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Etat d’urgence au Gabon : le gouvernement a t-il mis la charrue avant les bœufs ?

Etat d’urgence au Gabon : le gouvernement a t-il mis la charrue avant les bœufs ?
Etat d’urgence au Gabon : le gouvernement a t-il mis la charrue avant les bœufs ? © 2020 D.R./Info241

Julien Nkoghe Bekale, le Premier ministre gabonais a annoncé hier, l’entrée en vigueur de l’état d’urgence au Gabon. Celui-ci entrerait en vigueur à compter du dimanche 13 avril dès minuit. Mais au regard des contradictions entre les explications données par plusieurs membres de son équipe gouvernementale, le ressenti et la réalité sociologique sur le terrain, le pire est à craindre.

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Après l’annonce par Ali Bongo le 3 avril dernier, d’un chapelet de mesures d’accompagnement au profit des populations victimes des mesures gouvernementale contre le coronavirus, l’opinion était restée très sceptique quant à l’application de celles-ci. Un scepticisme d’ailleurs partagé par le chef du gouvernement lui-même, qui a dû refiler la patate chaude à la Cour constitutionnelle pour avis. Dans sa litanie elle aussi, on a bien compris qu’il fallait sauver le soldat Ali Bongo sans publiquement le désavouer. C’est ce qui explique le retard pris par le chef du gouvernement pour faire son oral hier, vendredi.

Le Premier ministre hier, lors de ses annonces

Mais en prenant le soin chaque fois de laisser chaque ministre des départements concernés de détailler la mise en musique des mesures qui impliquent son département, on a bien compris que Julien Nkoghe n’entendait pas couler seul. Dans une maladresse qui a tout de suite confirmé l’improvisation qui caractérise ce gouvernement sur des sujets sérieux, la contradiction entre Lambert Noel Matha et un autre de ses collègues au sujet du calendrier d’ouverture des marchés de la capitale a été le pic d’une véritable boulette.

Une file d’attente pour se faire enregistrer comme Gabonais économiquement faibles

Sur le terrain, une psychose palpable s’installe au sein de la population. Entre l’angoisse de ne pas pouvoir disposer de l’autorisation de circuler qui sera plus qu’important, il faut s’enregistrer auprès des chefs de quartiers pour bénéficier de la gratuité de l’eau et de l’électricité pour le compte des Gabonais économiquement faibles (GEF). Cette opération qui entraîne des files d’attente et rassemble bien au delà des 10 personnes justement décommandés par les gestes-barrières, ne peut se faire en une ou deux journées. Entre temps, l’état d’urgence aura sonné.

Du coup, ils sont de plus en plus nombreux qui se demandent à Libreville ce qui fait courir le gouvernement gabonais qui, bien qu’annonçant chaque jour quelques nouveaux cas d’infection, aujourd’hui à 44, ne compte officiellement qu’un seul cas présenté comme décédé du Covid-19 depuis plus d’un mois, et un cas de guéri. Des chiffres qui, de toute évidence, ne justifient pas aujourd’hui une telle agitation.

Autre incongruité, nul ne sait quelle mouche a piqué le Premier ministre dans son allocution, pour autoriser que l’armée ait accès à des domiciles privés pour vérifier l’effectivité du confinement. Face à ce qui s’apparente à un lâchage des chiens en direction d’inoffensifs citoyens paisiblement barricadés chez eux, le soupçon d’une volonté manifeste de créer une psychose qui n’a rien à voir avec l’épidémie elle-même, fait craindre d’importantes bavures qui pourraient, si on n’y prend garde, revenir sur le visage du gouvernement et même du régime d’Ali Bongo tel un boomerang.

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