Portrait

Mgr André Raponda Walker, l’un des plus célèbre religieux de l’histoire du Gabon

Mgr André Raponda Walker, l’un des plus célèbre religieux de l’histoire du Gabon
Mgr André Raponda Walker, l’un des plus célèbre religieux de l’histoire du Gabon © 2021 D.R./Info241

Dans un passé fort lointain, le Gabon dans son état préhistorique n’existait que dans la mesure où il était rattaché au grand royaume du Congo. Chemin faisant, les Européens se lancèrent dans la découverte de nouvelles terres par le biais des explorations de masse et de missions religieuses en particulier catholiques et protestantes. La découverte du continent africain galvanise l’occupation occidentale car les richesses que regorge cette partie du monde sont importantissimes et à première vue, illimitée.

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Les régions africaines deviennent les sources de jouvence tant recherchées pour améliorer et perfectionner les industries d’Amérique et d’Europe. Le colon s’approprie les terres du continent et y établit ses bases sans y avoir été au préalable invité. Il est important de préciser que les africains dans quasiment leur entièreté étaient de croyance animiste tout en centrant la paternité de la création à un être divin dont le nom était distinct selon les langues vernaculaires. Quoi qu’il en soit, l’arrivée des Européens a été accompagnée par celle de religions occidentales à l’instar du catholicisme entre autres.

Au Gabon, ce fut les missionnaires catholiques qui furent investis de la mission d’implémentation de l’éducation et de la croyance blanche dans la conscience populaire autochtone. Des gabonais, en nombre assez important, décidèrent de se convertir à des religions étrangères et firent le choix de servir leur pays mais aussi la religion pour laquelle ils avaient prêté allégeance. Par ailleurs, la rencontre de ces idéologies spirituelles aux antipodes n’a pas été chose aisée car la culture d’un peuple ou d’un individu est à bien des égards la fiche d’identification de celui-ci et en adopter une autre sans connaître la sienne, c’est se renier clairement. André Raponda Walker (1871-1968), dont les parents étaient d’origine distincte, est à ce jour l’un des exemples les plus probants de ce « melting-pot » culturel.

 Présentation générale

Né d’un père anglais du nom de Robert Bruce Napoléon Walker et d’une mère gabonaise appelée Agnorogoulè Ikoutou, André Raponda Walker vient au monde le 19 juin 1871 à Ompindi Orove, un village voisin au village Louis, devenu aujourd’hui un quartier à part entière. Il était de sang royal car sa génitrice était issue de par sa mère de la lignée d’Anguilè Ré-Dowé, puissant chef Mpongwè ayant régné sur la rive droite de l’estuaire au 19ème siècle.

André Raponda Walker alors âgé de 19 ans

De par son père, Agnoroulè Ikoutou était l’une des descendantes du roi Georges Rassondji. Robert Walker, arrivé au Gabon vers les années 1859, était lui un explorateur britannique qui fut le fondateur et le premier directeur de la factorerie Hatton & Cookson à Libreville pour laquelle il s’était engagé en 1851 en Angleterre dans la ville de Liverpool. Le 30 juillet 1872, André Raponda Walker reçut son baptême à l’église Sainte-Marie.

 Formation

A l’âge de quatre ans, André Raponda Walker est emmené par son père en Angletterre précisément sur la côte Sud du pays. Direction la ville portuaire de Southampton qui est la terre natale de sieur Bruce Walker. Il est gardé par sa grand-mère paternelle et commence à fréquenter l’école. Deux ans plus tard, le jeune André regagne le Gabon. Agé de six ans, André rejoint l’école Sainte-Marie en tant qu’interne et y reçoit une éducation catholique. Mai 1882 est l’année de sa première communion et sa confirmation intervint plus tard par un spiritain catholique du nom de Mgr Le Berre. Puis, il entama l’étude du Latin la même année à la mission Saint-Joseph des Bengas basée au Cap Estérias.

En 1883, André Raponda Walker est de retour à l’école Sainte-Marie. Il obtient son admission au séminaire et reprend ses études de Latin, nous sommes se septembre 1886 et cette date marque aussi le début de ses études secondaires. Mais au fil des années, le jeune André aspire à devenir prêtre à l’inverse de sa mère qui s’oppose fermement à ce choix. Mais les tensions entre André et sa mère retomberont et il poursuivra son rêve. Après des études en théologie et en philosophie, il est promu au sous-diaconat puis au diaconat. Le 30 juillet 1899, André Raponda Walker fut ordonné prêtre par Mgr Jean-Martin Adam à l’église « Saint-Pierre ».

 Sacerdoce

Après son ordination au sacerdoce, Mgr André Raponda Walker est envoyé pour sa première mission à Notre Dame des Trois-Epis à Sindara. Il avait pour directive de dispenser des cours aux enfants des villages voisins qui n’étaient pas très réceptifs à ce système d’alphabétisation occidentale. Mais, il entreprit aussi de se rapprocher des populations indigènes de différentes ethnies. Il fut même le premier missionnaire à se rendre en pays Tsogho.

Par la suite, Mgr André Raponda Walker fut affecté dans la région du Haut-Ogooué notamment dans la ville de Franceville. Ensuite, il effectua des missions dans les villes de Libreville et de Port-Gentil. A Libreville, il travailla au séminaire comme professeur et comme sous-directeur. A l’extérieur du pays, Mgr André Raponda Walker se rendit au Congo Belge (République Démocratique du Congo actuelle) dans la localité de Matadi puis au Congo-Brazzaville (actuelle République du Congo) au sein de la capitale Brazzaville mais aussi dans la région de Malima.

Il revint au Gabon et continua son sacerdoce dans les plateaux Batéké. En 1917, Mgr André Raponda Walker continua son sacerdoce à la mission catholique de Boutika dans le Rio-Mouni où il fut en poste durant quatre ans. En août 1921, son affectation le conduit à la mission Saint-Paul de Donguila jusqu’en 1926. De 1926 à 1929, Mgr André Raponda Walker officia à Lambaréné puis il fut de nouveau affecté à Sindara de 1929 à 1934. De 1934 à 1941, Mgr André Raponda Walker officiait à la mission Saint-Martin de Mouila. Par ailleurs, il fit sa pré-retraite de 1941 à 1949 dans le Fernan-Vaz à la mission Sainte-Anne avant de prendre définitivement sa retraite à l’église Saint-Pierre de Libreville.

 L’homme des sciences

En 1914, Mgr André Raponda Walker entreprend de rédiger un dictionnaire « Mpongwè-Français ». L’homme s’intéresse très tôt à la nature qui l’entoure ainsi qu’au paysage culturel varié et divers dont dispose le Gabon. En 1917, Mgr André Raponda Walker entame ses recherches en botaniques. En 1919, il se lie d’amitié avec le botaniste et biologiste français, Auguste chevalier avec lequel il travaillera en étroite collaboration sur la flore et la faune gabonaise. En avril 1963, Mgr Raponda Walker devient membre associé de l’Académie des sciences d’Outre-Mer.

Mais il mène aussi des recherches en histoire, en ethnographie ou encore en linguistique. Plusieurs ouvrages seront rédigés par cet homme multidisciplinaire qui explora des régions du Gabon profond pour en déceler les cultures et les coutumes afin de les faire connaître au plus grand nombre. On dit de lui qu’il avait assimilé plus de vingt-cinq dialectes et en parlait couramment une dizaine en dehors de sa langue paternelle et maternelle que furent l’anglais et le Mpongwè avec bien entendu le français.

Parmi les nombreux ouvrages de Mgr André Raponda Walker, on peut citer « Souvenir d’un nonagénaire  », "Au pays des Ishogo" paru en 1910 et réédité en 1995, « Les tribus du Gabon » daté de 1924 et réédité en 1993, « Dictionnaire Mpongwè-Français » paru en 1961 et réédité aussi en 1995. Dans son immense répertoire livresque, nous avons entre autres « Contes Gabonais » sorti en 1953 réédité en 1993, « Dictionnaire Français-Mpongwè », « Les plantes utiles du Gabon », « Rites et croyances des peuples du Gabon », « Notes d’histoire du Gabon », « Essai de grammaire Tsogo » paru en 1937 à Brazzaville ou encore « Dictionnaire étymologique des noms propres gabonais  » paru aux éditions Les classiques africains en 1993.

 Disparition et distinctions

En 1964, Mgr André Raponda Walker est victime d’une crise cardiaque mais celle-ci n’aura pas de lui. Malgré son âge avancé et une santé très fébrile, Mgr Raponda la porte de la paroisse Saint-Pierre demeure ouverte aux confessions et surtout aux enfants. En 1968, Mgr André Raponda Walker a 97 ans mais il n’est jamais bien loin de sa machine à écrire. Mais hélas à la fin de cette année-là précisément le 11 décembre 1968, Mgr André Raponda Walker, premier gabonais à être ordonné prêtre, décède.

Mgr André Raponda Walker reçut en 1950 la croix de chevalier de l’Ordre national de la légion d’honneur. Il avait aussi reçu « Les palmes académiques » de l’Académie des sciences d’Outre-Mer ainsi que le prix Georges Bruel en 1962 de l’académie des sciences d’Outre-Mer pour les travaux recueillis dans son ouvrage «  Les plantes utiles du Gabon » en collaboration avec le botaniste français Roger Sillans.

Mgr André Raponda Walker est l’éponyme d’un établissement secondaire de Port-Gentil, capitale économique du Gabon. Il s’agit du Collège et lycée Raponda-Walker (CLRW). Il est aussi l’éponyme d’une fondation du nom de « Fondation Raponda Walker » qui fut lauréate du prix Senghor-Césaire en 2020 à Paris. A l’occasion de la 50ème année de sa disparition, son œuvre « Les contes du Gabon » a été adapté en podcast par l’actrice franco-gabonaise, Olivia Biffot.

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