Portrait

Pr Donatien Mavoungou, le scientifique gabonais qui voulait un monde sans sida

Pr Donatien Mavoungou, le scientifique gabonais qui voulait un monde sans sida
Pr Donatien Mavoungou, le scientifique gabonais qui voulait un monde sans sida © 2021 D.R./Info241

Dans la lutte effrénée contre les nombreuses pathologies qui gangrènent le monde, nombreux sont les scientifiques qui mènent des recherches méticuleuses pour trouver des remèdes adaptés contre celles-ci pour amoindrir la mortalité et offrir à l’Homme des voies médicales de sortie de « crise ». Mais ces initiatives se heurtent régulièrement aux grands laboratoires scientifiques surprotégés par des lobbys pharmaceutiques qui tentent par tous les moyens de s’approprier le monopole dans la fabrication et la mise en vente de médicaments devant enrayer la prolifération et la mise en danger des nombreuses maladies fatales au système immunitaire humain.

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Cette cupidité scientifique et commerciale à grande échelle n’est que la symbolique de la perpétuelle recherche de profits des grandes industries pharmaceutiques au détriment de la traditionnelle recherche scientifique, dont le but n’était nul autre que « La science pour améliorer l’état sanitaire et non le compte en banque  ». Cette « guerre du médicament  » a poussé certains membres de la communauté scientifique à exprimer leur désarroi et la cabale dont ils furent victimes à coups de publicités fallacieuses et de campagnes de dénigration éhontées afin jeter le doute et le discrédit sur leurs nombreux et âpres travaux de recherches scientifiques.

En terre gabonaise, un natif de ce petit émirat d’Afrique centrale, bien que brillant et remarqué, fut l’une des nombreuses victimes du puissant lobby « Sida » qui s’employa à réduire à néant les prouesses scientifiques de cet illustre chercheur et professeur subsaharien. Il s’agit de Donatien Mavoungou (1947-2020).

 Naissance

C’est précisément dans la ville de Ndendé, dans département de la Dola localisé dans le sud du Gabon, que voit le jour Donatien Mavoungou le 28 août 1947.

 Formation

Elève doté d’un intellect débordant, c’est sans embûches que le jeune Donatien Mavoungou obtint son Certificat d’études primaires (CEP) et par la suite son Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Inscrit en série scientifique au vu d’excellentes notes qu’il avait dans les matières de science lors de son passage au premier cycle, Donatien Mavoungou finira par décrocher logiquement son baccalauréat. Ces études universitaires en médecine ont été auréolées d’un doctorat en biochimie obtenu en 1986, soutenu en France notamment à l’Université Claude-Bernard Lyon I (UCBL).

 Carrière scientifique

Donatien Mavoungou devenu médecin, professeur et chercheur se lance dans plusieurs travaux scientifiques notamment ceux ayant trait aux maladies cardiovasculaires et cérébrales. Entre autres, notre biochimiste gabonais développe un médicament fait à base de déhydroépiandrostérone (DHEA) dénommé d’abord « IM28-IMMUNOR » puis renommé « IMMUNOREX-DM28 ».

Les recherches liées à la mise en œuvre de ce produit pharmaceutique censé bloquer la propagation du virus du Sida, l’une des pathologies les plus encombrantes pour l’espèce humaine, est financée par un institut français en l’occurrence l’Institut pour le développement et le soutien à la recherche scientifique innovante (IIDSRSI). En ces temps, le désormais Pr Donatien Mavoungou occupe le poste de directeur du centre de recherche sur les pathologies hormonales (CRPH) travaillant en étroite collaboration avec le Centre national de la recherche scientifique et technologique (CENAREST), tous deux basés à Libreville.

En 2005, le Pr Donatien Mavoungou élabore et présente un produit nouveau pour prévenir les risques cérébraux et cardiovasculaires et lui donne le nom de « Notagan », médicament fait à base de plantes naturelles possédant les propriétés similaires d’un antibiotique à spectre large associé aux huiles de poissons. Par ailleurs, « l’IMMUNOREX-DM28 » reste la prouesse scientifique phare du Pr Mavoungou. Composée d’une hormone connue pour réduire les états légers de dépression, c’est cet ensemble d’atomes qui d’après le Pr Donatien Mavoungou contiendrait des vertus naturelles utiles pour le traitement du Sida.

Il accentue alors ses recherches et est épaulé dès 2011 par l’IIDSRSI et plus personnellement par Michel-Paul Correa, ami proche et fondateur de l’IIDSRSI. C’est ainsi que « l’IMMUNOREX-DM28 » (IM28) fut disponible à la vente au Gabon et ce dès 2001, sans autorisation de mise en vente sur le marché. Devenant viral sur les réseaux sociaux et s’invitant dans les débats publics et privés, l’IM28 devient pour de nombreux individus, le fameux médicament tant attendu pour éradiquer la maladie Sida.

 Tumultes et résistance

En 2016, l’IM28 est commercialisé en République démocratique du Congo (RDC) et son extension vers plusieurs autres pays africains dès décembre 2016 était sur la bonne voie. Mais très vite la communauté scientifique international dénonce l’inefficacité de l’IM28 arguant qu’il n’a jamais été approuvé par les instances nationales gabonaises et internationales d’expertise et d’éthique pour validation tels que l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’ONUSIDA ou encore le CENAREST. Aussi, une enquête parue dans la revue « Sciences et avenir » publié par un journaliste du nom de Olivier Hertel affirmait la non existence à cette époque d’une preuve faisant état de l’efficacité de l’IM28 contre le virus du sida argumentant qu’aucun essai clinique n’avait été réalisé pour autoriser la mise en vente de ce médicament.

En effet, selon la même enquête, seule une étude réalisée et publiée par une équipe américaine en 2007 avait été faite et « n’a montré aucun effet positif de la DHEA sur le virus ou sur le système immunitaire des malades ». Aussi, l’enquête révèle qu’un trafic de médicament est en cours entre des scientifiques renommés français et africains. Ce qui sera d’ailleurs l’intitulé de ladite investigation « Sida : Des scientifiques renommés impliqués dans un trafic de faux médicament entre la France et l’Afrique ».

Suite à ces différentes révélations, les instances scientifiques africaines et internationales décident de l’interdiction de la vente de l’IM28. Au Gabon, c’est le CENAREST qui dans un courrier avait clairement pris position sur la non utilisation et la non mise à la vente de l’IM28 en se justifiant comme suit : « En l’absence d’un dossier scientifique, l’IM28 ne peut être en aucune façon vendu comme médicament ». Environ une semaine suivant cette déclaration, l’IM28 fut interdit sur l’ensemble du territoire par un communiqué émanant de la ministre déléguée gabonaise de la santé à cette époque, Claudine Menvoula.

A cette époque, les partenaires au développement du Gabon sont pointés du doigt notamment l’OMS qui dit-on, aurait pesé de tout son poids pour évincer « le médicament miracle » par crainte des lobbys pharmaceutiques. Le business du médicament est très lucratif dans le monde et ce sont plusieurs milliards non pas en FCFA mais en Dollars US qui s’envoleront au profit d’un médicament bon marché et révolutionnaire. Ainsi, la RDC interdit à son tour la vente de l’IM28 dès le 19 janvier 2017.

L’IIDSRSI est accusé de peser de tout son poids pour faciliter l’acceptation de l’IM28 car bénéficiant en son sein de plusieurs scientifiques célèbres. En 2018, Paul-Michel Correa, directeur de IIDSRSI, est poursuivi en France par un couple français qui l’accusait de les avoir escroqués 120000 milles euros pour développer l’IM28. Mais il y eut un non-lieu bien que le parquet fît appel de la décision.

Il faut souligner que la gêne que provoquait l’IM28 était d’ordre médico-financière. En effet, beaucoup de scientifiques ont toujours pensé que le médicament du Pr Donatien Mavoungou guérissait la maladie. Tout le monde pouvait s’y tromper car les informations relayées sur les différents réseaux sociaux notamment Facebook faisaient état d’un guérison complète. Plusieurs faux comptes Facebook ont même été créés pour arnaquer de l’argent aux populations en leur promettant le rétablissement complet et la disparition quasi rapide de la maladie.

Mais le Pr Donatien Mavoungou avait démenti être l’auteur de ces publications, n’ayant aucun compte Facebook. De plus, le Pr Donatien Mavoungou avait toujours soutenu que son médicament n’avait que « la capacité de bloquer la propagation du virus » comme il l’avait si bien expliqué au micro de micro de la radio « France Culture ». Explicitement, le médicament ne s’attaque pas au virus mais stimule le système immunitaire afin de le renforcer et ce en fonction du stade de la maladie ou dans le but de le restaurer.

De plus, il doit être combiné aux traitements actuels notamment les fameux antirétroviraux car l’association de ces molécules favorisent davantage une meilleure santé du patient. C’est ainsi que le Pr Donatien Mavoungou défendait farouchement son IM28 car il s’évertuait à solutionner, au moins en partie, « l’inguérissable » maladie du Sida dont les scientifiques les plus émérites que comptent la planète entière disent ne pas pouvoir trouver de remède en dépit des moyens colossaux et du matériel high-tech dont disposent les sociétés pharmaceutiques qui les emploient.

 Décès

A la 72ème année de sa vie, le Pr Donatien Mavoungou disparait de la surface de la terre, tel un atome invisible à l’œil nu. Son corps est retrouvé inanimé dans une chambre d’un des nombreux hôtels du Quartier « Louis » situé dans le 1er arrondissement de la commune de Libreville. Il aura consacré plus de trente ans de sa vie à la recherche scientifique notamment dans le domaine de la médecine.

Pour de nombreux gabonais et africains, le Pr Donatien Mavoungou a été assassiné pour sa lutte acharnée contre le lobby pharmaceutique du Sida pour lequel il était devenu trop gênant. L’élimination physique avait surement été décidé car l’acharnement médiatique n’avait finalement pas fait grand bruit, si ce n’est celui de renforcer l’image de l’IM28.

Michel-Paul Correa, fondateur de l’IIDSRI lui avait rendu un vibrant hommage en ces mots « Le Pr Donatien Mavoungou a été un éminent chercheur que la communauté scientifique internationale a toujours respectée à l’inverse de ses détracteurs de ses détracteurs rarement scientifiques. C’était un battant malgré toutes les épreuves et cabales qu’on a menées contre lui, il n’a jamais renoncé ou baissé les bras avec comme unique objectif apporter sa modeste contribution pour soulager les malades ».

 Distinctions

En 1998, le Pr Donatien Mavoungou fut nommé académicien au sein de l’Académie biomédicale et des technologies de l’UNESCO à Paris dans le but de représenter le continent africain. Aux débuts des années 2000 précisément en 2001, il reçoit au sein de la capitale du Burkina Faso, le prix « Scolarship » de la Conférence internationale sur le Sida en Afrique. En 2005, invité aux Etats-Unis d’Amérique, il devient récipiendaire de deux prix notamment « The Blue Ribbon Presentation (décernée à la communication la plus utile de l’année) » et le « GlaxoSmithKline Award (GSK) » à l’occasion de la 22ème conférence internationale sur l’hypertension artérielle qui fut organisée dans la ville d’Orlando.

En 2007, le Centre nationale de la recherche scientifique de France (CNRS) lui a décerné une distinction honorifique en hommage à ses trente années de recherche dans les maladies cardiovasculaires. L’année d’après, il obtient lors de la 2ème Conférence internationale sur les Magic Bullets (médicaments innovants) se déroulant en Allemagne dans la ville de Nuremberg, le prix « Special gift of Nobel Prize Paul Ehrlich Laboratory » en reconnaissance pour ses travaux anti-VIH en immunothérapie définis comme une nouvelle approche thérapeutique contre le Sida.

Invité en France dans la ville de Paris lors de la réunion du comité scientifique de l’IIDSRSI présidé par Jean-Claude Chermann (codécouvreur du virus VIH à l’institut Pasteur et rétrovirologue), le Pr Donatien Mavoungou présente ses différents travaux sur le renforcement du système immunitaire. C’est à la fin de son exposé et au vu des résultats issus des travaux du Pr Mavoungou que le comité scientifique dudit institut décida de soutenir le programme de recherche du Pr Donatien suite à son aspect très prometteur dans la lutte contre le VIH/Sida. Membre de plusieurs organisations scientifiques, le Pr Donatien Mavoungou s’est aussi vu décerné le prix « Senior Medical Fellowship Award » récompensé par l’International society on hypertension in blacks (ISHIB) en reconnaissance pour l’ensemble de ses recherches scientifiques notamment sur les maladies cardiovasculaires.

 Œuvres scientifiques

En 1986 alors qu’il est sur le point de passer sa soutenance à l’université Claude-Bernard Lyon I, le Pr Donatien Mavoungou présente comme thèse de doctorat « Hypertension et protéines de transport de l’aldostérone et du sulfate de DHEA ». Le 16 octobre 2020 parait aux Editions Thierry Sajat, l’ouvrage « IMMUNOREX TM-DM-28 – Approche thérapeutique anti VIH par le contrôle du stress oxydatif  » dont l’auteur est l’illustre Pr Donatien Mavoungou.

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