« 0 travail = 0 dignité = 0 félicité », la bataille contre le chômage au Gabon

Depuis plusieurs années, la crise de l’emploi mine le Gabon. Pour l’année 2025, le pouvoir en place souhaite ainsi créer 160 000 emplois de plus. Point sur la situation.

160 000 milles emplois en un an. Un projet ambitieux et des plus actuels. De fait, l’année dernière, le taux de chômage du Gabon serait passé de 22 % à 18 % de 2023 à 2024, selon la Direction générale de l’économie et de la politique fiscale (DGEPF). Si cette avancée reste prometteuse, ce mois de mars illustre une difficulté de fond rencontrée par le pays. À Libreville, du mardi 11 au vendredi 14 mars 2025, les assises nationales de l’emploi s’articulaient autour du thème « Vers des stratégies inclusives et durables pour la création d’emplois décents ». Le but, réfléchir aux stratégies pour résorber le chômage.
Constat choc lors de l’évènement, les statistiques étudiées du Gabon datent en réalité de 2010 selon les économistes. Ainsi, si les projections pour 2025 sont annoncées à 21 %, la réalité du terrain atteindrait à minima les 35 % de chômage, en particulier chez la jeunesse.
Suite aux concertations des assises, des recommandations voient le jour, grâce aux 200 acteurs et experts réunis : une meilleure adéquation formation-emploi avec une réforme éventuelle de l’enseignement technique, le développement de l’entreprenariat, des partenariats public-privé, une réforme des services publics traitant de l’emploi et une orientation poussée vers les métiers du numérique, secteur d’avenir. Par ailleurs, de nouvelles structures pourraient ainsi voir le jour, comme des centres de formation professionnelles spécialisées, adaptées au marché réel ou encore un observatoire national des métiers d’ici 2026.
Au fil des années, l’enlisement de la situation
Le défi n’a rien de nouveau. Depuis les années 90, le taux de chômage moyen stagne autour de 19 %. En 2012, le plan stratégique Gabon Émergent n’atteint qu’un 1/10 de son objectif.
La difficulté nationale à résorber le chômage sur le long terme s’appuie ainsi sur différentes composantes.
Tout d’abord, l’emploi dit « formel » est en déficit de 250 000 postes d’après la Banque mondiale. En répercussion, le phénomène provoque l’explosion du secteur informel depuis plusieurs années.
L’inquiétante inéquation entre les formations diplômantes dispensées et les besoins du marché du travail est également à prendre en compte. « Que fait-on maintenant ? A-t-on tout essayé face à cette grave injustice sociale et économique ? Peut-on durablement continuer à proposer à nos jeunes, qu’ils soient en situation de précarité ou diplômés, le chômage comme seule perspective ? […] » Alertait le Premier ministre Raymond Ndong Sima, clôturant les assises.
Enfin, la troisième grande difficulté à palier reste l’important gap entre la croissance économique nationale, tirée par les secteurs miniers et pétroliers, et le faible nombre de postes disponibles dans ces domaines pourtant porteurs.
Le chômage au Gabon, miroir d’un défi africain
Aux assises, un participant résumait ainsi le ras-le-bol populaire : « Notre jeunesse ne veut plus de l’économie de rente. Elle exige des emplois dans la création de valeur réelle [...] ». Bien plus que national, en 2025, le problème de l’emploi s’inscrit dans une dynamique continentale. De fait, 60% des chômeurs auraient moins de 25 ans, selon l’Organisation internationale du travail. Le cas gabonais est similaire à celui de la totalité du nord du continent, où le chômage de la jeunesse atteint les 25 %. Dans certains pays, comme le Botswana, le Sénégal ou encore la République du Congo, le chiffre est d’autant plus haut.
D’après un rapport de la Brookings Institution, le travail disponible pour les jeunes africains reste mal rémunéré et « […] ne leur permet pas de perfectionner leurs compétences, ni de jouir d’une certaine sécurité de l’emploi ».
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