Tribune Libre

Pourquoi « l’égalité des chances » d’Ali Bongo est une énième forfaiture faite à la jeunesse gabonaise ?

Pourquoi « l’égalité des chances » d’Ali Bongo est une énième forfaiture faite à la jeunesse gabonaise ?
Pourquoi « l’égalité des chances » d’Ali Bongo est une énième forfaiture faite à la jeunesse gabonaise ? © 2016 D.R./Info241

La période actuelle de campagne électorale donne plus de liberté aux « hommes du président » et à Ali Bongo, transformés en charlatans, de briller par une désinformation qui mérite aujourd’hui que la jeunesse refuse de cautionner cet endoctrinement médiatique. Plusieurs soutiens d’Ali Bongo et lui-même vantent les mérites rares de son offre politique articulé autour de la fameuse ’’égalité des chances’’ avec pour cible la jeunesse. Quid de son bilan en lien avec cette même jeunesse qui a été victime d’une recrudescence de crimes rituels, des privations des libertés publiques, d’un système éducatif en panne, d’un chômage galopant.

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M. Léandre Emmanuel Bouloubou, conseiller d’Ali Bongo est à l’image de tous les chantres de ’’l’émergence’’ des maquettes et des enfumages politiques made in Gabon, cet énarque tout comme la caste d’une élite de cour royale dirigée par le pseudo professeur nommé par Omar Bongo, le tristement célèbre, Guy Rossantanga Rignault, s’est mué en louangeur illuminé du mandat présidentiel du président gabonais envers la jeunesse. Nous y reviendrons. Sans pourtant porter quelques réserves, suite aux promesses non tenues, des libertés publiques bafouées, des politiques publiques culturelles (absence de droit d’auteurs pour les artistes), sportives, de l’éducation et de la formation qui sont moribondes. Une politique nationale de la jeunesse non effective à nos jours. De quelle jeunesse parle-t-on qui soutiendra un tel bilan présidentiel catastrophique ?

Pour affirmer une telle prophétie en parlant de la jeunesse gabonaise, M. Léandre Bouloubou en tant qu’acteur de premier plan de la politique du président gabonais manque incontestablement de distance comme le préconise les sciences humaines et sociales. Ou nous soupçonnons qu’il semble avoir assurément une courte mémoire. Car malgré sa clairvoyance saluée sur la question du chômage, il oublie ostentatoirement dans son monologue dithyrambique à la gloire d’Ali Bongo, l’épineuse question de l’éducation au Gabon, secteur de prédilection pour la jeunesse.

Ainsi, toutes les annonces des constructions d’universités et d’écoles bien que budgétisées sont insuffisantes ou elles demeurent toutes à l’étape des maquettes ou de simples effets d’annonces. Pour une jeunesse gabonaise « dite sacrée », « fer de lance de la nation », la bien aimée de tous les discours politiques à chaque échéance électorale, demeure toujours sacrifiée à l’autel des promesses politiques trompeuses depuis plus de 50 ans. Et raison gardée, Ali Bongo n’a pas fait mieux. Sinon pire que ces prédécesseurs dont ils canardent à chaque sortie publique.

On peut citer pèle mêle, les violations répétées des libertés publiques envers cette même jeunesse que M. Léandre E. Bouloubou prétend, en prophète sophiste, « qu’elle a déjà choisi Ali Bongo pour les présidentielles de 2016. » Non très cher compatriote, c’est une affirmation mensongère qui mérite qu’on s’y penche. Vous êtes libre de choisir la voie du bourreau, de l’oppresseur émergent en chef, héritier du régime autocratique Bongo-PDG au pouvoir depuis 1968. Mais votre choix et celui de vos pairs sont singuliers, car il aujourd’hui la jeunesse gabonaise semble décider de mettre un fin un régime autocratique dont la gabegie, la corruption et les détournements de fonds publics ont érigé en règle d’or.

Ce choix pour l’avenir du Gabon n’est certaine pas celui de la majorité de la jeunesse gabonaise qui a soif d’éducation, de bibliothèques dont les catalogues sont mise à jour, de santé fiable, de formation avec une adéquation d’emplois, de postes budgétaires, des droits d’auteurs, des centres de recherche, des centres culturels et sportifs, gabonais, de cinéma gabonais, de démocratie républicaine, de séparation de pouvoir, de la restauration de l’état de droit, du respect de la Constitution, de limitation des mandats présidentiels.... En un mot, d’un réveil démocratique pour enfin sortir, pour reprendre le titre de l’ouvrage de Jean-Pierre Le Goff, du Malaise dans la démocratie infligé aux honnêtes gabonais depuis 1968 par les émergents.

Aucune solution en 7 ans face à un système éducatif en panne

Durant la mandature présidentielle d’Ali Bongo, les jeunes, les étudiants et les élèves sont les laissés pour compte. D’ailleurs, ils se sont fait embastiller maintes fois, par les exécutants forces de l’ordre quand ils se levaient pour revendiquer leurs droits. Simplement parce qu’ils aspiraient à ce que les missions régaliennes, le plus primaires du gouvernement, soient réalisées, à l’instar du paiement de leurs bourses d’études.

A côté de cela, En plus, selon tous les experts interrogés le système éducatif, universitaire et de formation professionnelle est en panne. D’après le Rapport sur la Croissance et l’Emploi en République Gabonaise, réalisé par la Banque Mondiale, en 2013, le taux très élevé de redoublement est la manifestation la plus flagrante du faible rendement interne du système éducatif gabonais.

Le taux de redoublement, dans l’enseignement primaire, est le plus élevé de tous les pays du Monde pour lesquels cette statistique est connue. Le taux de réussite au Baccalauréat n’était que de 18,5% en 2015. D’après l’Enquête démographique et de santé du Gabon (EDSG), sur 100 filles qui entrent au CP, seules 16% atteignent ou achèvent les études supérieures contre 20% chez les garçons. Il n’y a pas solution miracle.

Selon le même son de cloche, les experts de l’éducation estiment qu’il faut améliorer les conditions d’enseignements, et d’apprentissage et faire en sorte que l’Education des jeunes fasse partie d’une vraie vision et d’un vrai engagement pour le développement du Gabon. Des Etats généraux de l’Education se sont tenues plus d’une fois, pour en proposer des solutions réalistes à la situation économique et sociale du pays. La volonté politique pour les mettre en œuvre a manqué cruellement et ce, au-delà des discours.

Voici le constat amer qui est fait aujourd’hui par plusieurs experts et tant décrié par l’ensemble de la classe politique gabonaise. D’ailleurs les exemples font légion au Gabon, le plus emblématique est le suivant : la progéniture de la classe est formée, pour la grande majorité, à l’extérieur du Gabon. Tous sont inscrits en Europe et aux Etats-Unis, hors des frontières gabonaises. C’est le véritable aveu de faiblesse d’Ali Bongo et de l’ensemble de son gouvernement. A côté de cela, plane l’insécurité généralisée née de la progression inquiétante des crimes rituels dont les contremaitres restent impunis.

Libertés publiques bafouées durant les 7 ans passés

Les crimes rituels ont été accentués depuis l’accession à la magistrature suprême d’Ali Bongo, dont les jeunes sont les seuls victimes. Les derniers en date sont ceux des jeunes élèves de la commune de Fougamou dont l’un fut en terminale scientifiques, victimes de crimes rituels. Non la jeunesse gabonaise par devoir de mémoire ne choisira pas le chef exécutif de ses tourmenteurs, ses bourreaux cinquantenaires.

Pour le compte des violations des libertés publiques envers la jeunesse gabonaise, on peut citer l’emprisonnement sans jugement des leaders des mouvements étudiants dans un milieu carcéral barbare, nommé prison centrale. Il faut signaler que selon leurs propres témoignages, ces jeunes étudiants se sont fait abuser sexuellement par les forces de l’ordre lorsqu’ils furent encellulés en violation des droits de l’homme et du code civil en vigueur au Gabon.

Nous pouvons nous remémorer le décès prématuré survenu le 20 décembre 2014 du jeune Mboulou Beka, mort à la fleur de l’âge, étudiant de l’ENA de Libreville. Pour avoir jouit de son droit à libre expression et à la liberté d’opinions, lors d’une contestation civile de l’opposition gabonaise. Et l’autre décès, aussi précoce, est celui du jeune étudiant, Béranger Obame Ntoutoume, âgé de 28 ans, commerçant à la gare routière à ses heures perdues, qui s’est fait immoler par le feu, le 6 novembre 2015, suite au blocage de sa marchandise par la police réputée pour ses rackets abusifs. A nos jours, il faut noter que ni la famille du jeune Mboulou Beka, ni celle de Béranger Obame Ntoutoume, endeuillées n’ont pas eu des suites judiciaires. Pourquoi la jeunesse gabonaise choisira-t-elle son bourreau pour son avenir ?

A titre de rappel, selon les psychopathologues et criminologues cliniciens du crime, Christiane de Beaurepaire, Michel Bénézech et Christian Kottler (Les dangerosités : de la criminologie à la psychopathologie, entre justice et psychiatrie), le bourreau ne présente pas toujours de pathologie névrotique. Car le névrosé a un système de culpabilisation très important qui l’empêche de transgresser. On trouve par contre chez le bourreau une faille psychotique plus ou moins importante. Elle permet de comprendre l’immaturité. Des traits paranoïdes sont souvent retrouvés, ainsi que des blessures narcissiques. Si la tendance paranoïde est très importante, le bourreau a tendance à se sentir persécuté par la victime. La victime devient l’agresseur de son bourreau, ce qui entraîne des comportements réactionnels rageurs et de vengeance à son égard.

Plus le bourreau est immature, moins il est capable de se représenter la victime en tant que personne. Elle devient objet de sa pulsion. Si le bourreau est mégalomaniaque, il a la compréhension que la victime refuse d’être objet. Il le sait, mais ne tient pas compte de ce refus car son immaturité l’empêche d’accepter sa frustration. Quand il n’est pas trop immature, il utilise la séduction et la manipulation pour attribuer la faute à la victime. Cette description est quasiment la représentation parfaite de la relation entretenue entre la jeunesse gabonaise et toute la classe politique gabonaise.

Il est plus que nécessaire pour la jeunesse gabonaise d’intégrer des notions essentielles de marketing et de communication politique, pour tirer l’ivraie du bon grain car les hommes politiques actuels, au pouvoir, vont se comporter en bourreau habile. A la question de savoir comment réagit le bourreau politique et en général, pris en flagrant délit, soit il reconnaît totalement ses actes ; soit il avoue partiellement avec plus ou moins de déni ou de déresponsabilisation ; soit il l’admet indirectement. Par ; soit il utilise la négation banalisante. Soit il se lance dans un discours de type "pervers" ou "paranoïde" pour ne pas reconnaître la faute voire pour l’attribuer à autrui.

Mais le despotique parti-état au pouvoir dont Ali Bongo a marqué une disjonction miroitée dans la continuité a su manier cette stratégie du bourreau bienfaiteur. La faiblesse criarde de la jeunesse en pertes des valeurs, en manque de culture politique, de culture d’analyse historique, économique, et sociale qui croupit dans la pauvreté ne lui permet pas souvent de déjouer ces pièges. Durant ce septennat, on a parfois assisté à un spectacle affligeant entre la réalité du quotidien des gabonais et celle de la jeunesse proche du palais du Bord de mer pour qui toute la vie et le quotidien gabonais est en rose.

La société gabonaise s’est améliorée avec Ali Bongo. Le pays a considérablement avancé. L’émergence est visible pour les jeunes proches du pouvoir qui présentent la minorité de la population jeune. Mais l’autre bord, la grande majorité éloignée des facilités politiques ont crié à la souffrance, à l’injustice sociale, à la crise morale, politique et sociale, d’une fracture sociale et de l’ampleur des inégalités. D’où peut-être le nouvel intitulé du programme politique du président sortant « L’égalité des chances », avouant en sourdine d’être coupable d’un énième non-respect d’une disposition de la Constitution : les citoyens gabonais sont tous égaux aux yeux de la loi et de la nation.

Quid des projets cosmétiques perpétués durant un septennat

Vu que M. Léandre E. Bouloubou aime bien tambouriner à chaque sortie médiatique, son background académique, notamment la fierté partagée d’un fils de la nation d’être énarque, promotionnaire d’Aristide Briand, de l’ENA de Paris, avant de poursuivre qu’il nous permette de lui rappeler ces deux pensées Desmond Mpilo Tutu, archevêque anglican sud-africain, ami de Nelson Mandela qui a reçu le prix Nobel de la paix en 1984 : « Une éducation de qualité est la fondation pour des sociétés dynamiques et équitables. »

Donc c’est une richesse indéniable d’avoir des compatriotes bien formés notamment lorsqu’on fait souvent appelle à la main d’œuvre française et européenne pour l’expertise dans plusieurs dossiers de développement. Mais ils doivent être une valeur ajoutée pour la nation et non une matière grise caisse de résonance d’un système politique d’un amateurisme gouvernemental avéré, marqué par une mauvaise gouvernance accrue.

Même si le système politique est-il, faut le reconnaître, semble contraindre quelques lumières à l’auto-aveuglement, à l’auto-assimilation, l’auto-dévalorisation. Le même Desmond Tutu rappelle aussi cette pensée qui est devenue culte : « Demeurer neutre dans des situations d’injustice, c’est choisir le parti de l’oppresseur. Si un éléphant pose son pied sur la queue d’une souris et que vous demeuriez neutre, la souris n’appréciera pas votre neutralité ».

Le président gabonais, sept ans après une gestion douteuse de la chose publique, souligne soudainement depuis sa déclaration de candidature à un second mandat présidentiel, une impérieuse nécessité pour lui et le gouvernement gabonais de mettre un accent particulier sur les politiques qui concernent l’éducation, la formation et l’emploi. Ainsi, l’objectif du programme pour l’égalité des chances est de placer la jeunesse au centre de l’ambitieux projet de "l’émergence du Gabon". De qui se moque-t-on ? De cette jeunesse qui n’arrive pas à se former et à se soigner dans les règles de l’art. De cette jeunesse qui est laissée pour compte dans les prises de décision au sommet de l’Etat durant les sept années entamées.

Ou de cette jeunesse qui n’arrive plus à rêver d’un avenir par le canal de son éducation et de ses formations universitaires et professionnelles. De cette jeunesse qui s’est vue contrainte de faire le choix des drogues, de la vente illicite du cannabis, des braquages et des vols à tout va dans les capitales urbaines gabonaises, comme voie d’existence. Ou encore de cette jeunesse qui n’arrive pas à se former et de trouver un emploi décent. Sans le fameux "long bras" ou le médiocre système de "piston politique" à la gabonaise ? De cette jeunesse qui est manipulée et utilisée, seulement pour des joutes électorales ? Il s’agit de quelle égalité des chances dont parle le président Ali Bongo ? Les sempiternels problèmes ciblés à chaque période électorale sont de nouveau pointés. Or, après cette période électorale présidentielle, la jeunesse ne sera jamais consultée, ses aspirations seront laissées pour compte.

En faveur de la jeunesse le nouveau jeune prophète Bouloubou met à l’actif d’Ali Bongo ces mesurettes et projets cosmétiques dont certains notables comme la CNAMGS, la revalorisation des bourses des étudiants (25% pour les étudiants inscrits au Gabon et 10% pour les étudiants inscrits hors du Gabon) sont du ressort de l’ancien président Omar Bongo. Mais revenant sur ces projets cosmétiques : « décision de réserver un quota de 20% des places aux jeunes aux élections politiques » Qu’en est-il dans les faits ? Combien des jeunes sont promus aux élections politiques dans le compte de son parti. L’ancien président de l’Assemblée nationale, devenu opposant au régime Ali Bongo-PDG, Guy Nzouba Ndama vient de démontrer le contraire. Au siège de la Lolo-Wagna (Ogooué-Lolo), le jeune candidat indépendant de 28 ans, Herman Dibanganga soutenu par son titulaire sortant Guy Nzouba Ndama, et a obtenu 69,64% des suffrages contre 27,26% pour le candidat PDG.

Parlant du « Grand Prix de l’Excellence » médiatique, dont certains jeunes ont manifesté publiquement qu’ils n’étaient pas encore rentrés en possession de leurs dus et de l’incubateur des jeunes entrepreneurs, quels sont les statistiques élogieuses qui montrent que le Gabon est devenu une plaque tournante pour l’entreprenariat en Afrique centrale ? Concernant le « Programme 1 jeune= 1 métier et le « Contrat d’apprentissage jeunesse obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés », le gouvernement gabonais peut-il nous démontrer dans les faits l’efficacité de ces mesures face à l’augmentation grandissante du chômage chez les jeunes dont M. Bouloubou mentionne dans sa dissection tronquée : « un niveau de chômage élevé chez les jeunes de 16 à 25 ans où ce taux atteint 42%. ».

Sans oublier d’indiquer l’échec prononcé et constaté en mai dernier par le jeune prophète Emanuel Léandre Mouloubou, par ailleurs, coordonnateur national du « Programme GRAINE » lui-même lors d’une inspection de terrain. En l’occurrence, dans les provinces de l’Ogooué-Lolo et du Haut-Ogooué en vue de faire l’état des lieux de cette initiative dans ces localités depuis son lancement.

Lors des deux premières étapes de l’Ogooué-Lolo et du Haut-Ogooué, le prophète Mouloubou avait eu la lucidité de constater par lui-même le bilan mitigé. La visite de terrain ayant permis de constater que le projet à Koula-Moutou est pratiquement à l’arrêt. (M. Mitch-calvin Ndemby fait le même constat alarmant pour …) Pour lui, « cette situation est liée au fait que les sous-traitants chargés d’aménager les différents sites ont tous arrêté les travaux, du coup, faute d’espaces aménagés, le planting est renvoyée aux calendes grecques ».

Sans pourtant parler d’un autre échec cuisant sur une importante aspiration de la jeunesse gabonais, au sortir de la remise en fanfare médiatique, le 25 févier 2013, du « Document de la Politique Nationale de la Jeunesse du Gabon (PNJG) », issu du ‘’Forum National de la Jeunesse’’ des 9 et 10 septembre 2011. Outre la mise à disposition d’un siège bien orné du CNJG qui fédère toutes les associations et coopératives de jeunesse, le minutieux diagnostic porté dans le PNJG a été éludé durant toute la mandature présidentielle d’Ali Bongo. Cette structure éminemment apolitique s’est muée à un instrument de propagande et de mise en lumière des projets pommades et d’événements et actions uniquement à des fins festives et médiatiques pour la jeunesse.

Le fameux « Contrat de Partenariat pour une jeunesse responsable » est resté lettre morte. Et pourtant dans son discours circonstanciel, le Chef de l’Etat avait réaffirmé en ce temps que « la jeunesse est au cœur des objectifs du Plan Stratégique du Gabon Emergent. Il martelait qu’au-delà du simple diagnostic, on doit apporter chacun à son niveau, des réponses concrètes aux problèmes identifiés, mais aussi et surtout offrir des opportunités à toute la jeunesse gabonaise », ce discours sonne creux au regard de la situation accablante dans laquelle est plongée la jeunesse au Gabon, l’oubliée aimée en période électorale.

Mauvaise gouvernance : un surendettement inquiétant du Gabon de 2009 à 2016

Comment comprendre que celui qui a eu l’ingénieuse idée de rédiger en 2007 soit, il y a seulement neuf ans, un mémoire de master en administration publique intitulé « La soutenabilité des finances publiques dans les pays africains producteurs de pétrole : le cas du Gabon » puisse être amblyope face au surendettement inquiétant de l’État gabonais sous la gouvernance dite de l’émergence du président Ali Bongo.

En effet, pendant que le Gabon avait réduit son rythme d’endettement privilégiant plutôt remboursement progressif de sa dette, ainsi en 2008, quelques mois avant son décès, le président Omar Bongo a procédé au remboursement d’une grande part de la dette du Gabon en procédant au rachat anticipé de 86% de la dette gabonaises détenues par les créanciers du Club de Paris. Avec ce remboursement anticipé, la dette du Gabon avait retrouvé un niveau équivalent à celui qui était le sien avant la dévaluation du Franc CFA soit 1 181 milliards FCFA.

Or, dans la phase qui couvre la période 2009 – 2016, le Gabon est marqué par un retour au recours massif à l’endettement. La dette publique qui n’était que de 1 368 milliards en 2009 a augmenté de 144% en 7 ans, soit 3 343 milliards de franc CFA, en 2016. Alors que le plafond d’endettement national est fixé à 35% du PIB. Le gabonais, Mays Mouissi, analyste économique, faisait un constat macabre de la situation économique du Gabon. Il ressort de son analyse que du Gabon représente désormais plus de 42% de son PIB. Ce qui a un impact très significatif l’équilibre macro-économique de la nation.

Le niveau actuel de la dette gabonaise n’est pas sans conséquence. Ce qui devrait interpeler plus d’un dès lors qu’elle est se rapproche très rapidement du niveau, devenu historique, de 1999, c’est-à-dire un seuil de 44% du PIB national, Une situation inédite que souligne l’analyste économique. Ce dernier a fait remarquer que le niveau d’endettement actuel se rapproche dangereusement du plus haut taux historique dont les fonctionnaires du ministère du budget gardent encore un triste souvenir.

Toutefois, il faut mettre au crédit du génie politique machiavélique d’Ali Bongo sa présumée réussite à installer une nouvelle oligarchie politique avec ses propres matières grises à son service et non à celui de la République gabonaise, tout comme Omar Bongo l’a fait à son temps. Ces nouveaux hommes du président se sont enrichis en près de sept années, sans pourtant éclairer l’opinion sur leur soudaine opulence financière. N’ayant pas une telle richesse financière avant l’occupation de leurs postes politiques au service de l’Etat.

Au regard de ce qui précède, on peut relever objectivement un fait, la jeunesse, durant le mandat du président sortant, a été gavée d’une volonté politique véritable de l’exécutif. En 7 ans, selon le président gabonais, c’est 4579 milliards de FCFA qui ont été investis dans l’économie gabonaise. C’est 5,7% de croissance et environ 60. 000 emplois créés : 64 000 nouveaux foyers qui ont eu accès à l’électricité et 34 000 nouveaux foyers à l’eau. C’est ce qui ressort des informations de la présidence. Mais, c’est également 3.762 logements sociaux construits en sept ans au lieu de 5.000 logements/an promis, soit 35 000 au total. Paradoxe ou loterie émergente, 872 des 3. 762 logements distribués par tirage au sort, dont l’une des premières bénéficiaires est la sœur d’Ali Bongo.

Pour la jeunesse gabonaise lucide, le bilan émergent est entaché par « le tas de sable de la honte » de la Marina. ; de l’échec du projet du Champ triomphal ; de moult projets de divertissement et médiatiques onéreux sans fondement prioritaire pour l’avenir de la jeunesse ; du New York Forum Africa dont les retombées économiques manquent toujours à l’appel par rapport au colossal investissement ; des carnavals brésiliens ; des courses nautique ; de la finale de coupe de France, des motos show, d’une corruption aggravée, un enrichissement illicite des pros-émergents Ali Bongo.

Selon un rapport de Transparency international publié en décembre 2014 portant sur la corruption et la bonne gouvernance dans le monde, de 2011 à 2014 ce serait la somme colossale de 700 milliards de FCA qui ont été détournés par l’État gabonais sous le magistère d’Ali Bongo Ondimba. Et sans oublier des nombreux et colossaux voyages présidentiels…

Le président gabonais sortant s’est attaché les services des jeunes talentueux, bien formés dans des universités et écoles de références qu’il a tous promus a quelques postes juteux, énumérés par le jeune prophète Mouloubou. Mais qui ont étonnamment la même marque de fabrique, celle de se transformer en louangeurs, en troubadours, chansonniers invertébrés des discours sur l’émergence porté par le messie installé au sommet de l’état en 2009.

Il aura réussi de diriger un pays républicain dit de droit en trainant sept ans durant, un soupçon grave de parjure : sa présumée violation de l’article 10 de la Constitution gabonaise. N’ayant pas pu prouver légalement l’authenticité de son acte de naissance. Et donc, se mettant de lui-même hors la loi, en refusant de respecter une autre disposition de la Constitution gabonaise, qui exige de constituer de la haute cour de justice. Et donc s’exposant à une condamnation incontestable et à une disqualification pour la prochaine présidentielle de 2016.

In fine, au terme de cette prise de parole suscitée par la prophétie d’un jeune haut cadre du Gabon, un constat s’impose : à en croire que tous les jeunes aussi brillants qu’eux ceux qui ont fait allégeance au régime en place, mais qui sont très critiques et opposés envers la gouvernance politique d’Ali Bongo, n’ont pas eu le droit de citer au Gabon durant ses sept dernières années. L’égalité des chances ne les concernent aucunement. Le droit à la liberté d’opinion et de pensée n’est pas l’apanage du régime du président gabonais.

Le chantre de l’émergence made in Gabon-maquette est rattrapé par un mandat présidentiel chaotique et qui laisse à désirer et nous impose à tourner la page. Surtout pur tous ceux qui comme beaucoup d’entre nous l’avaient accordés le bénéfice du doute. Pour la jeunesse habitée par les aspirations d’une alternance politique au sommet de l’état, le choix de l’abandon, de l’opportunisme matériel, du clientélisme politique, d’impuissance, de l’exil n’est pas une solution idoine.

La Résistance s’impose à Nous tous. Il faut que nous œuvrions chacun à sa manière, chacun à son niveau et dans son couloir respectif à lutter avec ses moyens pour que ce vœu du Peuple Gabonais soit transformé en 2016, en réalité. Une réactualisation s’impose, celle de la mémoire du vaillant Grégory Ngwa Mintsa, le Pagré National qui obtint en 2010 et 2011, le Prix de l’intégrité couronnant son combat pour la liberté du peuple gabonais est reconnu et salué sur la scène internationale, lorsqu’il affirmait : « L’indignation et la Résistance sont des armes pacifiques à utiliser face à l’oppresseur ». L’espoir est de mise car la jeunesse gabonaise prendra son destin en main peu importe le temps que ça prendra, mais l’heure du devoir patriotique a sonné !

Sans vouloir plonger dans une analyse hâtive du fait politique en rapport avec le peuple souverain, gabonais, l’on pourrait, sinon oser, dire que le divorce entre les Gabonais et la classe politique émergente est désormais consommée. Pour paraphraser Alain Caillé, « Jamais on n’a eu autant le sentiment que le discours politique professionnel tourne à vide, incapable d’analyser le présent et de montrer l’avenir » (Éléments d’une politique convivialiste).

Ainsi dit, ainsi analysé, cette réponse à l’œuvre du disciple émergent, Léandre Bouloubou, méritait une suite à la hauteur de l’esprit éveillé des Gabonais à vide du changement des pouvoirs politiques. Et entre autre, lancer un vibrant appel aux candidats de l’opposition à répondre à la question suivante, qui est celle du peuple gabonais : Il n’y a-t-il un projet politique alternatif cohérent capable de mettre fin aux imposteurs émergents ?

Éveille-toi Gabon - Collectif de l’élite gabonaise et citoyenne de France et d’Europe regroupant les associations estudiantines qui aspirent à une alternance démocratique gabonaise au sommet de l’Etat ! Cette structure fera une sortie publique dans les jours qui suivent en vue de s’exprimer autour de la candidature du consensus pour la présidentielle du 27 août prochain.

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