Altruisme en politique

Vie politique : ces vas-et-vient qui appauvrissent le Gabon

Vie politique : ces vas-et-vient qui appauvrissent le Gabon
Vie politique : ces vas-et-vient qui appauvrissent le Gabon © 2015 D.R./Info241

Telle une ode à la cohérence politique et à l’altrisme en politique, Persis Lionel Essono Ondo nous livre son analyse du jeu de chaises musicales qui semble ponctuer ad vitam æternam l’actualité politique gabonaise. La classe politique serait assise sur elle-même s’oubliant dans son confort, le bien-être des populations pour lequel leur engagement à la chose commune, aurait dû être le sacerdoce.

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Quand les uns quittent la barque du pouvoir, les autres œuvrent en silence pour la perte de l’opposition, dans l’espoir d’entrer dans la mangeocratie nationale. Tel est le cycle perpétuel de la vie politique gabonaise depuis près d’un demi-siècle. Quoi de plus normal dans un Etat qui a fait de la politique politicienne le multiplicateur de fortune et le dénominateur commun des hommes et des femmes que le sort a placé à la tête des administrations publiques.

Dans ce contexte de yoyo politique et de tourisme idéologique l’on peut se demander si le Gabon compte encore de vrais patriotes, des hommes et des femmes prêts à se sacrifier pour un idéal, celui d’un pays libre et démocratique. Depuis que j’ai acquis un minimum de conscience citoyenne, j’ai vu les uns à gauche, les autres à droite, certains à gauche et à droite.

Les discours les plus contestataires, les plus virulents à l’encontre du système BONGO se sont transformés en incantations sous le poids des mallettes bien garnies du potentat du Bord de mer. J’ai vu les miens se déchirer, des familles se disloquer à cause de la foi que les uns portaient à tel ou tel pseudo opposant au régime en place. J’ai vu des puissances extérieurs manipuler et semer la haine dans nos villes et nos villages au nom des idéologies marxiste, socialiste ou libérale trustés par le tribalisme et le népotisme ; J’ai vu la promesse d’un Etat de droit se dissoudre dans les pratiques fétichistes, les crimes rituels et les fraudes électorales, déniant ainsi toute vertu au droit imprescriptible du peuple à disposer librement de son destin.

Comme moi, vous avez subi toutes ces désillusions. Vous avez entendu dire que la jeunesse est sacrée, mais vous avez vu des étudiants sodomisés en garde à vue ; Vous avez entendu dire que le Gabon est un et indivisible, mais vous avez aussi entendu les garants de cette unité dire qu’une certaine province appartient à une certaine famille ; Vous avez lu que l’Etat assure à chaque citoyen la protection, la justice, la sécurité et l’accès à la propriété. Ces beaux principes qui ont batti les grandes démocraties mondiales sont foulés au pied depuis des décennies par des politiques avides de pouvoir et de postes mirobolants. Ironie du sort, ce sont toujours les mêmes qui parlent, qui décident, qui blessent, s’excusent et recommencent.

Ce sont les mêmes qui viendront encore nous dire ce qui est bien pour nous, alors que pendant des décennies ils ont été incapables de nous apporter ce bien-être : L’eau et l’électricité ; la route et des ponts ; les écoles et universités, un minimum que l’on a sacrifié sur l’hôtel des ambitions personnelles. Croyant en la merveilleuse capacité d’adaptation des caméléons politiques gabonais, je suis persuadé que les bourreaux d’hier seront, pour certaines âmes crédules, les sauveurs de demain.

N’est-il pas vrai que ce qui distingue l’homme animal de l’Homme c’est sa grande sensibilité au changement, à la mutation des postures même lorsque le corps tout entier est encore englué dans les méandres de la politique du ventre .

L’homme politique gabonais est à ce point très flexible, son éthique est très variable, il peut quitter et réintégrer la barque selon que la soupe s’éloigne ou se rapproche de lui. Une espèce de caméléon en voie de disparition qui continue de croire que les potions versées sur le corps et la chaire humaine qu’on ingurgite tous les matins avant de sortir de la maison vont maintenir les gabonais dans la condition de fauves apprivoisés. Le changement est irréversible. Et il se fera avec ou sans les caméléons politiques. L’avenir du Gabon et l’aspiration au bien-être du peuple gabonais ne peuvent plus être des prétextes pour sortir et enter dans la barque du PDG.

Persis Lionel ESSONO ONDO

@info241.com
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