BAC 2025 : 2 candidats en lice se préparent âprement à la prison centrale de Port-Gentil
En milieu carcéral, l’examen du baccalauréat prend un sens particulier. À la maison d’arrêt de Port-Gentil, deux détenus ont décidé de relever le défi du bac session 2024-2025. Incarcérés respectivement depuis janvier et octobre 2019, ces deux hommes, âgés de 29 et 31 ans, suivent depuis plusieurs mois des cours intensifs dispensés par des enseignants bénévoles dans une salle aménagée à cet effet.
Deux à trois fois par semaine, ces détenus rejoignent une salle aménagée au sein de l’établissement pénitentiaire, pour suivre des cours de soutien intensifs. Dispensés bénévolement par des enseignants des lycées et collèges de Port-Gentil, ces cours couvrent les matières essentielles : français, mathématiques, philosophie, géographie, entre autres.
« Ils sont contents d’avoir des notes régulièrement. Ils veulent être utiles, progresser et passer l’examen », témoigne un des professeurs volontaires, Gérard. Pour ces candidats, l’enjeu dépasse la simple obtention d’un diplôme : il s’agit de retrouver un sens à leur détention, de renouer avec l’école et de préparer leur avenir.
Parmi eux, K.H.M, 29 ans, incarcéré depuis le 8 janvier 2019 pour faute lourde, avec un niveau équivalent à une classe de première. Le second, M.R.T.D, âgé de 31 ans, est détenu depuis octobre 2019. Tous deux affirment aborder cette échéance avec confiance et détermination.
Le lieutenant-colonel Jean-Jacques Ona Mbengha, chef de la maison d’arrêt de Port-Gentil, s’est félicité de l’organisation mise en place pour accompagner ces détenus-candidats. Il a appelé ces derniers à « aborder cet examen avec sérénité et engagement », en rappelant combien cette étape pouvait constituer un tournant dans leur parcours de réinsertion.
Au total, plus de 40 000 candidats sont attendus cette année dans les 124 centres de composition répartis dans les neuf provinces du Gabon, selon les chiffres provisoires de la Direction générale des examens et concours (DGEC). Parmi eux, les deux détenus de Port-Gentil incarnent une volonté de réhabilitation par l’éducation.
Ce programme de réinsertion par l’enseignement, piloté par la direction générale de l’administration pénitentiaire, s’inscrit dans une politique de réhumanisation de la détention. L’administration a pris toutes les dispositions nécessaires, tant logistiques qu’organisationnelles, pour permettre aux détenus de composer dans des conditions dignes.
L’expérience de l’année dernière en témoigne. Lors de la session 2023-2024, la maison d’arrêt de Port-Gentil avait présenté deux candidats en série A1. Tous deux avaient été admis, affichant un taux de réussite de 100 %. D.M.G, 28 ans, avait obtenu son bac avec une moyenne de 10,60/20. Incarcéré pour vol aggravé, il avait suivi avec assiduité les cours proposés. Son camarade O.M.J, 23 ans, également accusé de vol aggravé, avait décroché son diplôme avec une moyenne de 10,12/20.
Des résultats qui montrent qu’au-delà des murs de la prison, l’éducation peut encore ouvrir des portes. « Être détenu n’est pas une fin en soi », répète la direction générale de l’administration pénitentiaire, déterminée à offrir à chacun une seconde chance.
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