Portrait

Julien Mpouho Epigat, neveu et monsieur « défense et sécurité » d’Omar Bongo

Julien Mpouho Epigat, neveu et monsieur « défense et sécurité » d’Omar Bongo
Julien Mpouho Epigat, neveu et monsieur « défense et sécurité » d’Omar Bongo © 2022 D.R./Info241

Au cours de l’année qui marqua le début du second plus grand conflit planétaire qu’a connu le monde, Julien Mpouho Epigat (1936-2006) vint au monde. A cette époque, le Gabon n’était encore qu’un territoire du vaste empire français regroupé au sein d’une fédération de l’administration coloniale française de cette partie de l’Afrique traversée par l’équateur du nom d’Afrique équatoriale française (AEF). Mais le destin voulut que l’un de ses oncles, le nommé Albert Bernard Bongo devenu Omar Bongo Ondimba plus tard, se retrouve propulsé au sommet de la République gabonaise quand celle-ci accéda à la souveraineté internationale.

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Nul n’envisageait dans les années qui suivirent la Seconde Grande Guerre que ce territoire français d’Afrique devenu colonie française d’Outre-Mer en 1946, puisse accéder à une certaine autonomie car pour beaucoup d’Occidentaux, les Africains n’étaient pas encore prêts à se prendre en main. Mais le vent des indépendances apporta un souffle nouveau dans les enjeux géostratégiques du continent. Plusieurs instruits locaux furent appelés aux postes de responsabilités à une période où l’Afrique en manquait cruellement.

Mais chemin faisant, les Etats du continent qualifié de « berceau de l’humanité » se prirent en main. Au Gabon, le décès du premier président du pays entraîna de facto la mise en place d’un nouveau chef de l’Etat proche du disparu. Originaire de la circonscription territoriale du Haut-Ogooué, le nouvel homme fort du pays fit appel aux alphabètes de cette partie du Gabon, titulaire d’un niveau de formation « honorable » voire de très bonne facture. Cette pratique définit par le vocable « népotisme » fut très prisée dans les années qui précédèrent le pluralisme politique. C’est certainement ce lien de consanguinité qui liait notre protagoniste au président Bongo qui favorisa son ascension sociale. Voici l’histoire de Julien Mpouho Epigat.

 Présentation

Julien Mpouho Epigat est né le 25 novembre 1939 en Afrique équatoriale française (AEF) en territoire gabonais dans un village de la région du Haut-Ogooué du nom de Léwaï, situé dans le département de la Djouori-Agnili et devenu Bongoville. Marié, il eut plusieurs enfants dont Ernest Mpouho Epigat, plusieurs fois ministre sous le régime d’Ali Bongo Ondimba, mais aussi Gervais Mpouho Epigat, ancien rappeur du groupe mythique de rap gabonais V2A4. Julien Mpouho Epigat était le neveu de l’indéboulonnable président gabonais, Omar Bongo Ondimba, qui dirigea le Gabon pendant 42 ans.

 Parcours scolaire

Julien Mpouho Epigat fit des études que l’on pourrait qualifier de « solides » à une époque où le fait de savoir lire et écrire faisait d’un individu, un candidat sérieux à l’acquisition d’un emploi. L’instruction de l’époque était généralement basée sur l’expression fluide et le maniement de l’écriture concernant la langue de « Molière ». Le simple fait d’arriver au terme de ses études primaires faisait de la personne concernée, un individu assez cultivé.

 Carrière professionnelle et diplomatique

C’est à la Poste gabonaise que Julien Mpouho Epigat débute sa vie active. Il gravira petit à petit les échelons et deviendra même directeur de poste. Il restera au sein de cette entité jusqu’en 1966 puis vint sa première nomination. En effet, le président Léon Mba le nomma au poste de conseiller culturel près de la représentation diplomatique du Gabon en France. Près de deux après, Léon Mba décède et c’est l’un de ses consanguins en l’occurrence son oncle Bernard Bongo qui est intronisé président de la République gabonaise. Julien Mpouho Epigat restera en fonction en France jusqu’à la fin de l’année de 1970. Après quatre années passées loin de son pays, il reçut l’injonction du nouveau chef de l’Etat de regagner le Gabon.

 Carrière politique et administrative

A son arrivée au Gabon, Julien Mpouho Epigat est immédiatement nommé par le président Bongo au sein de son cabinet. En 1971, Julien Mpouho Epigat devient ainsi le directeur adjoint du cabinet privé du chef de l’Etat. Il se montre loyal et digne de confiance. Durant trois ans, c’est aux côtés de son oncle que Julien Mpouho Epigat apprend les ficelles du métier en matière de gestion administrative. Le président est satisfait de son rendu et décide en 1974, de le nommer directeur général de la Radiotélévision gabonaise (RTG).

Puis, Julien Mpouho Epigat cumulera cette fonction de directeur général de la RTG à celle de Haut représentant du chef de l’Etat, chargé de l’information et des questions de défense. En effet, le président Omar Bongo souhaitait faire de son neveu assidu et fidèle, son prochain ministre de la Défense mais il décida qu’il lui fallait encore quelques années supplémentaires d’expérience. En 1980, le président instruit Léon Mebiame, son Premier ministre de l’époque, de former un nouveau gouvernement dit de « La renaissance » sans omettre d’intégrer son neveu au sein de la nouvelle équipe gouvernementale. Julien Mpouho Epigat se voit confier le poste de ministre délégué à la Présidence, chargé de la Défense.

En 1982, le chef de l’Etat pense qu’il est temps pour Julien Mpouho Epigat d’occuper le poste auquel il l’a longtemps prédestiné. Julien Mpouho Epigat devient ainsi ministre de la Défense nationale, des Anciens combattants et de la Sécurité publique à une époque où l’autocratie entretenue par un système de parti unique, déterminait les règles de la vie politique du pays. En 1988, Julien Mpouho Epigat se verra confier d’autres responsabilités. En ajout de sa fonction de ministre de la Défense nationale, il sera aussi chargé des Mines, du Pétrole et des Hydrocarbures. A la suite de la démocratisation politique que connaîtra le pays en 1990, Julien Mpouho Epigat fut évincé du gouvernement.

Mais le président Bongo le voulut près de lui et le nomma conseiller spécial du chef de l’Etat, chargé de missions et des questions et des questions de sécurité. Treize années plus tard, Julien Mpouho Epigat est fait ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en mission spéciale auprès du président de la République avant d’être élevé par décret présidentiel à la dignité d’ambassadeur. Julien Mpouho Epigat était aussi un habitué des conseils d’administration suite à ses nombreuses nominations au poste de président de conseil d’administration de plusieurs sociétés publiques et parapubliques.

 Militantisme politique

Julien Mpouho Epigat était un indéfectible soutien du président Omar Bongo pour qui il vouait une admiration sans pareille. Adhérent dynamique et sympathisant inusable du sulfureux Parti démocratique gabonais (PDG), Julien Mpouho Epigat représentait sa formation politique dans son village de LéwaÏ devenu Bongoville, une ville à part entière sous la toute puissante volonté du président Bongo. Pour ainsi dire, Julien Mpouho Epigat était le porte-drapeau du PDG dans le département de la Djouori-Agnili.

A Bongoville, il fut pendant des décennies, membre du bureau politique mais aussi « éternel » conseiller du président-fondateur. Farouche défenseur d’Omar Bongo qu’il considérait comme un dirigeant de grande stature et comme son oncle bien-aimé, Julien Mpouho Epigat avec d’autres barons du PDG à l’instar de Richard Nguéma Békalé ou encore de Georges Rawiri, mit en place un collectif de soutien et d’accompagnement de la politique d’Omar Bongo répondant au nom de Mouvement des amis de Bongo (MABO).

 Disparition

Julien Mpouho Epigat plonge dans le sommeil éternel dans la nuit du dimanche 29 au lundi 30 janvier 2006 précisément à 3h du matin à la clinique El Rapha, établissement privé de Libreville, la capitale gabonaise. Plusieurs caciques du régime saluèrent la mémoire du défunt notamment Antoine de Padoue Mboumbou Miyakou, président du Conseil économique et sociale en ce temps ou encore Ali bongo, neveu du disparu et ministre de la défense pendant cette période.

 Distinctions honorifiques

Julien Mpouho Epigat fut élevé au rang de Chevalier dans l’Ordre de l’Etoile équatoriale, Officier dans les deux ordres ou en encore Chevalier dans l’Ordre du mérite gabonais.

@info241.com
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