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Gabon ou le doux règne françafricain de la famille Bongo

Gabon ou le doux règne françafricain de la famille Bongo
Gabon ou le doux règne françafricain de la famille Bongo © 2016 D.R./Info241

Le pouvoir dans toute démocratie s’obtient par les urnes, par le choix du peuple souverain sur les femmes et les hommes jugés légitimes pour présider à leur destinée. Au Gabon, dix présidentielles ont déjà été organisées, toutes remportées par un même vainqueur : le Parti démocratique gabonais (PDG). A la manœuvre, un couple qui fait bon ménage depuis un demi-siècle : la famille Bongo et la françafrique joyeuse des temps coloniaux immémoriaux.

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Les sempiternelles victoires d’une famille sur un pays

Depuis son indépendance obtenue par référendum en 1960, le Gabon est sous le joug du nouveau substrat de l’ancien empire colonial : la Françafrique. C’est elle qui aux premières lueurs des indépendances nomme Léon Mba comme président, pour continuer à faire rayonner le rêve colonial et économique de la redoutable France. Ce rêve a failli être brisé par la mort du premier président du Gabon, remplacé à la sauvette par Omar Bongo, un autre homme de main de cette France soucieuse des intérêts économiques de ses multinationales fortement implantées grâce à la colonisation.

Depuis lors, toutes les présidentielles sont systématiquement remportées par la famille Bongo qui avait pris soin d’instaurer le parti unique en 1968 pour ne courir aucun risque de perdre de sa superbe domination naissante. Une domination familiale qui condamne les femmes et hommes engagés en politique, à vouer un culte de soumission au Bongo choisit pour diriger le pays, au risque de compromettre son propre avenir et celui des siens.

Les joies de la compromission au régime

Une compromission obligatoire pour qui veut bien voir son compte bancaire grossir et s’offrir par des détournements tout ce que la vie peut offrir à un homme qui en veut toujours plus : gloire, femmes, voitures, entreprises, villas etc. Le spectre de la pauvreté a toujours été le moteur de la soumission du régime qui n’hésite pas mettre sous les verrous ses opposants et tous les acteurs civils s’opposant à son hégémonie.

En découle, des présidentielles de façade dont le vainqueur est connu avant même le vote suprême et la convocation des électeurs aux urnes. Ce, grâce à une machine à gagner qui gagne bien évidemment même quand elle perd. Depuis l’avènement du multipartisme en 1990, obtenu contre l’avis obstiné d’Omar Bongo, l’ancien parti-Etat a conservé sa gagne électorale tristement institutionnelle. Il n’a depuis lors, perdu aucun scrutin majeur malgré l’opiniâtreté corrosive d’opposants attractifs et assaillants. La clé de supercherie à peine voilée : le verrou de la validation du scrutin par un proche dont le régime s’est assuré préalablement de son entière dévotion à l’œuvre suprématiste du clan Bongo sur le riche pays d’Afrique centrale.

Depuis, le régime Bongo est pourvoyeur de bonheur à ses disciples et promet arrestations arbitraires et pauvreté à tout gabonais qui souhaiterait voir une autre gouvernance dans le pays éclore. Ce régime prospère avec ces méthodes contestables sous le regard éclairé et compatissant des cellules Afrique de l’Elysée et du Quai d’Orsay, bien au fait de ces stratagèmes antidémocratiques qui ont pignon sur rue en Afrique centrale française.

La françafrique toujours agissante

Omar Bongo a dès son arrivée au pouvoir en 1965, pris soin de mettre ses hommes de confiance aux postes clés d’institutions toutes inféodées à son régime. Pour être nommé dans ces institutions pompeusement dites republicaines, il faudrait avoir brillé par une allégeance sans borne au maître régent. La Cour constitutionnelle censée veiller à la légalité du scrutin présidentiel, est vite confiée à la maîtresse d’Omar Bongo, Marie Madeleine Mborantsuo, qui grâce à son pouvoir de décision finale permet en dernier ressort aux Bongo et à la françafrique de faire de chaque présidentielle un sempiternel bis repetita des intérêts sous-marins de ces deux entités comparses.

Sinon comment comprendre que la France, pays des droits de l’Homme et l’un des berceaux de la démocratie, ne se soit jamais offusquée de cette hégémonie familiale qui perdure et dure au grand dam de l’aspiration du peuple gabonais à s’autodéterminer dans les urnes. Depuis les indépendances, la Gauche et la Droite française se sont succédées au pouvoir en France sans que le patronyme du président de l’ancienne colonie française, n’ait conduit à la moindre remise en question de cette démocratie tropicalement surréaliste.

La non-ingérence, l’autre force d’action de la Françafrique

L’arrivée au pouvoir d’Ali Bongo en 2009, malgré les contestations qui ont émaillé le scrutin, n’a rien effrité à l’amour des autorités françaises au nouveau maître familial Bongo II après la mort prématurée de Bongo I. Désormais abonnée à une inaction diplomatique pour valider les régimes qu’elle soutient sans l’avouer, la douce France fait désormais de la « non-ingérence ». Cette non-ingérence est devenue au fils des scrutins, l’argument magique que brandit la Chancellerie française pour adouber les victoires frauduleuses de son champion non-officiel.

Pendant ce temps, la famille Bongo se perpétue au pouvoir de père en fils, trouvant à chaque fois des hommes politiques résignés à profiter quelque peu, eux aussi, de la manne financière qui coule du sous-sol gabonais et de l’exploitation de ses matières premières confiées aux seules mains de la famille Bongo via notamment leur holding familiale, la nébuleuse Delta Synergie. C’est cette puissance financière qui est à l’origine des revirements politiques de certains opposants qui ont d’égards à résister à l’appel d’espèces sonnantes et trébuchantes en échange leur adhésion à la gabegie politico-economique de la famille régnante.

Le résultat du scrutin présidentiel d’août 2016, bien que remis en cause par les « impartiaux » observateurs de l’Union européenne, n’a pas fait changé la position de la France officielle sur son protégé Ali Bongo. Après un scrutin largement remporté sur 7 des 9 provinces que comptent le pays par son challenger Jean Ping, la France continue d’appeler les gabonais à laisser derrière eux la présidentielle contestée. Et donc de laisser Ali Bongo continuer de présider, contre leur avis souverain, leur destinée précaire. Comme si l’issue de leur vote importait peu. Comme si leur choix dans les urnes, n’était qu’une chimère de plus à ajouter à leur lassitude de voir défiler devant eux des élections cosmétiques.

C’est connu, la France n’a jamais eu de candidat aux présidentielles gabonaises mais elle soutient toujours son vainqueur qui est finalement resté le même : un membre issu de la famille Bongo. Ce cercle infernal perdure sans émoi pour les conditions précaires d’un peuple pris en otage par les appétits hégémoniques d’une famille et de ses soutiens hexagonaux qui s’offrent le pays et la vie de ses habitants.

Ce, sans la moindre légitimité électoraliste, sans l’onction provenant d’un peuple meurtri et condamné à se résigner à voir la France adouber le champion présidentiel et naturel de la famille Bongo et son parti qui n’a "démocratique" que de nom.

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