Commentaire

Alain-Claude Bilie By Nze : « Le coup d’État du 30 août d’Oligui est un coup opportuniste »

Alain-Claude Bilie By Nze : « Le coup d’État du 30 août d’Oligui est un coup opportuniste »
Alain-Claude Bilie By Nze : « Le coup d’État du 30 août d’Oligui est un coup opportuniste » © 2024 D.R./Info241

Un an après le coup d’État qui a renversé son patron Ali Bongo, l’ancien Premier ministre Alain-Claude Bilie By Nze a livré sa part de vérité sur les événements du 30 août 2023. Dans une interview accordée ce vendredi à RFI, il livre son analyse sur les motivations des militaires et les conséquences pour le Gabon. Selon lui, ce putsch était avant tout une « prise de pouvoir opportuniste » de la part du général Brice Oligui Nguema, « sans véritable projet pour le pays ».

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Un coup d’État sans projet pour le Gabon

Pour Alain-Claude Bilie By Nze, le coup d’État du 30 août 2023, qui a mis fin au régime d’Ali Bongo, n’était pas motivé par une volonté de sauver la démocratie gabonaise, mais bien par une ambition personnelle. «  Le général Oligui a voulu être calife à la place du calife. Il s’est saisi d’une opportunité pour prendre le pouvoir », affirme-t-il. 

L’ancien Premier ministre pointe du doigt l’absence de projet clair derrière cette prise de pouvoir. « S’il avait voulu restaurer la démocratie, il aurait pu confier le pouvoir à celui qui avait, selon lui, gagné l’élection », déclare Bilie By Nze, faisant allusion au professeur Albert Ondo Ossa, candidat de l’opposition lors de la présidentielle de 2023.

Une discorde au sommet de l’État

L’ex-chef du gouvernement révèle que les tensions au sommet de l’État, notamment entre le général Oligui, Sylvia Bongo, et son fils Noureddin Bongo, ont contribué à la situation. Bien que ces désaccords aient été démentis publiquement, Bilie By Nze insiste sur leur existence. Il décrit un climat de méfiance et de division, exacerbant les difficultés de gouvernance du pays.

Cependant, il souligne que ces tensions n’étaient pas visibles avant les derniers jours du régime. « C’est une dispute qui a éclaté dans les dernières heures, liée aux mauvais scores électoraux  », dit-il, confirmant une querelle verbale entre le général Oligui et Noureddin Bongo, la veille du coup d’État.

Le rôle de l’armée dans le putsch

L’ancien Premier ministre se montre également sceptique quant à la version officielle qui présente ce putsch comme le fruit d’une préparation minutieuse par l’ensemble de l’armée. Il y voit plutôt une action précipitée, menée par un groupe restreint au sein de la garde républicaine. « Il s’agit d’un coup d’État opportuniste, non planifié à long terme  », affirme-t-il.

Il souligne que la réussite de ce coup est en grande partie due à l’absence de résistance au sein des forces armées. «  Lorsqu’un coup d’État est mené par ceux qui sont censés protéger le chef de l’État, il ne peut y avoir de résistance  », explique-t-il.

Un changement de personnes, pas de système

Un an après le coup d’État, Bilie By Nze estime que le Gabon n’a pas assisté à un véritable changement de régime, mais plutôt à une simple rotation des acteurs au sein du même système. Il critique vivement le général Oligui pour avoir perpétué les pratiques de favoritisme et de népotisme qu’il prétendait abolir. « Il a pris le pouvoir pour perpétuer le système sans le changer », déclare-t-il, qualifiant la situation actuelle de « remplacement » plutôt que de «  rupture  ».

Quant à l’avenir, Bilie By Nze se montre prudent. Il attend de voir la nouvelle constitution, qui sera proposée à référendum, avant de décider de sa participation à la prochaine élection présidentielle. Pour lui, le véritable test résidera dans la capacité du général Oligui à ramener le pays vers un ordre constitutionnel et démocratique.

Alain-Claude Bilie By Nze, avec son expérience au sommet de l’État, offre une perspective critique sur le coup d’État du 30 août 2023. Pour lui, cette prise de pouvoir n’a pas marqué une rupture, mais a plutôt mis en lumière les failles d’un système en place depuis des décennies qu’il defendait bec et ongles. Le Gabon, selon lui, est à un tournant, et l’issue de cette transition reste incertaine.

@info241.com
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