Transparence

Jocksy Ondo-Louemba : « La grande question de ce référendum est celle de la transparence »

Jocksy Ondo-Louemba : « La grande question de ce référendum est celle de la transparence »
Jocksy Ondo-Louemba : « La grande question de ce référendum est celle de la transparence » © 2024 D.R./Info241

Réagissant au référendum qui doit se tenir au Gabon le 16 novembre 2024, Jocksy Andrew Ondo-Louemba, journaliste et citoyen gabonais, s’interroge sur la transparence du premier scrutin post-coup d’État au Gabon.

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L’une des raisons avancées par les militaires gabonais, lors de leur putsch du 30 août 2023, était l’absence de transparence de l’élection ayant conduit à des résultats tronqués au Gabon, non conformes à ceux annoncés par le patron du Centre Gabonais des Élections. Lorsqu’ils annoncent « la fin du régime en place », c’est-à-dire la chute d’Ali Bongo leur « patron », les militaires gabonais sont clairs : ils refusent de se faire les complices d’un autre coup d’État électoral, après avoir accompagné, souvent dans le sang, ceux de 1993, 1998, 2005, 2009 et 2016.

Les militaires gabonais et la promesse d’une élection libre  

Lorsqu’il prête serment comme chef de l’État le 4 septembre 2023, Brice Oligui Nguema, patron de la garde républicaine (qui n’a de républicaine que le nom), promet de « rendre le pouvoir aux civils à l’issue d’une élection libre et transparente  ».

Si l’ambition du tombeur d’Ali Bongo de demeurer au pouvoir est aujourd’hui un secret de polichinelle, la question qui reste évidente, et que beaucoup d’acteurs impliqués dans cette transition (pour le moins interlope) refusent de poser, est celle de la transparence. La transparence, en effet, pourrait consacrer la popularité de Brice Oligui Nguema, tant clamée par ses soutiens qui disaient déjà, avec la même ardeur, la même chose d’un certain… Ali Bongo. Une transparence qui proclamerait – pour une fois – les résultats issus des urnes, ceux de la majorité des Gabonais en âge de voter, à qui on a confisqué le droit de vote (donc la souveraineté) depuis 1964, soit aujourd’hui 60 ans !

Constitution gabonaise : des clauses contestées et des interrogations  

Bien que partisan du « Non » à cette constitution aussi absurde que ridicule (pourquoi demander à un candidat à la présidence de la République gabonaise d’avoir une femme gabonaise d’origine, sans statuer clairement sur la nationalité des autres épouses potentielles dans un pays où la polygamie est légale et promue ? Pourquoi inscrire l’interdiction du clonage dans cette constitution ?), je me demande pourquoi la question de la transparence n’est pas publiquement évoquée, aussi bien par les partisans du « Oui » que par ceux du « Non ».

Pourquoi le débat sur la transparence est-il absent ?

Pourquoi aucun homme politique gabonais, actif ou à la retraite, ne s’interroge-t-il pas sur les garanties de transparence qu’offre ce référendum ? Idem pour les intellectuels, les artistes et tous les autres Gabonais politiquement engagés… La grande question de ce référendum est celle de la transparence. Véritable sujet tabou, la transparence est sans doute le véritable angle mort de ce scrutin, qui n’a qu’un seul objectif : légitimer un peu plus un pouvoir dont s’est emparé le patron de la garde républicaine, la garde républicaine et, partant, le reste de l’armée gabonaise, qui, en ayant eu assez d’être de simples cerbères, a décidé de prendre et d’exercer le pouvoir en s’appuyant sur un ancien parti-État, qui n’y voit aucun inconvénient, et sur le reste d’une classe politique mue uniquement par une envie de prendre part à la prédation de son propre pays…

À un peuple à qui on a fait des promesses mirifiques et qui s’étonne de voir - comme au bon vieux temps du parti unique - une telle débauche de moyens provenant de l’argent public pour promouvoir un « Oui », on se garde bien de dire qu’il faut qu’il surveille son vote. Une surveillance qui donnerait aux résultats du vote une crédibilité qui fait tellement défaut à ce régime transitionnel « militaro-pédégiste ».

La surveillance citoyenne, un devoir pour les Gabonais  

N’étant pas naïf, je sais pourquoi PERSONNE ne parle de transparence concernant ce référendum à venir : il constitue le grain de sable qui pourrait s’introduire dans cette mécanique, dont le seul objectif est de donner l’illusion de la légitimité à ce régime qui n’en a aucune.

Pourtant, il est indispensable d’en parler, de dire aux Gabonais qui aiment leur pays et qui croient en la démocratie, laquelle garantit – lorsqu’elle est vraiment appliquée – une gestion plus saine de leur pays et assure à tous et à chacun une égalité de droits.

Je pense que ce 16 novembre 2024, les Gabonais doivent voter le plus massivement possible, mais qu’après avoir voté, ils ne rentrent pas chez eux : qu’ils restent pour observer le dépouillement.

 Je pense que, ce 16 novembre 2024, pour ce référendum, les Gabonais doivent voter et surveiller parce que c’est leur droit, mais surtout parce que c’est leur devoir.

@info241.com
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