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Basketball Gabonais : quatre années de revers et d’amateurisme, à quand la fin du chaos ?

 Basketball Gabonais : quatre années de revers et d’amateurisme, à quand la fin du chaos ?
Basketball Gabonais : quatre années de revers et d’amateurisme, à quand la fin du chaos ? © 2024 D.R./Info241

Depuis quatre ans, le basketball gabonais traverse l’une des périodes les plus sombres de son histoire. Sous la direction du bureau fédéral sortant, les humiliations se sont multipliées sur la scène continentale, jetant un discrédit sans précédent sur cette discipline autrefois prometteuse. Dans cette tribune libre parvenue ce vendredi à la rédaction d’info241, un collectif d’anciens basketteurs internationaux férus des parquets mette le curseur à froid sur la gestion du bureau sortant de la fédération gabonaise de basketball (FEGABAB). Lecture

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L’état des lieux est alarmant : des défaites cuisantes aux jeunes abandonnés à leur sort, jusqu’aux scandales financiers et organisationnels, tout semble indiquer une faillite totale du système.

LE DÉSASTRE DES ÉQUIPES NATIONALES : L’ÉCHEC D’UNE JEUNESSE SACRIFIÉE

La débâcle a commencé en Égypte en 2021, où nos équipes nationales U16, garçons et filles, ont essuyé des défaites historiques avec des scores fleuves. Ces revers n’ont pas seulement entaché l’image du Gabon, mais ont aussi traumatisé des jeunes qui représentaient l’avenir du basketball gabonais. Qu’est-il advenu d’eux ? Aucun suivi psychologique, sportif ou administratif. Ces jeunes, pourtant censés bâtir le socle de nos équipes seniors actuelles, ont été laissés à l’abandon.

Ce fiasco était prévisible : absence de compétitions locales, préparation bâclée, et un manque criant de structuration. Pourtant, malgré ces lacunes évidentes, la fédération a persisté à envoyer des délégations en sachant pertinemment que les équipes n’étaient pas prêtes. Pourquoi sacrifier ces jeunes sur l’autel de la médiocrité ? Les motivations sportives étaient manifestement absentes. L’argent semble avoir été le moteur principal, comme en témoignent les budgets faramineux alloués et les listes interminables des accompagnateurs.

LE CERCLE VICIEUX DES HUMILIATIONS : MOANDA BB, NABA ET L’ÉQUIPE NATIONALE A

Le fiasco ne se limite pas aux jeunes. Récemment, les clubs Moanda BB et NABA ont représenté le Gabon lors de compétitions africaines Road To BAL et les qualifications à la WBLA. Résultat ? Encore des humiliations, pour les mêmes raisons : manque de préparation et d’organisation.

À Dakar, il y a à peine 2 semaines, l’équipe nationale masculine a essuyé trois défaites en autant de matchs, enregistrant des scores jamais vus dans l’histoire des équipes nationales du Gabon chez les Seniors. Et après ? Silence radio de la fédération. Aucun bilan, aucune communication. En revanche, les dirigeants se sont rapidement rués à la caisse du Trésor public pour réclamer les primes réservées à l’équipe nationale.

UNE GESTION FINANCIÈRE SCANDALEUSE

La gestion financière de la FEGABAB frôle la honte nationale. Les primes distribuées aux joueurs tardent souvent ou sont purement et simplement détournées. Certains joueurs présélectionnés n’en perçoivent jamais. Pendant ce temps, le président fédéral et ses acolytes touchent des primes équivalentes, voire supérieures à celles des joueurs qui se battent sur le terrain.

Cette gestion opaque alimente aussi des conflits internes. Le Directeur Technique National (DTN) critique ouvertement le niveau des coachs, insinuant ainsi que leur nomination n’est pas de son ressort, ce qui laisserait penser que cela est le résultat des décisions personnelles du président fédéral !? Comment construire une vision cohérente dans une telle cacophonie ?

UN APPEL URGENT À LA RÉFORME

Le basketball gabonais ne peut plus continuer sur cette voie. L’argent du contribuable ne peut être gaspillé indéfiniment dans des compétitions où le Gabon est systématiquement humilié. Il est temps de suspendre toute participation internationale jusqu’à ce qu’un véritable plan de développement soit mis en place.
Cette réforme doit inclure :

• Une gouvernance transparente, basée sur des objectifs clairs et mesurables.
• Un suivi rigoureux des jeunes talents pour les préparer aux échéances futures.
• Une redistribution équitable des ressources, en mettant les joueurs au centre des préoccupations.
• Une révision complète des nominations au sein de la fédération pour y inclure des experts compétents et désintéressés.

Le basketball gabonais mérite mieux. Les joueurs, les entraîneurs et les amoureux de ce sport méritent mieux. Ce n’est qu’en dénonçant haut et fort ces pratiques que nous pourrons espérer un changement. Le temps est venu de réclamer des comptes et d’exiger une refonte totale de la gestion de cette discipline.

LES FUTURES ÉLECTIONS FÉDÉRALES : UN CLIMAT D’INCERTITUDES ET D’AGISSEMENTS DOUTEUX

Alors que le basketball gabonais espère amorcer une nouvelle ère de développement et de transparence, les prochaines élections pour le renouvellement de la fédération nationale suscitent déjà des interrogations. Les pratiques entourant l’organisation du scrutin semblent en contradiction flagrante avec les principes d’éthique et de neutralité attendus dans un processus démocratique.

D’abord, un premier chronogramme électoral a été publié, ne laissant que quatre jours de campagne aux candidats pour convaincre une trentaine de délégués répartis dans neuf provinces du pays. Une durée largement insuffisante pour permettre un véritable échange d’idées ou la présentation de programmes cohérents. Cette précipitation soulevait des doutes quant à l’intention réelle du bureau sortant, présidé par un dirigeant lui-même candidat à sa propre succession.

Cependant, la vigilance des autorités compétentes, notamment le ministère des Sports et la Direction Générale des Sports, a permis de mettre un peu d’ordre dans ce processus chaotique. Sous leur supervision, le chronogramme initial a été corrigé, offrant des délais plus raisonnables. Désormais, l’élection se tiendra le 11 janvier 2025, au lieu du 21 décembre initialement annoncé. De plus, une période de 18 jours de campagne a été instaurée, laissant aux candidats plus de temps pour présenter leurs projets et convaincre les délégués. Ces ajustements apportent une certaine crédibilité au processus.

Mais des pratiques controversées demeurent. Lors de l’officialisation de sa candidature le vendredi 6 décembre dernier, le président sortant était entouré de cinq présidents de ligues provinciales, affichant publiquement leur soutien à sa réélection. Ces responsables, censés incarner la neutralité, ont ainsi brouillé la frontière entre leur rôle de superviseurs du processus électoral et leur soutien partisan. L’un d’eux a même pris la parole sur une chaîne locale pour défendre le bilan du président fédéral sortant et réaffirmer leur appui.

Ces prises de position publiques posent une question fondamentale : ET L’ÉTHIQUE DANS TOUT CELA ? Les présidents de ligues n’auraient-ils pas dû adopter une posture neutre pour garantir un processus équitable ? Ces soutiens déclarés risquent d’influencer les délégués dans un contexte déjà marqué par des tensions et des intérêts personnels.

De plus, le président sortant semble déjà démontrer son mépris pour les règles établies par les autorités. Bien que la campagne officielle soit prévue pour démarrer le 23 décembre, il a multiplié les sorties médiatiques bien avant cette date. Le 9 décembre dernier, il s’est exprimé sur une radio nationale pour présenter son projet de campagne, une violation flagrante des délais impartis. Plus inquiétant encore, l’apparition télévisée du président de la Ligue de l’Ogooué Lolo, quelques jours plus tôt, pour défendre son bilan, révèle une connivence troublante entre le candidat et certains responsables censés rester neutres.

Ces agissements rappellent tristement les pratiques des anciens dirigeants politiques du Gabon, souvent regroupés sous le sobriquet de « Young Team ». Mépris des règles, favoritisme affiché, et instrumentalisation des canaux officiels pour des intérêts personnels : autant de comportements qui ont longtemps miné la confiance des citoyens envers leurs institutions, autant d’agissements décriés par la population gabonaise. Aujourd’hui, ces mêmes méthodes semblent trouver écho dans la gestion du basketball national, au détriment d’un développement sportif transparent et équitable.

Ainsi, malgré les ajustements imposés par les autorités, ces élections reflètent encore des dysfonctionnements structurels dans la gouvernance du basketball gabonais. Il est impératif que cette opportunité soit saisie pour instaurer des règles claires et transparentes, afin d’assurer l’intégrité des processus électoraux dans le sport national.

Le développement du basketball au Gabon mérite mieux qu’un exercice de reconduction déguisé en processus démocratique. Un véritable changement ne pourra s’opérer que si tous les acteurs, y compris les autorités sportives, se mobilisent pour garantir équité et transparence.

UN CRI POUR L’AVENIR

Ce sport qui fait vibrer des millions de Gabonais ne doit plus être la victime de l’incompétence et des intérêts personnels. Le basketball gabonais doit redevenir une fierté nationale, une source d’espoir et d’inspiration pour notre jeunesse. Le changement est une urgence, et il commence maintenant.

@info241.com
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