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Procès Sylvia et Noureddin Bongo au Gabon : une “procédure illégale de A à Z” selon leur avocat français

Procès Sylvia et Noureddin Bongo au Gabon : une “procédure illégale de A à Z” selon leur avocat français
Procès Sylvia et Noureddin Bongo au Gabon : une “procédure illégale de A à Z” selon leur avocat français © 2025 D.R./Info241

Le procès de Sylvia Bongo Ondimba et de son fils Noureddin Bongo Valentin s’ouvre aujourd’hui, lundi 10 novembre 2025, devant la Cour criminelle spéciale de Libreville. À la veille de cette audience très attendue, l’avocat parisien Me François Zimeray a adressé au Procureur général un courrier d’une rare fermeté, dénonçant une procédure “illégale de A à Z”, des atteintes graves aux droits de la défense et la diffusion de documents privés “dans des conditions délictueuses”.

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Nouvel épisode dans le feuilleton judiciaire qui oppose l’État gabonais à Sylvia Bongo Ondimba et à son fils Noureddin. Dans un courrier daté du 31 octobre 2025, l’avocat parisien Me François Zimeray, conseil de la famille Bongo, a adressé une réponse détaillée au Procureur général près la Cour criminelle spéciale de Libreville.

Cette lettre, transmise après réception d’un pli officiel du Parquet le 27 octobre, dénonce avec fermeté ce que l’avocat qualifie de violations répétées des droits de la défense et d’irrégularités manifestes dans la procédure engagée contre ses clients.

Une constitution d’avocat ignorée par le Parquet

Le Procureur général affirmait, dans sa correspondance, qu’“une seule avocate inscrite au Barreau du Gabon est régulièrement constituée” pour défendre Sylvia et Noureddin Bongo.

Une déclaration qui a surpris Me Zimeray. Dans sa réponse, l’avocat précise que sa constitution, déposée et enregistrée le 22 janvier 2024 au greffe de Mme Ayombo Moussa Léïla, épouse Biam — juge d’instruction spécialisée près le Tribunal de première instance de Libreville —, “semble manifestement avoir échappé” au ministère public.

Une copie de cette constitution a été jointe à la lettre, preuve que le cabinet Zimeray intervient bel et bien officiellement aux côtés de Me Gisèle Eyue-Bekale, avocate gabonaise.

“Mes clients n’ont jamais été cités à comparaître”

L’avocat réfute également la prétendue régularité de la citation à comparaître de ses clients devant la Cour criminelle spéciale, audience fixée au 10 novembre 2025.
C’est par voie de presse que mes clients ont appris la date de leur procès”, écrit Me Zimeray, ajoutant qu’aucune convocation ne leur a jamais été notifiée. Il rappelle que la presse n’est évidemment pas “une voie de signification admissible”.

Se fondant sur l’article 419 du Code de procédure pénale gabonais, il souligne que toute personne résidant dans un pays européen autre que la France doit bénéficier d’un préavis de quatre mois avant l’audience. En l’espèce, “le délai requis n’a manifestement pas été respecté”, conclut-il.

Fuite de documents privés sur les réseaux sociaux

Le courrier attire ensuite l’attention du Parquet sur un incident survenu le 6 novembre 2025. Ce jour-là, une page Facebook dénommée a publié des captures d’écran de plusieurs documents privés appartenant à l’ancien président Ali Bongo Ondimba et à son épouse.

Selon Me Zimeray, ces documents “provenaient du domicile familial de Libreville”. Deux hypothèses sont envisagées : soit un vol, soit la diffusion de pièces issues d’une perquisition judiciaire.

Dans tous les cas, leur publication ne peut découler que de circonstances délictueuses, qu’il s’agisse de vol, de violation de la vie privée ou de violation du secret de l’instruction”, écrit-il, demandant l’ouverture d’une enquête pour déterminer l’origine de ces fuites et leurs auteurs.

“Une procédure illégale de A à Z”

Dans la partie la plus sévère de sa lettre, Me Zimeray s’en prend directement à la nature même du dossier. Il parle sans détour d’une “procédure illégale de A à Z”, affirmant que ses clients “ont été incarcérés en dehors de tout cadre régulier à l’occasion du coup d’État d’août 2023”.

Durant leur détention, poursuit-il, “les droits de la défense ont été systématiquement bafoués”, tandis que “l’immixtion de l’exécutif dans l’instruction est incontestable”. L’avocat dénonce également des “actes de torture et des traitements inhumains, cruels et dégradants” subis par ses clients, visant à les contraindre à “une quasi-intégrale dépossession au profit de proches du régime actuel”.

Ces allégations ont donné lieu à une plainte avec constitution de partie civile devant le pôle crimes contre l’humanité du Tribunal judiciaire de Paris, où une enquête est actuellement ouverte.

Appel à la coopération judiciaire avec la France

Me Zimeray invite le Parquet gabonais à “coopérer pleinement” avec la justice française dans le cadre de cette procédure internationale. Il demande au Procureur général de requérir la nullité de l’audience du 10 novembre, en raison “des innombrables irrégularités qui la frappent”.

Et d’ajouter, non sans ironie : “Le Parquet général ayant cru devoir s’exprimer en amont de l’audience par voie de presse et sur les réseaux sociaux, je me réserve la faculté de porter la présente réponse à la connaissance du public”.

@info241.com
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