Les populations du Tchad, de la Guinée équatoriale, du Cameroun et du Gabon ne bénéficient pas des retombées des immenses ressources pétrolières de leurs pays. Telle serait la conclusion d’une délégation conjointe du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale en Afrique, qui met en cause le niveau de corruption très élevé dans ces pays.
La croissance économique dans les six pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC), n’est que de 2,2 % cette année, soit 50 % de moins que la prévision de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) qui est de 4,4 %.
Une performance économique si médiocre a fait de la zone CEMAC l’une des plus pauvres dans le monde, a dit à la VOA Mario De Zamaróczy, chef de la mission FMI /Banque mondiale qui vient de séjourner dans la région.
« Il ne suffit pas de réduire la pauvreté. Les revenus sont en deçà des attentes et nous espérons que les recettes vont atteindre le niveau prévu d’ici la fin de l’année », a déclaré M. De Zamaróczy.
Parmi les facteurs qui ont réduit la performance économique des six pays de la CEAC : la baisse prolongée des prix du pétrole et des matières premières et un ralentissement de la croissance mondiale en raison de la crise financière internationale.
M. De Zamaróczy ajoute que cinq pays de la CEMAC produisent du pétrole qui représente 40 % du PIB de la région et près de 90 % du total des exportations. Mais d’énormes dettes et les sommes versées à titre de subventions aux consommateurs locaux ont eu des impacts négatifs sur l’économie.
« Nous pensons que les subventions généralisées des prix de l’essence ne sont pas une manière optimale à notre avis, d’utiliser les ressources limitées et nous recommandons une éventuelle réforme dans ce domaine », a dit le responsable du FMI.
La situation chaotique en Centrafrique et les risques élevés d’insécurité dans le golfe de Guinée, avec des attaques de pirates, ont également affecté l’économie.
Le FMI et la Banque Mondiale prévoient qu’avec une augmentation probable des recettes pétrolières en Guinée équatoriale, au Gabon et au Tchad, le taux de croissance de la région se chiffrera à 5,3 % l’année prochaine.
Mais des économistes, tel le professeur Fondo Sikot, maître de conférences à l’Université de Yaoundé, pensent qu’un tel taux de croissance ne va pas améliorer les conditions de vie dans la zone CEMAC .
« Le NEPAD avait, il y a quelques années, essayé de dire que les économies africaines avaient besoin de croître à un taux de 7 % et plus en continu sur une période de cinq ans avant de pouvoir commencer à réduire la pauvreté et ainsi de suite », fait-il remarquer.
M. Sikot ajoute que le Cameroun avait prévu un taux de croissance de 6,2 % cette année, mais que ce taux est à 4,6 %.
« Au taux de 4,6 %, il faudra peut-être près de 30 ans ou plus avant que les Camerounais commencent à sentir que l’économie est en croissance », explique l’économiste.
La mission de la Banque Mondiale et du FMI affirme que le niveau élevé de la corruption et l’importation d’armes empêchent les économies de ces pays d’avoir une croissance soutenue.
Source : Voix de l’Amérique
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