Ali Bongo va encore lui-même gérer son Fonds d’initiative départementale

N’ayant visiblement que peu confiance en son administration encore moins aux hommes et femmes qui l’incarne, Ali Bongo a annoncé samedi à Franceville (Haut-Ogooué) qu’il restera à la manœuvre pour « valider » les fameux « projets structurants » qui découleront du Fonds d’initiative départementale (FID). Une bien curieuse façon d’actionner une décentraliser qui dans le pays reste une bien ancienne chimère. Tout comme le développement local et la « fracture territoriale » poursuivis sur le papier par le FID.

Ali Bongo veut aller loin avec sa nouvelle lubie dénommée « Fonds d’initiative départementale », présentée comme une « révolution » dans la gouvernance publique. Sauf que de décentralisation, il n’en sera que peu question dans le mécanisme décrit par Ali Bongo, lui-même, samedi à Franceville. Une décentralisation tropicalisée donc pour des projets qui malgré après avoir été avalisés localement, devront encore recueillir l’assentiment d’un président qui ne veut visiblement pas voir cette manne financière engraisser le portefeuille privé des gouverneurs et autres responsables départementaux.
Une décentralisation à la sauce Ali Bongo
Selon Ali Bongo qui avait pris soin de réunir tous les gouverneurs du pays samedi à France pour le lancement du FID aux 48 milliards, « les populations vont réfléchir... Elles vont donner deux trois choix au préfet (...). Le préfet va amener ça au niveau du gouverneur. Lorsque tous les projets seront arrivés au niveau du gouvernorat, le gouverneur réunira tous les préfets, tous les élus locaux de tous les départements de la province en une sorte de conseil provincial. C’est là que se fera l’adoption de tous les projets qui seront après envoyés à Libreville ».
Ali Bongo posant avec les gouverneurs, réduits à un rôle limité dans le FID
Et Ali Bongo d’ajouter dans ce mode d’emploi du FID : « Le gouverneur transmettra ça ensuite au ministère de l’Intérieur. Le ministre de l’Intérieur eh bien, il va m’amener tous ces projets là. Et le Premier ministre et moi-même, nous allons revoir tout cela. Et c’est seulement là que nous allons donner l’ordre de décaisser ». Ce ne sera donc pas aux départements ni aux gouverneurs que reviendront la décision de financement mais à Ali Bongo et à son Premier ministre.
Le couple Bongo-Issoze restera aux commandes
Tout le contraire donc de l’ambition de décentralisation qui rappelons-le consiste à transférer le pouvoir de décision à des organes autonomes régionaux ou locaux. Ce ne sera donc pas le cas pour le FID dont le pouvoir de décision résidera finalement toujours à Libreville, entre les mains du couple exécutif Bongo-Issoze Ngondet. Une curieuse manière de décentraliser un développement local qu’ignore les fonctionnaires et autres conseils présidentiels, bien loin des réalités départementales.
Il faut y voir dans cet énième revirement du FID, le manque de confiance que nourrit Ali Bongo vis-à-vis des hommes et femmes dont il est pourtant le seul nommer et à faire accéder aux hautes fonctions administratives. Devant les scandales financiers et les détournements de fonds publics dont les coupables courent toujours, Ali Bongo veut être prudent quitte à dénaturer ce projet de financement décentralisé qui ne sera, on l’a vu, que de nom.
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