Rebondissement

Du fond de sa cellule, Patrichi Tanasa clame son innocence et dénonce une parodie de justice

Du fond de sa cellule, Patrichi Tanasa clame son innocence et dénonce une parodie de justice
Du fond de sa cellule, Patrichi Tanasa clame son innocence et dénonce une parodie de justice © 2022 D.R./Info241

Le droit a-t-il été réellement dit dans l’affaire Patrichi Tanasa contre l’Etat gabonais ? Non, à encore l’intéressé qui du fond de sa cellule, a tenu à battre en brèche non seulement les accusations de détournements de deniers publics portées contre lui mais la parodie de justice à laquelle il a eu droit durant 3 jours. L’ancien puissant patron de la Gabon Oil Company et ses filiales pointe un doigt accusateur sur le palais présidentiel qui reprocherait en vérité d’avoir fomenté un coup d’Etat certainement mort dans l’œuf.

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Patrichi Tanasa, Ike Ngouoni et les autres anciens hommes forts du palais du présidentiel paieraient-ils pour des crimes qu’ils n’ont pas commis ? Oui, à en croire l’ancien administrateur directeur général de Gabon Oil Company qui dans une lettre ouverte publiée depuis ce samedi, accrédite vaillamment cette thèse du complot judiciaire orchestré par les actuels tenants du palais présidentiel dont Noureddin Bongo et Clotaire Oligui Nguema (patron de la garde républicaine) nommément cités.

Des accusations de détournements balayées

Après avoir brillamment démontré que sa gestion de l’entreprise pétrolière d’Etat avait retrouvé des couleurs sous son magistère en 18 mois, Patrichi Tanasa refuse d’être classé comme un "détourneur de fonds" comme a conclu la justice gabonaise dans son verdict rendu le 20 juillet par la cour criminelle spéciale de Libreville. "Lors de ma prise de fonction en mai 2018, toutes les entités du groupe étaient dans le rouge. Ces faits sont objectifs et vérifiables et même vérifiés comme nous l’avons démontré", a-t-il avancé dans sa lettre ouverte.

Un instantané du procès à charge contre l’accusé

"Ma gestion passée à la tête de la Gabon Oil n’a jamais fait l’objet de critiques de la part de ceux qui la contrôlent à savoir le conseil d’administration et le commissariat aux comptes", d’où il ne comprend donc pas son incarcération encore moins les chefs d’accusation qui lui valent de passer encore 9 ans en prison et à reverser 20 milliards à l’Etat en guise de dommages et intérêts. L’ancien haut fonctionnaire y voit plutôt la main noire du palais présidentiel gabonais dans cette sombre affaire de parodie de justice.

Non coupable

"En quittant mes fonctions à la tête de la GOC/GOM/SOGARA, les comptes étaient créditeurs de plus de 120 milliards FCFA, dont plus de 50 milliards FCFA sur les comptes de la GOM (comme l’attestent les relevés bancaires transmis à la DGR en début d’instruction). Quelles destinations ont pris ces ressources, je vous laisse seuls juges. Mais l’avenir nous le dira !", clame Patrichi Tanasa qui dénonce l’œuvre de mains noires. Ce, alors que la presse gouvernementale évoquait à l’époque un trou de 85 milliards dans les caisses de l’entreprise.

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Mais le plaidoyer de l’ancien gestionnaire du pétrole gabonais ne s’arrête pas là. Il dénonce également les tortures, les menaces et autres intimidations subies. "Au cours des deux années passées, j’ai été gardé à vue dans des conditions dégradantes, incarcéré et mis à l’isolement dans les pires cellules disciplinaires ; et pour couronner le tout, j’ai été violemment agressé et torturé à l’intérieur même de ma cellule, par des lâches cagoulés, qui disait qu’il valait mieux négocier avec l’Etat. Après m’avoir ligoté, pris tout nu en photos, et m’avoir menacé de tuer mes enfants et violer ma compagne", évoque le détenu.

Une administration judiciaire corrompue

Avant de charger l’administration judiciaire. "Nous avons subis toutes ces injustices, sous le regard complice et complaisant de la justice, et de tous ceux qui ont la responsabilité de l’équilibre moral de notre société. La Cour criminelle spéciale, cette illustre cour avait le pouvoir de réparer devant l’Histoire de notre pays ces injustices et le devoir vis à vis de la postérité de léguer un héritage noble. L’histoire se souviendra de chacun de nous. Et l’éternel rétribuera chacun selon ses œuvres", avance-t-il.

"Sommes nous dans un pays dans lequel, on condamne le bien et promeut le mal ? L’issue de ce procès a répondu à cette cruciale question, et cette réponse résonnera à travers les générations", a-t-il poursuivi. Car pour lui, "Madame le juge d’instruction a pris de nombreux raccourcis, en faisant dire au rapport ce qu’il ne dit pas, distillant ainsi à travers son ordonnance le doute dans l’esprit des jurés". Et sonner la charge : "Chacun comprendra alors que mon accusation, n’est que le fait de l’imagination fertile de ceux qui m’accusent".

La main noire du palais présidentiel

S’interrogeant sur l’acharnement judiciaire dont il se dit victime, Patrichi Tanasa n’a pas manqué de regarder vers ceux qui tirent les ficelles. "Je tiens toutefois à partager ici la surprise qui a été la mienne et celle de mes co-détenus « scorpions » d’avoir entendu marteler sans cesse, par l’ancien patron de la DGSS (Direction générale des services spéciaux de la présidence gabonaise, ndlr), devenu Cochef (commandant en chef, ndlr) de la Garde Républicaine, et ses sbires, que nous étions des prisonniers politiques, et que nous n’étions pas en prison pour des questions d’argent, mais pour une prétendue « tentative de coup d’Etat »".

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Selon donc le patron de garde prétorienne d’Ali Bongo, les prisonniers de l’opération mains propres baptisée "scorpion" ne sont dans les geôles des prisons gabonaises que pour avoir commis le crime de lèse majesté de renverser Ali Bongo. Les chefs d’accusation de détournements de fonds publics ne seraient donc que de la poudre aux yeux jetée à l’institution judiciaire pour justifier leur privation de liberté. Des allégations graves que nieront bien naturellement le parquet et les concernés en cœur. Le tout dans une symbiose qui ne dit pas son nom.

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