-guinéens autour des villes d’Ebebiyin et de Mongomo deviendront gabonais » , affirme le ministère. C’est un point que les autorités gabonaises n’ont pas manqué de mettre en avant, soulignant ainsi qu’au-delà du revers sur les îles disputées, une avancée significative a été obtenue sur la question terrestre.

Vers des négociations bilatérales sur la mer et les îles

Concernant la frontière maritime, la CIJ a estimé qu’aucune ligne de démarcation n’avait été formellement établie entre les deux pays, renvoyant ainsi le Gabon et la Guinée équatoriale à la table des négociations. Libreville se dit ouvert à cette perspective et prêt à entamer un dialogue dans le respect du droit international.

Le ministre des Affaires étrangères du Gabon

En revanche, sur la souveraineté des îles Mbanié, Conga et Cocotiers — toutes inhabitées — la décision est sans appel : elles reviennent à la Guinée équatoriale. La CIJ a justifié ce choix en retenant les « occupations historiques » de l’Espagne sur ces îles, ce qui confère à Malabo la souveraineté par succession d’État. Un verdict qui referme une longue page de tensions, mais qui fait grincer quelques dents du côté gabonais.

Une posture diplomatique mesurée

Dans sa communication, le ministre des Affaires étrangères, Michel Régis Onanga Ndiaye, a réaffirmé « le respect du Gabon pour le droit international et les principes de la Charte des Nations Unies » . Une manière de rassurer la communauté internationale tout en posant les jalons d’un futur dialogue bilatéral. Le ministre insiste également sur la disponibilité de son pays à « négocier sur les trois points de la décision » , laissant entendre que le processus diplomatique est désormais relancé.

L’arrêt rendu par la CIJ est définitif et sans appel. Les deux parties s’y étaient engagées par un compromis signé en 2016, entré en vigueur en 2020. Le jugement de la Cour met ainsi un terme juridique à un litige frontalier vieux de plusieurs décennies, dont les racines remontent à l’époque coloniale.

La suite s’écrira autour de la table des négociations

Libreville, tout en acceptant la décision, peut s’estimer partiellement satisfait. Le pays voit sa souveraineté terrestre renforcée autour d’une région sensible, tout en perdant une revendication symbolique sur les îles de la baie de Corisco.

La balle est désormais dans le camp des diplomaties des deux pays. Le ministère gabonais se dit prêt à enclencher un processus de négociations sur les zones maritimes et à organiser la transition administrative pour les territoires reconnus comme gabonais. Les îles, quant à elles, sortiront définitivement de l’équation nationale.

Dans une Afrique centrale souvent marquée par des différends non résolus, cet arrêt a le mérite de clarifier les contours du droit. Libreville, par sa posture posée et légaliste, entend capitaliser sur cette jurisprudence pour renforcer sa crédibilité internationale, tout en évitant une surenchère nationaliste.

@info241.com
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