Jean-Rémy Yama mis hors-jeu : « Les ténèbres ont gagné une bataille, pas la guerre »

Alors qu’il s’attendait à ce que la cour constitutionnelle de transition donne raison à son recours après le rejet le 9 mars de sa candidature par la commission électorale, Jean Remy Yama voit rouge depuis hier après-midi. Le leader du Parti national pour le travail et le progrès (PNTP) dont la candidature a été invalidée vendredi par les 9 juges, a dénoncé une décision injustifiée et accuse clairement les autorités de la transition.

L’élimination de l’un des prétendants sérieux à la course à la présidentielle gabonaise d’avril a provoqué hier une onde de choc dans l’opinion. Et pas que. La Cour constitutionnelle de transition a invalidé la candidature de Jean-Rémy Yama pour un dossier jugé incomplet, malgré l’apport d’un acte de naissance de l’un de ses parents, pièce initialement manquante. Un argument que l’opposant rejette fermement, rappelant que la commission électorale avait validé son dossier le 8 mars dernier.
Une cour aux ordres ?
Face à cette décision, Yama n’a pas mâché ses mots hier peu après 17h au cours d’un point de presse. Dans une déclaration empreinte d’émotion et de colère, il dénonce un « acte odieux » orchestré, selon lui, par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI). "La Cour a obéi aux ordres du CTRI, bafouant la volonté du peuple gabonais et piétinant les règles élémentaires de la justice," a-t-il martelé.
La déclaration d’hier du candidat éliminé
S’estimant victime d’une manœuvre politique visant à l’écarter de la course, Yama s’est directement adressé au président de la Transition. "Monsieur le Président de la Transition, vous qui êtes garant de la restauration des institutions, pourquoi avez-vous peur de moi ? Dites aux Gabonais ce que vous voyez en moi et qui vous fait si peur. Est-ce l’honnêteté, la probité, l’intégrité et l’éthique que j’incarne qui vous inquiètent ?"
Poursuivant son interpellation, il a mis en lumière l’ampleur des soutiens dont bénéficie le président de la Transition. "Avec 1 200 associations, 104 partis politiques, les trois quarts de la société civile et des activistes, près de 1 000 prophètes de Baal, 400 000 agents de forces de sécurité et de défense qui vous ont rejoints et soutiennent votre candidature, de quoi avez-vous peur ?", a-t-il lancé avec ironie.
Des piques frontales
Loin de se contenter d’une simple dénonciation, le syndicaliste a également adressé un message fort à ses partisans. "Les ténèbres ont gagné une bataille, mais pas la guerre," a-t-il affirmé. Un appel à la mobilisation qu’il veut massif et durable pour contrer ce qu’il qualifie de "mascarade électorale".
Le candidat recalé a également souligné la frustration de ses nombreux soutiens, au Gabon comme à l’étranger, qui voyaient en lui une figure de rupture avec les pratiques politiques passées. "C’est votre déception, c’est la mienne. Mais nous ne renoncerons pas au combat pour la vérité et la justice," a-t-il assuré.
Fidèle à son franc-parler, Yama n’a pas hésité à qualifier la transition d’"ère de mascarade institutionnelle". Il fustige la reconduction, selon lui, de vieilles méthodes d’exclusion politique sous un nouveau visage. "Le CTRI s’impose aujourd’hui comme le bâtisseur des digues et des barrages qui empêchent le peuple gabonais de vivre pleinement sa citoyenneté," a-t-il dénoncé.
Ce rejet de candidature et la vive réaction du leader syndical risquent de peser lourd sur la suite de la campagne présidentielle et d’exacerber la méfiance d’une partie de l’opinion vis-à-vis du processus électoral en cours.
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