Gabon : Les militaires candidats aux élections, le sage Omar Bongo s’y opposait catégoriquement !
La récente décision d’autoriser les militaires gabonais à se présenter désormais aux élections notamment à la présidentielle de 2025 a ravivé une vieille polémique. En effet, cette mesure actée dans le tout nouveau Code électoral du 19 janvier 2025, tranche avec la position d’Omar Bongo, ancien président du Gabon. Lors de son discours au premier congrès du Parti démocratique gabonais (PDG) le 31 août 1970, celui qui est mort au pouvoir après 42 ans de règne sans partage, avait fermement rejeté l’idée de politiser les forces armées.
Sous le régime du monopartisme qu’il avait instauré dès 1968, Omar Bongo avait déclaré : « Je vois mal que les militaires viennent au bureau politique. Pourquoi faire ? […] J’étais militaire et lorsque un militaire devient politicien, il gâche tout ». Ce discours avait pour objectif de maintenir une séparation claire entre les institutions civiles et militaires, afin d’assurer une stabilité politique, qu’il considérait comme essentielle dans un contexte africain troublé.
Il avait déclaré le 31 aout 1970 :
"Une fois, j’ai dit à l’Assemblée nationale qu’au moment où les pays africains traversent une crise, le Gabon apparaît comme un îlot garantissant la stabilité. C’est pourquoi, j’ai dit tout dernièrement, lorsque un Gabonais, pour ne pas dire des Gabonais me disent pourquoi les forces de l’ordre, à savoir l’armée, la gendarmerie, la police, la garde présidentielle, ne participeraient pas au bureau politique, j’ai lui dit tout simplement qu’il n’y avait point question pour moi de politiser ni l’armée, ni la gendarmerie, ni la police, ni la garde présidentielle. Notre régime n’est pas un régime militaire et je vois mal, bien qu’il y ait des militaires au gouvernement, je vois mal que les militaires viennent au bureau politique. Pourquoi faire ? J’étais militaire et lorsque un militaire devient politicien, il gâche tout".
À l’époque, ces propos avaient pour objectif de préserver la stabilité politique du pays en évitant une militarisation excessive du pouvoir. Omar Bongo insistait sur la séparation des pouvoirs et le rôle non politique des forces armées, pour garantir une gouvernance civile stable. Les internautes gabonais, qui ont exhumé ces propos ce samedi, soulignent une incohérence entre le passé et le présent, s’interrogeant sur les raisons de ce changement de cap décidé par les autorités de la transition et le parlement.
Certains estiment que la militarisation de la politique, que feu Omar Bongo avait redoutée en son temps, pourrait nuire à la stabilité du pays, tandis que d’autres considèrent qu’il est désormais essentiel de permettre à la classe militaire d’avoir une influence politique, notamment en raison de leur rôle prépondérant dans les événements récents qui ont justement renversé le fils d’Omar Bongo, son successeur, après 14 ans de règne controversé.
Cette réflexion sur l’évolution du système politique gabonais témoigne des débats internes concernant la place de l’armée dans la gestion des affaires publiques et des enjeux de la présidentielle à venir. Un mélange complexe de soutien à l’autorité militaire et de crainte d’une dérive autoritaire continue d’alimenter les discussions sur les réseaux sociaux et au sein de l’opinion publique gabonaise. Surtout devant la possibilité d’une candidature du président de la transition à la présidentielle du 12 avril prochain.
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