Déjà Français, les Bongo-Valentin lorgneraient le passeport britannique pour fuir la justice gabonaise

Quatre mois après leur transfert discret vers Londres, Sylvia Bongo Ondimba et son fils Noureddin Bongo-Valentin continuent de défier la justice gabonaise. Déjà titulaires de la nationalité française, les deux anciens dignitaires cherchent désormais à obtenir la citoyenneté britannique, avec l’appui de relais influents au Royaume-Uni. Selon plusieurs sources judiciaires citées notamment par l’Union ce jeudi, cette démarche leur permettrait de consolider leur fuite et de rendre plus difficiles les procédures d’extradition engagées par Libreville.

À Libreville, le procès qui s’ouvrira le 10 novembre devant la Cour criminelle spéciale s’annonce historique. Il portera sur des faits graves reprochés aux Bongo-Valentin : corruption, blanchiment de capitaux, concussion, détournements massifs et enrichissement illicite. Pourtant, leurs avocats ont d’ores et déjà confirmé leur absence. Mère et fils ont ainsi choisi de tourner le dos à une confrontation judiciaire directe, au grand désarroi des Gabonais qui les considèrent comme responsables d’années d’abus et d’injustices.
La stratégie médiatique et diplomatique
Cette stratégie de fuite s’accompagne d’un activisme intense sur le terrain médiatique et diplomatique. Le duo cherche à se présenter comme victime de règlements de comptes politiques, minimisant les accusations qui pèsent sur eux. Leurs avocats, très actifs, multiplient les déclarations et procédures devant les instances internationales pour contester la compétence des tribunaux gabonais.
Le lieu d’incarcération de Noureddin, filmé par ses soins
À Londres, les démarches s’intensifient. Plusieurs sources concordantes indiquent que Sylvia et Noureddin Bongo auraient entamé une procédure de naturalisation accélérée, facilitée par leurs réseaux et par le silence des autorités britanniques. Le Royaume-Uni n’a, jusqu’ici, donné aucune suite officielle aux demandes d’entraide judiciaire transmises par Libreville, un mutisme perçu comme une forme de complaisance diplomatique.
Une opinion publique indignée
Cette situation choque une partie de l’opinion publique gabonaise, qui dénonce une stratégie cynique visant à se soustraire aux conséquences de quatorze années de pouvoir exercé dans l’ombre de l’ancien président Ali Bongo. Noureddin Bongo-Valentin, ancien coordinateur général des affaires présidentielles, a lui-même goûté aux conditions de détention à la prison centrale de Libreville durant près de 20 mois, avant d’être provisoirement libéré.
Le contraste est frappant : alors que de nombreux Gabonais continuent de subir les effets économiques et sociaux d’un système miné par la corruption, les Bongo-Valentin se présentent désormais comme des persécutés politiques, espérant obtenir l’asile sous la protection de la Couronne britannique. Ce double discours entretient la colère dans un pays où la demande de justice reste immense.
Des charges accablantes
En attendant, les charges qui pèsent contre eux demeurent lourdes. Outre la corruption et le blanchiment, les enquêteurs ont mis en lumière des opérations financières complexes, impliquant des comptes bancaires à l’étranger, des acquisitions immobilières opaques et des flux de capitaux transitant par des paradis fiscaux. Des éléments qui pourraient leur valoir de longues peines de prison s’ils venaient à être jugés et condamnés.
L’affaire Bongo-Valentin illustre ainsi les difficultés de la coopération judiciaire internationale. Entre le silence des partenaires occidentaux et les manœuvres des avocats du duo, le procès s’annonce à la fois symbolique et révélateur : il cristallise l’exigence de vérité et de justice des Gabonais face à une famille qui, hier encore, incarnait le sommet de l’État, mais qui tente aujourd’hui par tous les moyens de fuir ses responsabilités.
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