Elections 2025 : Dos au mur, Ali Bongo appelle finalement à voter les candidats PDG de Louembé !

Le camp Louembé a de quoi se réjouir à pleines dents. À trois jours hier des élections législatives et locales, prévu ce 27 septembre, l’aile dissidente du Parti démocratique gabonais (PDG) conduite par Ali Bongo a pris tout le monde de court. Alors que ses partisans s’attendaient à une confrontation directe avec le camp officiel de Blaise Louembé, le choix annoncé a été celui du retrait. Cette décision est intervenue ce 24 septembre, soit une semaine après l’ouverture de la campagne. Elle redessine brutalement les rapports de force au sein du parti.

Le secrétaire général du camp dissident, Ali Akbar Onanga Y’Obegue, a livré l’explication sur Facebook. Selon lui, Ali Bongo a préféré un « sacrifice stratégique » pour préserver l’avenir du PDG. « Le Distingué Camarade Président a choisi de s’effacer temporairement afin d’éviter la disqualification massive de notre parti » , a-t-il affirmé. Mais la communication tardive laisse l’impression d’un courant pris de vitesse par le calendrier électoral.
Le spectre d’une invalidation massive
Les dissidents rappellent la décision de la Cour constitutionnelle du 6 septembre dernier, qui a invalidé toutes les candidatures du parti REAGIR. Le motif invoqué était une crise interne de direction, comparable à celle que traverse le PDG. « Ce risque était bien réel : la Cour constitutionnelle l’a démontré en rendant sa décision n°097/CCT », a rappelé Onanga Y’Obegue. Cet argument vise à légitimer un retrait présenté comme une mesure de prudence.
Ali Bongo en exil, posant ici avec son SG nommé par ses soins
Dans sa déclaration, Onanga Y’Obegue a mobilisé une image forte en citant le jugement de Salomon. « Plutôt que de voir l’enfant — le PDG — découpé par la guerre des ambitions, il a préféré s’effacer pour qu’il vive », a-t-il affirmé. Cette métaphore cherche à transformer une faiblesse en acte de sagesse. Mais elle souligne surtout la gravité des fractures internes qui menacent la survie du parti.
L’impréparation mise à nu
Derrière cette rhétorique, l’impréparation saute aux yeux. L’aile dissidente n’a pas réussi à constituer ses listes dans les délais impartis. L’absence de candidatures crédibles révèle un appareil fragilisé et désorganisé. « Il ne s’agissait pas de céder du terrain, mais de préserver l’existence du PDG », a justifié le secrétaire général, une formule qui peine à masquer l’aveu d’échec.
La situation débouche sur une contradiction flagrante. Les dissidents qualifiaient hier les candidats de Blaise Louembé « d’usurpateurs », mais appellent aujourd’hui à voter pour eux. « Ces candidats, quelles que soient les modalités contestables de leur investiture, sont nos candidats », a insisté Onanga Y’Obegue. Ce paradoxe risque de brouiller durablement le message auprès des électeurs.
Une loyauté en question
Cette volte-face soulève une interrogation cruciale : à qui les futurs élus devront-ils leur fidélité ? À Louembé, reconnu par les autorités de transition, ou à Ali Bongo, qui continue de se présenter comme président légitime du parti ? « Voter pour les candidats du PDG, ce n’est pas cautionner les imposteurs, c’est sauvegarder notre représentation dans les institutions », a martelé le camp dissident. Cette ambiguïté menace d’entretenir un bicéphalisme permanent.
Le discours officiel parle d’« unité tactique », mais la réalité ressemble davantage à une coexistence forcée. « Nous ne sommes pas dupes de la stratégie du pouvoir actuel. Il espère notre division. Nous lui répondrons par notre unité », a déclaré Onanga Y’Obegue. Cette posture donne l’image d’un parti incapable d’assumer une stratégie autonome. Elle fragilise encore la crédibilité de la dissidence.
Un électorat déboussolé
Sur le terrain, la base militante semble confuse. Comment mobiliser avec conviction pour des candidats jugés illégitimes quelques semaines auparavant ? « Ce que nous vous demandons ici, ce n’est pas de cautionner une usurpation. C’est de sauver l’institution », a tenté de convaincre le secrétaire général. Mais ce paradoxe risque de provoquer l’abstention d’une partie des sympathisants.
Au final, la décision de retrait apparaît comme une manœuvre défensive. Elle vise à sauver le sigle PDG plutôt qu’à proposer une alternative politique crédible. « Ce geste n’est pas une faiblesse, c’est un sacrifice stratégique », a résumé Onanga Y’Obegue. Reste à savoir si cette stratégie de survie permettra à Ali Bongo de maintenir son influence sur le parti après les élections.
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