Alternance politique

L’union de l’opposition : le Mouvement Civique du Gabon plaide pour une élection démocratique

L’union de l’opposition : le Mouvement Civique du Gabon plaide pour une élection démocratique
L’union de l’opposition : le Mouvement Civique du Gabon plaide pour une élection démocratique © 2015 D.R./Info241

Mengue M’Eyaà présidente du conseil exécutif du Mouvement Civique du Gabon (MCG) et présidente du Mouvement Civique des Femmes, énonce les exigences pour une élection présidentielle démocratique au Gabon. En lançant un appel au rassemblement et à la synergie des stratégies contre le pouvoir en place depuis 1967, elle scrute la situation politique de crise qui gangrène l’opposition, à chaque échéance électorale en pointant le rôle machiavélique de François Hollande.

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Le constat de l’inaction et l’incohérence des méthodes de l’opposition sont plus que plausibles. Selon Mengue M’Eyaà, « les disparitions successives, voire précipitées, des leaders de l’élection présidentielle de 2009, ont, dans un premier temps, déstabilisé l’opposition, pourtant largement majoritaire dans l’opinion gabonaise. L’opposition s’est reconfigurée, avec désormais de nombreux transfuges du parti-Etat, désormais obligés de quitter les sphères du pouvoir illégitime qu’ils ont contribué à construire. Ils sont à la fois aguerris aux violences politiques de toute sorte imposées par le régime depuis plus de 45 ans. »

La configuration de l’opposition politiques actuelle constitue une force, mais aussi une faiblesse, car souligne la figure de proue du Muvement Civique du Gabon, parlant des acteurs actuels qui sont pour elle, « aussi parfois dépourvus d’une histoire politique de l’opposition faite de compromis avec les autres forces luttant pour la démocratie dans un contexte hostile. Ces nouveaux arrivants dans l’opposition tentent d’imposer un tempo, et, des méthodes qui malheureusement sont justement celles dont les Gabonais ne veulent plus ».

Les divisions occurrentes sont l’apanage de l’opposition à chaque élection présidentielle depuis les premières élections dites libres, en 1993. Par ailleurs, souligne Mengue M’Eyaà, « la multiplication des oukazes, et, d’une culture martiale au sein de l’opposition créent un climat d’intolérance, sur fond d’ambition électorale. La compétition entre prétendants est légitime. Toutefois, les attaques contre l’actuel président de l’Union nationale sont indignes. De même, sur un autre registre la résurgence du thème tribaliste est tout aussi dangereuse pour tenter de disqualifier Jean Ping. »

Or, martèle l’ancienne journaliste d’Africa N°1, « toutes ces guerres ’’picrocholines’ à ’l’intérieur de l’opposition semblent oublier que le régime est là. Il est certes affaibli, par ses défections, mais l’on sait aussi que le clan Bongo – Accrombessi n’a pas besoin de soutiens auprès des Gabonais. Il se suffit à lui-seul à travers une poignée d’hommes et de femmes liges. On le voit bien à travers le quasi départ d’une majorité de parlementaires qui ne soutiennent plus Bongo.Au lieu de tenter le dialogue, le régime se réfugie dans l’appareil de répression étatique et déploie chaque jour une forme d’autoritarisme, le dernier en date étant l’arrestation arbitraire et l’emprisonnement d’un homme engagé auprès du groupe ’’Héritage et Modernité" ».

L’enjeu de la coopération politique française s’articule uniquement autour des intérêts économiques. Avec en ligne de mire, l’exploitation des minerais, du pétrole et de toutes les ressources du sous-sol africain. Tel est e credo de la France depuis Charles De Gaulle. D’ailleurs, souligne le Mouvement Civique du Gabon, « Les volte-faces du Président Hollande apparaissent comme un blanc-seing donné aux dictateurs africains, comme Bongo, qui n’en espéraient pas tant. On l’a vu récemment au Congo avec le référendum de Sassou Nguesso finalement dénoncé par la France, après que le monde entier l’ait désavoué. Mais, il a fallu un délai très important pour que le PS, à son tour, après le Parti communiste français et EELV, ne dénonce la mascarade. »

Tout en s’inquiétant en ces termes, « comme on l’a remarqué ces derniers mois, les visites successives des uns et des autres à Libreville ont montré une certaine complicité de décideurs européens– à quel prix ? - avec le régime, une proximité qui tend à démontrer que le régime ne compte pas, comme d’habitude, confier son destin à la démocratie. Il entend continuer à jouer de la corruption internationale pour amener différentes personnalités à « voter » pour lui à la place des électeurs gabonais, privés de ce droit. »

Avant de s’indigner : «  jouant sur l’ignorance des réalités africaine et gabonaise de la part des occidentaux, mais aussi sur les intérêts personnels et collectifs de responsables occidentaux , le pouvoir gabonais ne cesse d’acheter le silence, de ceux qui devraient s’indigner de ses agissements. La France ne pourrait lâcher le clan Bongo que si l’opposition maintient une pression constante sur les principes démocratiques.Celle-ci est actuellement en danger de morcellement, d’intérêts croisés différents et contradictoires, or, dans ce jeu, le rouleau compresseur de la tricherie d’Etat pourrait en jouer et en profiter. »

Retrouvez dans les lignes qui suivent, les exigences du Mouvement Civique du Gabon, pour une élection démocratique au Gabon. Elles sont en résonance directe avec celles du Front uni de l’opposition posées aux délégués de l’Organisation intrenationale de la Francophonie.

A ce jour, le régime n’en respecte aucune :
- 1°) Les élections présidentielles, anticipées ou non, doivent se dérouler sous le contrôle des Nations Unies, de l’Organisation de la Francophonie, de l’Union européenne, et de la France.

- 2°) Un recensement fiable de la population électorale doit être organisé. Il s’agit d’éviter le gonflement des électeurs du Haut-Ogooué par rapport aux autres provinces pourtant davantage peuplées… mais avec moins d’électeurs. C’est à partir des services d’état-civil que s’organise la fraude. Pour une population de 800 000 électeurs au maximum, dans 9 provinces, la fiabilisation est tout à fait envisageable dans des délais rapides.

- 3°) il faut circonscrire les milices armées, proches de Bongo, qu’elles soient empêchées de réprimer la population.

- 4°) La commission nationale électorale doit avoir en son sein des experts internationaux incontestables désignés par les grandes puissances démocratiques afin que ne se reproduisent pas les fraudes massives de 2009 (L’envoyé de Nicolas Sarkozy a exercé des menaces directes sur la commission en 2009).

- 5°) La loi électorale doit être changée en faveur d’un second tour à l‘élection présidentielle, et qu’aucune condition de résidence préalable ne soit opposée aux candidats à l’élection présidentielle dès lors que les candidats sont de nationalité gabonaise.

En effet, il y a qu’un seul tour aux élections au Gabon, d’où l’incitation par le régime d’une multitude de candidatures. Comme il n’y a pas de second tour, le jeu démocratique, déjà entravé, est donc faussé.

- 6°) La France doit veiller à ce que ses ressortissants ne soient pas mis en danger par des proches du régime, tous les actes qui déclencheraient ainsi l’implication militaire de la France concourant à la sauvegarde du régime .

- 7°) Compte tenu des blocages internes, de l’impossibilité pour Ali Bongo de dialoguer sans exercer de menaces, il serait préférable que la France, et ses autres partenaires, organisent, comme en 1993, de nouveaux « accords de Paris », permettant une sortie de crise sur la base d’un programme de travail démocratique.
ll faut en effet noter que toutes les médiations récentes des Nations Unies, intervenues après les arrestations sommaires d’une centaine de personnes pacifiques, ont été rejetées par le régime.

- 8°) La parité à tous les niveaux des élections politiques doit être instaurée. Les femmes sont constitutives de la nation gabonaise et contribuent pour moitié à sa construction. Elles sont plus nombreuses que les hommes. Elles sont impliquées dans la vie économique, dans le tissu économique informel, qui pallie la défaillance de l’État.

Elles participent de même à la tentative d’instauration d’un nouvel ordre démocratique alternatif. Il est donc logique que les femmes puissent accéder aux responsabilités de même niveau que les hommes à toutes les strates de la vie politique, mais aussi, sociale, économique, environnementale, et qu’elles ne soient plus assignées aux problématiques de la « mère et des enfants » ou de la « vie domestique ». Il s’agit d’une exigence de progrès pour le Gabon.

Le conseil exécutif du Mouvement Civique du Gabon appelle donc les représentants du changement au Gabon, ceux et celles qui veulent la chute du clan Bongo en place depuis 1967, à travailler ensemble, dans le rassemblement, et à rechercher les convergences de stratégies dans le dessein de faire enfin connaître au peuple gabonais une prospérité régie par des institutions démocratiques.

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