Oubliés, les recalés de l’ENA réclament une issue favorable avant la présidentielle

À moins de deux semaines de la rentrée académique à l’École nationale d’administration (ENA) du Gabon, les candidats recalés au second tour du concours d’août 2024 restent campés sur leurs positions. Réunis au sein de la plateforme Tous contre la fraude à l’ENA, ils multiplient les appels à l’endroit des autorités de la Transition. Leur espoir : une issue juste avant l’échéance présidentielle gabonaise du 12 avril.

Depuis sept mois, ces jeunes dénoncent un ensemble d’irrégularités relevées dans les résultats du concours publiés le 9 octobre 2024 par le ministère de la Fonction publique. Parmi les griefs énumérés par leur porte-parole : l’admission de candidats recalés dès le premier tour, la promotion de candidats ayant obtenu des notes faibles (10/20), des permutations « irrégulières » entre filières et l’absence de transparence sur les notes et les numéros de composition, en violation de l’arrêté ministériel ayant encadré le concours.
Fraudes et injustice
Selon eux, près de 215 candidats sur les 450 admis le seraient de manière frauduleuse . Un constat appuyé, affirment-ils, par un huissier dès le 10 octobre. Malgré les multiples courriers envoyés au Premier ministre de la Transition, au Conseil d’État, à la Présidence, au Parlement et au Conseil économique et social, aucune réponse concrète ne leur a été apportée.
L’intégralité de leur déclaration de vendredi
Face à ce silence, ils avaient entamé une grève devant l’Assemblée nationale en janvier 2025, suspendue à la suite d’un entretien avec les services spéciaux de la Présidence. Mais l’inaction persistante de l’administration a conduit à la reprise de leur piquet de grève depuis le 3 mars, désormais prolongé depuis plus d’un mois.
Des saisines sans réponse
Le 27 mars, un courrier de la Primature leur a finalement été transmis. Dater du 6 mars, il affirme que leurs propositions sont « à l’étude » et qu’une réponse leur sera donnée dans les « meilleurs délais ». Une formule jugée floue par les recalés, d’autant plus que la rentrée est fixée au 22 avril selon le dernier Conseil d’administration de l’ENA tenu le 28 mars.
« Nous sommes là depuis sept mois, exposés jour et nuit aux intempéries, aux maladies. Un drame sur le piquet de grève serait un échec pour l’image même de la Transition », alerte le collectif, évoquant une récente chute de branche ayant failli blesser l’un d’entre eux.
Des attentes
Si ces jeunes affirment s’adresser à l’administration dans son ensemble, ils lancent surtout un appel solennel au président de la Transition, Brice Clotaire Oligui Nguema. « Lorsqu’il a pris le pouvoir, c’était au nom de la restauration. Nous nous reconnaissons dans son combat contre les fraudes. Aujourd’hui, nous lui demandons d’aller jusqu’au bout de cette logique en réglant notre situation », plaident-ils.
En pleine campagne présidentielle, où les discours sur la jeunesse et la justice sociale abondent, les recalés de l’ENA espèrent que leur cri sera entendu. Ils attendent une décision avant le 12 avril, date de clôture officielle de l’administration avant l’élection. Faute de quoi, ils redoutent que leur dossier ne s’enlise durablement, au mépris des espoirs nés de la Transition.
@info241.com
