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Pourquoi les Bongo Valentin tentent par tous les moyens d’empêcher leur procès du 10 novembre ?

Pourquoi les Bongo Valentin tentent par tous les moyens d’empêcher leur procès du 10 novembre ?
Pourquoi les Bongo Valentin tentent par tous les moyens d’empêcher leur procès du 10 novembre ? © 2025 D.R./Info241

Ils sont « innocents » mais se refusent à tout procès pour le démontrer. À l’approche du procès de Sylvia et Noureddin Bongo Valentin devant la Cour criminelle spéciale de Libreville, le clan présidentiel déchu multiplie les offensives. Vidéos sur les réseaux sociaux, recours procéduraux, accusations d’irrégularités : tout est mis en œuvre pour décrédibiliser une procédure qu’ils savent décisive. Car ce procès, attendu le 10 novembre, ne portera pas seulement sur les deux figures centrales du régime déchu, mais sur tout un système de prédation du pouvoir, que la justice gabonaise s’apprête à exposer au grand jour.

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Derrière ces manœuvres, la défense tente d’imposer l’idée d’un procès politique. Les avocats des Bongo invoquent des irrégularités, soutenant que la Cour criminelle spéciale aurait dû surseoir à statuer en raison de pourvois encore pendants. Or, l’article 451 du Code de procédure pénale gabonais est sans équivoque : le pourvoi en cassation n’a pas d’effet suspensif. La juridiction reste donc compétente pour juger l’affaire. « Ceux qui contestent ne défendent pas le droit, mais le report du droit  », rappelle l’avocat Me Tony Serge Minko Mi Ndong cité ce vendredi par l’Union, dénonçant une stratégie de diversion.

Des charges accablantes et un réseau de complices

Les charges sont lourdes : blanchiment de capitaux, détournement massif de fonds publics, faux et usage de faux, association de malfaiteurs. Sylvia et Noureddin Bongo sont accusés d’avoir orchestré un vaste système de détournement de ressources publiques, dissimulées à travers des sociétés-écrans et des comptes à l’étranger. Mais ils ne seront pas seuls à la barre : leur procès inclut également celui de leurs onze co-accusés, anciens proches collaborateurs, hommes d’affaires et fonctionnaires, qui comparaîtront dès ce lundi.

Ces co-accusés sont soupçonnés d’avoir été les facilitateurs de l’ancien clan présidentiel, exécutant les opérations financières et administratives qui permettaient d’alimenter le réseau de corruption mis en place au sommet de l’État. Leurs témoignages et leurs dépositions sont attendus comme un moment clé du procès : ils devraient révéler, dans le détail, les manœuvres internes de la famille Bongo et les mécanismes de captation des fonds publics. Une affaire dont l’ampleur des faits reste immense, selon les magistrats instructeurs.

Un exil doré sous couvert d’apaisement

Le 15 mai dernier, Sylvia et Noureddin Bongo avaient obtenu un exil judiciaire à Londres, présenté comme un geste d’apaisement par les autorités de transition. Cet arrangement, intervenu après plusieurs mois de détention préventive, leur a permis de quitter discrètement le pays tout en conservant le bénéfice de nombreux biens mal acquis. Depuis, la famille mène une vie luxueuse dans la capitale britannique, entre hôtels particuliers, comptes bancaires et véhicules de prestige.

Ce départ a suscité un vif débat au Gabon. Officiellement, il s’agissait d’un protocole transactionnel visant à favoriser la stabilité politique. Mais pour nombre d’observateurs, cette mansuétude judiciaire a permis aux principaux responsables de la spoliation de l’État de se soustraire, temporairement, à la justice nationale. Leur retour sur le devant de la scène judiciaire, à travers ce procès historique, apparaît donc comme une revanche de l’État de droit.

La justice internationale en renfort

La crédibilité des poursuites a été renforcée par la condamnation définitive de la famille Bongo en avril dernier par la Cour de cassation française dans l’affaire des « biens mal acquis ». Cet arrêt, désormais irrévocable, confirme que plusieurs biens immobiliers et actifs financiers en France ont été acquis avec l’argent du contribuable gabonais. Pour la justice gabonaise, cette décision constitue un précédent moral et juridique majeur : elle valide la réalité du pillage systématique des ressources nationales par la dynastie déchue.

Dans ce contexte, les contre-feux médiatiques et les accusations d’acharnement lancées depuis Londres apparaissent comme les derniers réflexes d’un clan acculé. Les vidéos diffusées à l’étranger, les communiqués alarmistes ou les appels à l’opinion internationale ne parviennent pas à masquer la gravité des faits reprochés. À Libreville, les autorités judiciaires veulent au contraire faire de ce procès une démonstration d’indépendance et de transparence judiciaire.

En réalité, Sylvia, Noureddin et leurs co-accusés ne sont pas jugés seulement pour leurs actes individuels, mais pour tout un système qui, pendant 56 ans, a confondu pouvoir, argent et privilèges. En exposant les dérives d’un régime longtemps intouchable, la justice gabonaise entend solder une époque et tourner la page d’un demi-siècle de prédation.

@info241.com
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