Affaire Rinaldi : 10 à 20 ans de prison pour les 3 ravisseurs du garçon de 3 ans toujours introuvable

C’est une affaire qui continue de hanter les mémoires au Gabon. Plus de cinq ans après l’enlèvement du jeune Anderson Rinaldi Abaga Ngoua, alors âgé de 3 ans, le verdict est enfin tombé cette semaine à Oyem. Au terme d’un procès marathon de plus de 18 heures, tenu les 30 et 31 juillet derniers, la cour criminelle du tribunal de première instance de la capitale septentrionale a condamné trois ravisseurs. Et ce, alors que l’on attend toujours, depuis 2021, les conclusions de la commission rogatoire internationale chargée de rattraper d’éventuels complices ou commanditaires qui se trouveraient en Guinée équatoriale voisine.

Au terme de leur procès, Lewis Arsène Bekui Ebang et Laurent Asseko Ella, alias « Banderas », ont tous deux écopé de 20 ans de réclusion criminelle, assortis d’une amende de 10 millions de francs CFA chacun. Leur complice, Rodrigue Allogo Assoumou qui a été le seul à reconnaitre sa culpabilité, a quant à lui été condamné à 10 ans de prison et 500 000 francs CFA d’amende. Tous trois ont été reconnus coupables d’enlèvement, de complicité d’enlèvement et de séquestration du petit Rinaldi.
Une condamnation sans réponse pour la famille
Mais si la justice a tranché sur les responsabilités, elle n’a en rien apaisé l’angoisse des proches de la victime. Le garçonnet, enlevé le 12 janvier 2020 au village Abé-Eba, près de Bitam, demeure introuvable. À la barre, ni les accusés ni les témoins appelés à se succéder n’ont pu révéler le sort du petit Anderson, encore moins le lieu où il aurait été conduit. Ce silence a laissé un profond sentiment d’amertume dans la salle. « C’est une déception. Nous sommes ressortis du procès avec plus de questions que de réponses », ont confié des proches de la famille à la sortie d’audience.
Les 4 personnages clés de cette affaire lors de leur arrestation
Au fil de l’audience, le récit glaçant s’est reconstitué : appâté par des friandises offertes par Lewis Bekui Ebang, l’enfant a été enlevé alors qu’il jouait dans la cour du village. Il aurait ensuite été conduit chez « Banderas », avant d’être embarqué à bord d’un pick-up en direction de Bitam. Le chauffeur du véhicule, Rodrigue Allogo Assoumou, est le seul à avoir reconnu son implication. Le témoignage de la concubine de « Banderas », Morelle Avezo, a ajouté une dimension troublante à l’affaire : elle affirme avoir accompagné Asseko à Bata, en Guinée équatoriale, pour y rencontrer un certain Alejandro Envoro, décrit comme un homme influent vivant dans le luxe.
La piste équatoguinéenne toujours en suspens
Face à ces révélations, le parquet de la République a rappelé qu’une commission rogatoire internationale avait été lancée dès le 18 novembre 2021 auprès des autorités judiciaires équatoguinéennes. Cette enquête transfrontalière vise à élucider le devenir de l’enfant, dont on ignore toujours s’il est vivant. Lors de leur plaidoirie, les avocats commis d’office ont d’ailleurs demandé le report du procès, estimant que « la justice ne pouvait être rendue pleinement tant que la vérité sur la destination de l’enfant n’était pas établie ».
Le petit garçon de 3 ans toujours recherché par ses proches
Une position reprise par une partie de l’opinion publique, d’autant que, comme l’a rappelé Me Hugues Désiré Boguikouma, « la commission rogatoire permet une enquête approfondie. Cela signifie qu’elle contribue à une instruction complète et efficace, en veillant à la manifestation de la vérité ». La procédure judiciaire reste donc ouverte, dans l’attente de nouvelles pistes en provenance de la Guinée équatoriale, où les regards restent tournés.
Un dossier toujours ouvert, une douleur toujours vive
Malgré la condamnation des trois accusés, l’affaire du petit Anderson Rinaldi Abaga Ngoua demeure irrésolue. Le sentiment d’inachevé plane, tant pour la famille que pour une partie de l’opinion nationale, bouleversée par cette disparition. Tant que l’enfant ne sera pas retrouvé — vivant ou non —, la justice gabonaise, estiment certains, n’aura pas complètement rempli sa mission.
En attendant, les proches du garçonnet, comme l’ensemble des Gabonais, restent suspendus aux conclusions d’une commission rogatoire devenue leur dernier espoir. Car plus de cinq ans après les faits, la douleur, elle, reste intacte.
@info241.com
