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Libertés publiques

Présidentielle 2016 : le virage « tout répressif » des autorités judiciaires gabonaises

Présidentielle 2016 : le virage « tout répressif » des autorités judiciaires gabonaises
Présidentielle 2016 : le virage « tout répressif » des autorités judiciaires gabonaises © 2016 D.R./Info241

L’instrumentalisation du pouvoir judiciaire, l’utilisation abusive des forces de l’ordre et de l’armée sont légion au Gabon depuis 1967. Depuis le dépôt de candidature d’Ali Bongo, la tension politique et sociale est au paroxysme à moins d’un mois de l’élection présidentielle du 27 août prochain. On enregistre à ce jour, plusieurs arrestations arbitraires, des emprisonnements, et des poursuites judiciaires, des membres de la société civile, des fils et soutiens des leaders de l’opposition gabonaise. Quid d’une justice à deux vitesses !

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Nous faisions déjà mention dans une précédente parution des interrogations et les inquiétudes de la population gabonaise sur l’opportunisme du déclenchement par les autorités politiques de mèche avec la Défense nationale de l’opération dite « Nguene ». Cette dernière a décrété, depuis le dépôt de la candidature contestée d’Ali Bongo, un état d’urgence maximal justifié par une présumée menace terroriste et une tendancieuse infiltration dans la population des pseudos terroristes affables made in Gabon.

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On a pu observer durant la manifestation pacifique et citoyenne de la société civile libre anti-Ali Bongo, une énième privation des libertés publiques gabonaises fomentée par le plais du Bord de mer qui a été empêchée par les forces de l’ordre. Avec des heurts et des arrestations de plusieurs membres du mouvement, "La voix du Mapane" et de Jean Rémy Yama, figure éponyme du syndicalisme universitaire gabonais.

Sur les réseaux sociaux la société civile libre gabonaise a dénoncé la cinquantaine d’interpellations et leur incarcération. En l’occurrence, celles de Jean Rémy Yama, secrétaire général du Syndicat national des enseignants et chercheurs (Snec) et coordonnateur des « Témoins actifs », de Roger Ondo Abessolo, secrétaire général du Syndicat national des transporteurs (Synatrass).

Mais aussi, l’emprisonnement des jeunes activistes Jeff Blampain du Mouvement des jeunes de l’UPG (MJU) de Melvin Gondjout, fils de du député démissionnaire du PDG, figure éminente du mouvement Héritage et Modernité, Vincent Gondjout, neveu du Médiateur de la République Laure Olga Gondjout et du secrétaire exécutif adjoint de l’Union nationale, Paul-Marie Gondjout. Ces pratiques d’intimidations visant à faire taire toute velléité révolutionnaire du peuple gabonais montre amplement le visage dictatorial du pouvoir gabonais.

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Chasses aux sorcières des mouvements contestataires et des proches de l’opposition

Dans une déclaration qui passe en boucle avec un matraquage médiatique ce samedi sur les antennes de Gabon 24, nouvelle chaîne publique qui avait l’ambition de voir le Gabon autrement muée en caisse de résonance, pale copie de Gabon Télévision, le procureur de la République gabonaise, Steeve Ndong Essame Ndong a mis en demeure l’apporteur d’affaires gabonais en brandissant le lancement d’un mandat d’arrêt à l’encontre de Franck Ping, fils de Jean Ping candidat à la présidentielle d’août prochain.

Partant d’une enquête préliminaire confiée à la police judicaire par le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville, Franck Ping et le directeur général adjoint de Sinohydro sont menacés d’encourir des peines de prison si la véracité des faits de corruption envers l’Etat gabonais était démontrée. C’est, en filigrane, la teneur de la déclaration du procureur de la République dimanche, à l’occasion d’un point de presse, s’appuyant les articles 145 et 146 du code pénal. Drôle de timing dicté par le contexte politique électoral ! Serai-t-on en passe de légitimer une justice éminemment aux ordres en terre gabonaise ?

Cette énième sulfureuse affaire révélée par Mediapart sur la gestion du Gabon sous Omar Bongo, après avoir révélé le 12 mars 2015, l’existence en sourdine de la holding familiale des Bongo, Delta Synergie. Mais aussi, sur l’homme aux multiples passeports, Seydou Kane et Maixent Accrombessi, tous les deux inquiétés par la justice française dans l’affaire Marck, société française spécialisée dans la vente d’uniformes militaires et de matérielles anti-émeutes. Sans que la justice gabonaise en quête d’équité et d’éthique contre la corruption au Gabon ne s’en saisisse.

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Seydou Kane, proche du directeur de cabinet d’Ali Bongo Maixent est aussi impliqué dans une affaire de blanchiment d’argent à Paris. L’affairiste proche du président gabonais Ali Bongo et de son directeur de cabinet Maixent Acccrombessi, est épinglé dans ce scandale fiscal du siècle dénommé #PanamaPapers. Sans que la justice gabonaise ne déclenche une enquête. Justice à deux vitesses quand tu nous tiens. Jusqu’à nos jours, aucune procédure judiciaire n’a été diligentée par le parquet concernant la nébuleuse holding familiale de Delta Synergie qui siphonne tous les pans de l’économie gabonaise.

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En effet, selon le journal français Mediapart, Pascaline Mferri Bongo (sœur aînée d’Ali Bongo, président gabonais) et Franck Ping auraient empoché des colossales commissions de marchés publics obtenus au Gabon par l’entreprise chinoise Sinohydro. Une énième exploration des ramifications exceptionnelles de la holding familiale des Bongo sur les grands chantiers de l’Etat Gabonais. D’où nous sommes à même à s’interroger sur le mandat d’arrêt qu’encourt Mme Pascaline Mferri Bongo Ondimba qui était elle directrice du cabinet en poste au moment du déroulement des faits impliqués dans le dossier. Pourquoi une mise en demeure sur le fils Ping et un silence complice sur le rôle de Pascaline Bongo citée également dans l’affaire ?

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Interrogé par Info241, un avocat proche du dossier qui s’indigne de la tournure des coups bas politiques et de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques au Gabon, nous a expliqué que « pour la société Sinohydro, Franck Ping intervenant pour le compte de sa société privée de consulting, il les a aidé à exécuter le marché. Notamment en travaillant d’arrache pieds tout le back-office. En ce qui concerne les contrats de travail, la formalisation de l’offre, le timing pour peaufiner l’offre de la société chinoise. »

En un mot, poursuit l’avocat qui a requis l’anonymat « M. Franck Ping a uniquement facilité la société chinoise Sinohydro la planification administrative pour que le projet se réalise dans un délai. » Et donc a-t-il martelé, « Il n’y a aucun délit dans la pratique du travail effectué par un apporteur d’affaires qui a mis son expertise au service d’une entreprise privée avec un contrat clair. Il est payé par ce contrat et reçoit des honoraires sur la base de ce contrat. Et il n’a jamais été payé par l’Etat gabonais, sachant qu’il n’est ni fonctionnaire de l’Etat, ni un agent public ».

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A côté de cette instrumentalisation de la justice et des masses médias, par la propagande et la désinformation effectuée par Gabon Télévision et Gabon 24, visiblement contre Jean Ping, challenger d’Ali Bongo, on dénombre aussi les poursuites de la police judiciaire à l’encontre des leaders de la voix du mapane, notamment de l’artiste engagé Bungue Pinze. Ne pouvant pas l’atteindre, selon Marc Ona, figure de proue de la société civile gabonais, « les agents de la PJ ont arrêté sans mandat d’arrêt, les petits frères de l’activiste gabonais dont l’artiste hip-hop Kassa David Dimitri (Lordelkass) et Mirime Parc. » Tout en précisant que « les maîtres Eric Moutet et Marie Dose, tous deux avocats au barreau de Paris viendront se constituer pour défendre tous les jeunes et syndicalistes arrêtés arbitrairement. Et que le correspondant d’Interpol sera saisi également. »

Par ailleurs, il est a déploré, le déchaînement répressif de la police judiciaire contre l’animateur Enrique Mamboundou du mouvement citoyen révolutionnaire « Bracata ». Qui selon l’activiste gabonais aurait été pris en parti et pourchassé dans les environs de 22 heures au quartier Sotega, dans le 2ème arrondissement de Libreville par les agents de la police judiciaire. Ces derniers auraient reçu pour ordre de tirer sur les activistes gabonais opposés à la réélection d’Ali Bongo.

Et plus récemment de l’arrestation par la police judiciaire de M. Gaël Koumba Ayoune, le truculent humanitaire général du mapane, président fondateur du Rassemblement des jeunes patriotes Gabonais (RJPG). Plusieurs journalistes et hommes de médias proches de l’opposition affirment également qu’ils sont sur une liste d’exécution mortifère. Leurs vies seraient en danger de mort, car plusieurs brigands auraient été mis en liberté pour se payer leurs têtes.

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Nous le ressassons moult fois depuis plusieurs mois, en faisant notre travail de lanceur d’alertes, que ce n’est pas en utilisant les forces de l’ordre, et de l’armée commis pour protéger les citoyens gabonais et le territoire national, ni par l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques que les tensions vont se calmer. Quand bien même, l’appel du Médiateur de la République, Laure Olga Gondjout, après un diagnostic fit état d’une crise généralisée déboutée par Ali Bongo et son gouvernement par un déni de la réalité.

Et aucunement, par la militarisation du pays visant à intimider la population, à museler la presse gabonaise, à bâillonner la société civile et les hommes et femmes politiques de l’opposition qui semblent engagés à réaliser leur désir d’alternance démocratique au Gabon. En tournant la page de 50 ans d’un régime sans fin qui règne d’une manière autocratique et dynastique au Gabon depuis 1968.

@info241.com
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