Présidentielle 2025 : A Port-Gentil, Bilie-By-Nze veut reconstruire… ce qu’il a contribué à démolir

En campagne à Port-Gentil, Alain Claude Bilie-By-Nze a tenté ce lundi 7 avril de se poser en rénovateur d’une ville qu’il juge aujourd’hui sinistrée. Lors d’une conférence de presse dans un hôtel de la capitale économique, le candidat indépendant a dressé un tableau alarmant de l’état de la cité : inondations chroniques, chômage endémique, infrastructures vétustes et système de santé à bout de souffle. Une situation qu’il juge « inacceptable » et qu’il promet de transformer à coups de chantiers structurants et de partenariats stratégiques.

Mais l’indignation du candidat ne manque pas de sel, lorsqu’on se souvient que Bilie-By-Nze est l’ancien Premier ministre du régime d’Ali Bongo Ondimba, renversé par l’armée le 30 août dernier. Jusqu’à la veille du coup de force, il était encore l’un des piliers du système qu’il dénonce aujourd’hui. À ce titre, il reste comptable de la situation de Port-Gentil, cette ville qui a nourri le pays par le pétrole, mais que l’État a méthodiquement laissé s’enfoncer.
De nouvelles promesses
Face à une population désabusée, Bilie-By-Nze promet une « rénovation urbaine totale ». Il parle de digues, d’extension de la ville vers la terre ferme, de constructions sur pilotis et d’un plan d’aménagement destiné à réduire la précarité, booster l’emploi et limiter la délinquance. Il entend s’attaquer à la racine des inondations, mais aussi à ce qu’il appelle « l’illusion d’une ville pétrolière » où la richesse se résume aujourd’hui à quelques souvenirs.
Une vue de cette conférence de presse
Autre cheval de bataille : le système de santé. Le candidat a pointé du doigt la quasi-paralysie de la CNAMGS à Port-Gentil, où une seule pharmacie accepte encore la carte d’assurance, traitant à peine 70 patients par jour. « C’est un scandale ! » a-t-il lancé, visiblement plus à l’aise dans la dénonciation que dans l’autocritique. Pourtant, cette défaillance sociale ne date pas d’hier, et s’est aggravée sous les gouvernements dont il faisait partie.
La rupture en toile de fond
Pour redresser la ville, Bilie-By-Nze promet une relance agricole avec routes modernes, engins lourds et bassins versants pour gérer les eaux pluviales. Il veut aussi impliquer les compagnies pétrolières dans l’emploi des jeunes, appelant à une redistribution des richesses en faveur de la population. Mais là encore, difficile de ne pas y voir une contradiction : pourquoi ces entreprises n’ont-elles jamais été mises à contribution lorsqu’il avait le pouvoir d’agir ?
Se réclamant désormais d’un projet de « rupture », il propose de refonder la Constitution, de dissoudre certaines institutions, et d’en finir avec le « système perpétué sous couvert de changement ». Un discours audacieux, voire culotté, de la part de celui qui en a été l’un des visages les plus visibles. Le message est clair : il veut incarner la nouvelle page, tout en effaçant son propre chapitre.
Bilie-By-Nze joue gros. À Port-Gentil, il tente de rebâtir sa crédibilité sur les ruines d’une ville abandonnée — une ville dont la lente agonie s’est déroulée sous sa propre gouvernance. Reste à savoir si les électeurs lui accorderont la grâce d’une seconde chance, ou s’ils verront en lui l’architecte d’un passé qu’il tente aujourd’hui de maquiller en projet d’avenir.
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