Portrait

Charles-Antoine Pélisson, de l’or à pionnier de la boulangerie au Gabon

Charles-Antoine Pélisson, de l’or à pionnier de la boulangerie au Gabon
Charles-Antoine Pélisson, de l’or à pionnier de la boulangerie au Gabon © 2020 D.R./Info241

Arrivé au Gabon en aventurier, il aurait préféré chercher l’or mais c’est près des fours qu’il bâtit sa fortune. Pendant plus de trente ans, Charles-Antoine Pélisson a été le roi du pain au Gabon et est la cause probable de la consommation accrue du pain dans le pays. Venu pour faire fortune dans l’or, Charles-Antoine Pélisson se résoudra à la confection de pain, un savoir-faire hérité de son père.

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Présentation et première phase d’activités

Charles-Antoine Pélisson est né le 20 octobre 1900 à Besançon en France. En 1928, il arrive au Gabon avec la conviction de faire fortune, non pas en tant que boulanger mais en tant qu’exploitant d’or. Muni d’un permis d’exploitation d’or, il crée la Société d’études minières de Kango (SEMK) concentrant ses opérations dans la zone de Kinguélé, mais il est rattrapé par la bonne odeur du pain.

La boulangerie devenu un salon de thé, de nos jours

En 1938, il ouvre sa première boulangerie dans un bâtiment situé à proximité de l’actuel restaurant Le Marquisat. Mais d’après les témoignages, le premier boulanger serait un dénommé Brandon vers 1900 dont l’emplacement de son établissement était situé au magasin Gaboma en bas de la route menant au Trésor public. Au moment de l’ouverture de la boulangerie de Pélisson, qui semblait être la seule de Libreville et probablement du Gabon, les clients investissent les lieux en grand nombre. Pas de bol, l’arrivée de la Seconde Guerre Mondiale en 1939 affecte ses affaires.

Relance des activités et proximité avec la population et les autorités

Il faut attendre 1947, soit deux ans après la guerre, pour que les activités soient relancées. Libreville et la Métropole reprennent peu à peu des couleurs au vu des activités qui connaissent un regain. Le succès ne se fait pas attendre. Charles-Antoine Pélisson a 47 ans et il a toujours le monopole de cette branche d’activité avec une demande en forte augmentation due à la population qui connaît un accroissement. En 1955, il décide d’ouvrir une seconde enseigne en faisant construire par l’entreprise Martel une boulangerie-pâtisserie. Sa clientèle est de plus en plus significative. Les Librevillois l’appellent affectueusement “P. P“ (Pain Pélisson).

On dit de lui qu’il était convivial, charmeur et sans cesse de bonne humeur. Il était estimé par les plus hautes autorités du pays en tête desquelles le président Léon Mba. Il avait libre accès au palais présidentiel. Même mère Gabrielle, de la mission catholique, appréciait de partager un whisky avec lui. Plus tard alors qu’il était directeur de cabinet du président Léon Mba, Albert Bernard Bongo aimait prendre son petit déjeuner chez Pélisson.

Il y prenait du thé au lait ou du lait chaud. Il s’intéresse au sport et participe activement à la création du club de rugby de Libreville. Il change complètement les habitudes alimentaires des populations au point que manquer de pain dans une famille est considéré comme une catastrophe. Dans les années 1960, six tonnes de farine passent chaque jour du pain qui est vendu soit à la boulangerie soit dans les kiosques. Il ouvre également un dépôt près du marché face à la poste du bord de mer.

Légende du personnage

Si le nom Pélisson est toujours aussi présent dans les esprits, c’est lié à une anecdote et pas des moindres dans la mémoire des anciens. En effet, un éléphant dévastait régulièrement une plantation dans la région de Sibang. Un jour, un client se présente à la boulangerie pour y acheter du pain avec au poignet la montre de Pélisson. Sa sœur, Anna, reconnaît la montre qui appartient à son frère et demande au client où il l’a trouvée : "ah, donc c’est votre frère qui se transforme en éléphant la nuit pour venir détruire ma plantation de manioc". C’est de là que fut né la légende de Pélisson.

Disparition et postériorité

Rentré en France en 1966, il décède au cours de la même année, le 9 septembre 1966 à l’hôpital de Besançon à la suite d’une crise cardiaque. A la suite de sa disparition, la boulangerie sera reprise par ses deux adjoints : Roger Dorland et Aldo Cédolin. De nos jours, c’est un jeune gabonais très prometteur, Jean-Claude Ngoma, qui administre l’établissement qui a conservé le nom de son fondateur.

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