SOGAD-Orabank

Perquisition au siège d’Orabank : les policiers gabonais sont-ils à la solde de SOGAD ?

Perquisition au siège d’Orabank : les policiers gabonais sont-ils à la solde de SOGAD ?
Les policiers sur place pendant la perquisition. © 2017 D.R./Info241

Les agents de la police gabonaise ont une fois de plus assiégé ce mardi les bureaux de la filiale d’Orabank sis à l’immeuble Frangipanniers de Libreville. Selon certaines sources approchées il s’agirait de l’opération Mamba en lien avec l’affaire de La poste gabonaise dans laquelle l’ancien P-DG, Alfred Mabika-Mouayama est mis en cause. Après vérification et enquête il n’en est rien. Quelles sont les véritables raisons de cette perquisition ? Info241 vous livre les dessous cette énième action policière et judiciaire controversée.

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La police gabonaise se distingue depuis le 03 mars dernier par des perquisitions tous azimuts. La filiale gabonaise du groupe Orabank à Libreville a reçu ce matin une perquisition musclée des forces de l’ordre. Selon des sources proches du dossier, interrogées par Info241, le DG a été interpellé avant d’être relâché 15 minutes après. Précisant qu’il a été sommé par les agents de police voulant mettre à sac l’argent des clients qui se trouvait dans le coffre de la banque sis à l’immeuble Frangipanniers de Libreville. Plus loin, à l’agence d’Orabank de la gare routière, précise cette même source, la caissière a été molestée violemment par ces mêmes forces de l’ordre. A ce sujet, nous apprenons de son siège parisien, qu’un conseil d’administration urgent de la banque américaine sera organisé aujourd’hui à Paris.

Il faut souligner qu’à tort, plusieurs médias arguent que cette deuxième perquisition musclée des forces de police à l’encontre d’Orabank ferait suite à l’actionnariat (7,14%) que l’ancien P-DG du groupe Poste S.A possède au sein de cette banque. Et que cette descente toujours incomprise par les employés de la banque serait due à un pactole et des documents comptables qui prouveraient des détournements de fonds publics qu’aurait commis l’ancien ministre Alfred Mabika-Mouyama.

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Ce qui relève d’une pure imagination voire d’une machination politique selon l’ancien P-DG de La Poste gabonaise. Les forces de l’ordre seraient-elles à la solde SOGAD BTP, appartenant un ressortissant togolais ? Aurait-il fait un opa sur la justice gabonaise ? Plusieurs agissements de cette entreprise laissent planer le doute. Mais revenons sur les dessous réels de cette affaire mêlant le politique au judicaire.

Retour sur les véritables faits

Aux sources de cette perquisition policière : un litige entre Orabank et la société BTP SOGAD dont l’Etat gabonais avait confié en 2011, le marché de construction de la future école supérieure de commerce de Port-Gentil et l’école de Tourisme de Libreville. Dépêché sur place dans la capitale économique, nous avons constaté que ce chantier demeure inachevé. Il est même à l’arrêt total. Même constat pour l’école de tourisme de Libreville, ce chantier n’a pas vu le jour jusqu’aujourd’hui malgré l’affectation des fonds publics alloués à cette entreprise adjudicataire.

Pour pallier ses déficits de trésorerie bien qu’ayant eu accès aux dividendes du marché public gabonais, la SOGAD a procédé à une demande de prêt d’environ 22 milliards FCFA auprès d’Orabank, pour selon l’entreprise achever ces deux chantiers de construction. Naturellement, il revenait à Orabank de scruter le dossier et d’étudier sa faisabilité avant de décaisser cette colossale somme d’argent. Il s’est avéré après expertise du dossier que la demande de prêt de la SOGAD a été retoqué par la banque.

Il faut rappeler que pour la réalisation de ce projet, selon la Présidence de la République, une délégation de l’entreprise dite chinoise avait séjourné à Port-Gentil dans le cadre d’une mission de reconnaissance sur le site retenu pour abriter le futur complexe universitaire. Ce, afin de décliner le plan et déterminer la durée des travaux. Le Maire de Port-Gentil, Bernard Apérano, s’était réjoui dès lors de l’aboutissement du projet, qui avait été annoncé par Ali Bongo Ondimba lors du tout premier Conseil des Ministres délocalisé, qui s’était tenu à Port-Gentil, le 4 mars 2010.

Climat d’affaire : une procédure judiciaire tendancieuse

Selon une source proche d’Orabank, n’ayant pas eu gain de cause, l’instance dirigeante de la SOGAD a saisi le Parquet de Libreville pour un drôle de chefs d’accusations : exiger un dédommagement d’Orabank suite à son refus d’accorder les 22 milliards de franc CFA de prêts. Un grief très étrange. La SOGAD aurait obtenu une délibération favorable auprès du Tribunal de Libreville, cette décision de justice condamnerait Orabank à payer à la société de BTP, plus 7 milliards de francs CFA.

Interrogé par Info241, un banquier gabonais qui est resté sans voix au sujet de cette condamnation judiciaire d’Orabank a expliqué ce qui suit : «  Le prêt bancaire est une solution de financement très largement utilisée par les créateurs d’entreprise. D’une manière générale, un projet bien préparé, cohérent et porté par un ou plusieurs créateurs motivés aura toutes les chances d’obtenir un financement. » A contrario, a-t-il ajouté, "un projet présentant un plan de financement déséquilibré et peu d’éléments convaincants sur son marché ne présentera pas les garanties suffisantes pour séduire un banquier. C’est une évidence, c’est une action légale de ne pas accepter un prêt bancaire si le dossier ne répond pas à toutes les garanties. Les accords dits « Bâle III » obligent les établissements financiers à respecter un certain ratio de fonds propres par rapport aux crédits accordés pour consolider les structures en cas de nouvelle crise financière".

Pour ces raisons, a-t-il martelé "les banques sont extrêmement prudentes dans leur analyse des risques. Elles ne souhaitent pas, d’une manière générale, risquer plus d’argent dans le projet que le ou les créateurs eux-mêmes. De la même manière, elles préfèrent partager les risques avec le plus de partenaires possibles pour en limiter les effets négatifs. Cela explique en partie pourquoi certains projets de création d’entreprise rencontrent des difficultés pour obtenir un financement bancaire. Il s’agit généralement de projets : jugés « trop audacieux », ou présentant un plan de financement déséquilibré, ou portés par un ou plusieurs créateurs n’ayant pas l’expérience souhaitée par la banque, ou ne réunissant pas un niveau de fonds propres suffisant ou encore dont le produit/service ne semble pas répondre aux besoins du marché."

Un environnement d’affaires à hauts risques

D’ailleurs, cette décision judiciaire curieusement favorable à la SOGAD pour cause d’un refus de crédit a provoqué un tolet à Orabank. C’est ainsi, nous indique une source proche du dossier, les dirigeants de la banque se sont empressés d’informer les plus hautes autorités gabonaises sur le danger d’une telle bavure judiciaire. Cette amende constituerait un fort handicap pour la banque qui pourrait faire banqueroute.

En effet, comment vouloir attirer les investisseurs étrangers avec de telles pratiques dans le marché des affaires au Gabon ? Comment jouer la carte de l’attractivité des investisseurs étrangers dans un pays où les procédures les plus élémentaires de prêts bancaires sont foulées au sol par la Justice gabonaise ? S’est interrogé cette même source. Donc a-t-elle indiqué, il s’agit dans ce cas d’espèce des responsables de la SOGAD BTP qui sembleraient avoir une mainmise sur les services de police et sur la justice gabonaise à même qui de diligenter des perquisition en cascade au siège d’Orabank. Pour quels motifs ?

Soulignons que l’État gabonais est actionnaire du groupe Orabank par le truchement du Fonds gabonais d’investissements stratégiques (FGIS) dirigé par le beau-frère d’Ali Bongo, Serge Mickoto. En effet, le FGIS est actionnaire d’Oragroup à hauteur de 2,51%. Le capital d’Oragroup s’élève actuellement à 63 milliards FCFA. Malgré cet environnement pesant dans le milieu des affaires au Gabon, le 24 mars 2017, M. Patrice Fonlladosa, Président du Comité Afrique de MEDEF International organisera une rencontre restreinte où seront conviés Emmanuel Issoze-Ngondet, Régis Immongaul et Madeline Berre pour une opération de charme. Pendant ce temps la réalité du climat des affaires au Gabon demeure implacable.

@info241.com
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